Les états et la construction de l'union africaine: le cas de la Libye et du Sénégal( Télécharger le fichier original )par Romaric TIOGO Université de Dschang - Master II 0000 |
SOMMAIREPREMIERE PARTIE: LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS DETERMINANTS DANS LE PROCESSUS DE CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE 3 CHAPITRE I: LA LIBYE, TETE DE PROUE DANS LA CONSTRUCTION DE L'UNION AFRICAINE 3 SECTION I: L'INITIATEUR DU PROJET D'UNION 29 SECTION II- LA MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES ET DIPLOMATIQUES 45 CHAPITRE II: LE SENEGAL, DEFENSEUR ACHARNE DE L'UNION AFRICAINE 3 SECTION I- L'OFFRE DES ACTIONS SUPRANATIONALES 61 SECTION II- LA CONSTRUCTION DISCURSIVE, SYMBOLIQUE ET PRATIQUE DE L'UA 76 SECONDE PARTIE: LA LIBYE ET LE SENEGAL: DEUX ACTEURS AUX ACTIONS MOTIVEES PAR DE MULTIPLES ENJEUX MAIS SOUVENT ENTRAVEES PAR DIVERSES CONTRAINTES 3 CHAPITRE III: LES ENJEUX DU SENEGAL ET DE LA LIBYE 98 SECTION I- LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES ETATS 99 SECTION II - LA CONSTRUCTION DES IDENTITES ET DES INTERETS DES PORTE-PAROLES 114 CHAPITRE IV: LES CONTRAINTES ENTRAVANT LES ACTIONS DE LA LIBYE ET DU SENEGAL 131 SECTION I : LES CONTRAINTES INHERENTES AUX DEUX ETATS 132 SECTION II: LES CONTRAINTES EXTERIEURES AU DEUX ETATS 146 INTRODUCTION GENERALEAu lendemain de la seconde guerre mondiale, les Etats avaient pris conscience qu'il convenait de dépasser la formule des Etats-nations et créer les conditions d'une intégration régionale minimale afin d'éviter le retour de la guerre. Peu à peu, les vertus de cette intégration ont recouvert d'autres aspects de la vie internationale. Très vite, on a compris que les besoins sociaux de l'humanité ne pouvaient plus être satisfaits par le seul jeu de la grammaire souverainiste1(*). On a également saisi que les performances économiques dans un système qui se mondialisait passaient par des dimensions plus larges que celles imposées par les frontières stato-nationales. C'est très exactement dans cette dynamique de la société internationale que s'inscrit la naissance, puis la construction en cours de l'Union Africaine (UA). En effet, l'UA est une organisation régionale africaine à compétence générale qui repose sur un certain nombre de principes et d'objectifs2(*). Par principes, il faut entendre les règles générales qui guident le comportement des Etats parties et par objectifs les buts et les valeurs communément recherchés et défendus par ces acteurs. Par ailleurs, aucune institution ne pouvant exister d'elle-même, les organisations internationales apparaissent avant tout comme une conjonction des rapports entre les acteurs internationaux. Ces rapports peuvent revêtir un caractère particulier, voire conflictuel. Dans son ouvrage Les organisations internationales, Marie-Claude SMOUTS écrit qu'une institution n'est pas « immanente ou naturelle ». « C'est le fruit d'une construction sociale ». « Elle résulte de compromis entre acteurs rivaux au terme d'évolutions souvent très conflictuelles »3(*). L'UA actuellement en construction n'échappe point à cette observation. Résultat d'un accouchement douloureux, elle se structure lentement mais progressivement. Comme l'avait d'ailleurs prévenu le colonel Mouammar KADHAFI à Lomé (Togo), la construction d'« un Etat africain plus fort et plus uni qui n'aura de frontière qu'avec les autres continents n'est pas facile mais on y arrivera, car dans toute opération chirurgicale, il y a du sang ; mais ce sang finit par sécher »4(*). Née dans un contexte de lutte contre le colonialisme le 25 mai 1963 à Addis-Abeba (Ethiopie), l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) avait pour objectif principal de réaliser l'Unité de l'Afrique en la libérant totalement de l'impérialisme occidental5(*). Ce qui peut être considéré aujourd'hui comme un acquis tout au moins théorique. C'est à la faveur de ce constat que les Etats qui l'ont vue naître ont définitivement décidé de son acte de décès le 9 juillet 2002 au stade Absa de Durban (Afrique du sud), proclamant par la même occasion la succession de l'OUA par l'UA. Nouvelle organisation africaine, cette dernière devra se pencher sur les crises protéiformes6(*) qui minent le développement du continent à savoir les conflits, la mal gouvernance, le dépérissement de la démocratie et des droits de l'Homme, la pauvreté, la faim, les clivages socio-politiques, le dérèglement climatique, etc. L'UA vise donc le repositionnement de l'Afrique dans le système de gouvernance globale afin que celle-ci occupe la place qui est la sienne et prenne son destin en main. Car, tout comme entre 1884/1885, certaines puissances au XXIe siècle, la considèrent encore comme un « no man's land », pensent sur elle et pour elle, parfois même sans elle et prennent des décisions contre elle lors des grands sommets dans les grandes institutions internationales. Ceci pour la juste raison que l'organisation qui est censée porter sa voix n'occupe encore qu'une place appendiculaire dans les relations internationales contemporaines. Pourtant, les Etats qui agissent pour sa construction, parmi lesquels la Libye et le Sénégal le font non sans contraintes. Ce qui laisse évidemment penser que toute nouvelle idée, majestueuse fût-elle, nécessite une mise en oeuvre qui peut être longue. L'exploration de notre étude requiert des préalables fondamentaux qui tournent autour des étapes importantes que sont la définition des termes, puis la justification du choix porté sur les acteurs mobilisés(I), son intérêt(II) et la problématique(III). Aussi, nous présenterons la démarche (IV) qui a permis de formuler l'hypothèse ayant constitué la charpente de ce travail. * 1 BADIE Bertrand, Un monde sans souveraineté. Les Etats entre ruse et responsabilité, Paris, Fayard, 1999, p. 11. * 2 Cf. Acte constitutif de l'Union Africaine adopté le 11juillet 2000 à Lomé. Voir en annexe. * 3 SMOUTS Marie-Claude, cité par MVELLE Guy, L'Union Africaine. Fondements, organes, programmes et actions, L'Harmattan, 2007, p. 35. * 4 Ce discours prononcé à l'occasion de la clôture de la 36ème conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA, le 12 juillet 2000, a été repris par DOTCHEVI Pascal, « Le sang de l'Union », dans Jeune Afrique Economie N° 313 du 17 juillet au 6 août 2000, p. 17. * 5 Objectif 4 de l'article II de la Charte de l'OUA adoptée à Addis-Abeba le 23 mai 1963. * 6 Lire CHAIGNEAU Pascal : « L'Afrique face à des crises protéiformes », dans Les cahiers de la défense nationale : structurations stratégiques en Afrique, janvier 2010, p. 8. |
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