Les états et la construction de l'union africaine: le cas de la Libye et du Sénégal( Télécharger le fichier original )par Romaric TIOGO Université de Dschang - Master II 0000 |
SECTION II: LES CONTRAINTES EXTERIEURES AU DEUX ETATSLes constructivistes envisagent la régionalisation comme un processus devant aboutir à l'intégration accrue des sociétés515(*).Selon eux, la cohésion identitaire régionale est la base de cette régionalisation en ce sens que la construction d'une conscience régionale forte peut aboutir à un passage obligé vers l'érection des ensembles économiques ou politiques. Pourtant, le Sénégal et la Libye, partisans d'un régionalisme poussé sont confrontés à un véto plus ou moins voilé des antagonistes de la « recomposition de la géopolitique africaine »516(*). A l'observation des faits qui ont cours sur la scène politique continentale, une UA forte susceptible de conférer au continent le statut d'acteur majeur sur la scène mondiale, voire de peser sur la marche du monde s'oppose ouvertement à la rivalité de certains Etats au sein de l'Union (paragraphe I).Outre cette concurrence interne qui engendre quasiment un statut quo, se profilent de plus en plus des manoeuvres de déstabilisation provenant des puissances externes (paragraphe II). PARAGRAPHE I: LA RIVALITE ENTRE CERTAINS ETATS MEMBRES AU SEIN DE L'UNIONLa Libye et le Sénégal qui partagent la même vision de l'Union ont du fil à retordre. Certains Etats membres n'ont pas toujours été du même avis sur leur rythme et les modalités de cette construction. En se mobilisant contre la précipitation libyo-sénégalaise(A), les Etats rivaux ont choisi la voie du panafricanisme dit minimaliste517(*) par un maintien du jeu sub-régional(B). A- La fronde anti-libyenne et sénégalaise L'UA globale tel que la Libye et le Sénégal l'appellent de leurs voeux n'a pas reçu l'approbation des poids lourds sur le continent à l'instar de l'Afrique du Sud. Contre le projet maximaliste qui donne lieu sans attendre aux Etats-Unis d'Afrique, ce pays a développé sa propre conception à partir du discours de la renaissance africaine (1). Pour faire prévaloir sa vision d'une région en Afrique, il s'est par la suite lancé à la conquête du continent en vue de constituer une majorité contre la domination de l'Union par les vues exclusives de la Libye et du Sénégal (2). 1- La construction d'un imaginaire régional par le discours sud-africain de la renaissance africaine Dans la période heureuse qui a suivi les élections démocratiques de 1994 après 300 ans de colonialisme et des décennies d'apartheid, les gourous politiques de l'African National Congress (ANC) dont le premier président noir d'Afrique du Sud Nelson Mandela et son successeur Thabo MBEKI, évoquaient avec enthousiasme l'aube de la « renaissance africaine ». La fin de l'apartheid devait apporter un renouveau politique, social, économique et culturel pour le continent africain et l'Afrique du Sud devait en être le fer de lance. L'idée de la renaissance avait germé bien avant 1994518(*). Partant d'une notion d'obligation historique, comment une Afrique du Sud démocratique pourrait aussi démocratiser l'Afrique qui avait joué un rôle majeur et consenti de grands sacrifices pour la lutte contre l'apartheid ? Investi président de l'Afrique du Sud le 16 juin 1999, le Président MBEKI proclamait que le « XXIe siècle sera africain »519(*). D'abord systématisé en 1997 par Vusi MAVIMBELA, un des proches conseillers de MBEKI dans un document intitulé « The African Renaissance : a workable dream », le Président MBEKI va par la suite préciser sa conception de la renaissance africaine. Dans une définition « mbekinienne », celle-ci doit être interprétée comme « un renouveau de l'Afrique en termes de démocratisation ainsi que de développement économique et culturel »520(*). S'il est quelque peu proche du discours de la renaissance africaine développé par son homologue sénégalais et notamment sur le plan culturel521(*), il est spécifique dans la mesure où il stigmatise « la complicité de l'Afrique dans les mauvais résultats actuels du continent et l'héritage du colonialisme et de l'interventionnisme de l'extérieur »522(*). Au regard de cette différenciation, la conception « mbekinienne » de la renaissance africaine est une tentative plurielle qui repose sur quatre dimensions fondamentales à savoir le politique, l'économique, le social et le culturel ; l'objectif étant de promouvoir la position géopolitique de l'Afrique dans le monde. Politiquement parlant, l'avènement de la démocratie en Afrique du Sud est le commencement d'une « renaissance » de valeurs qui rayonneraient ensuite sur l'Afrique. L'ancien conseiller politique et confident de MBEKI, Vusi MAVIMBELA décrivait la renaissance comme un « troisième moment » de l'histoire post coloniale de l'Afrique523(*). Le pilier sur lequel se repose cette renaissance serait le miracle d'une transition sud-africaine, non violente de la brutalité de l'apartheid à la démocratie. Il est donc question que la nation arc-en-ciel524(*) exporte ce miracle politique et son système de valeurs démocratiques « indigènes » vers le reste du continent. Pour le Président MBEKI, cette renaissance politique est un véritable manifesto ; un appel à la rébellion. Il écrit : « l'Afrique n'a nul besoin de gangsters qui usurpent le pouvoir par des élections frauduleuses ou l'achètent par la corruption »525(*). En un mot, par ce discours, il appelle à la rébellion « contre les tyrans et les dictateurs ». Sur un autre volet, il défend l'idée que les Africains doivent tenter de résoudre leurs propres problèmes. Tel est le sens du slogan « African solutions to African problems » ; l'Occident et les autres n'étant que des partenaires et non des donneurs d'ordres526(*). Sur le plan économique, il s'inspirait de la stratégie économique de l'ANC prévue pour l'Afrique du Sud en 1996 et connue sous le nom de Stratégie pour la Croissance, l'Emploi et la Redistribution (GEAR)527(*). A partir de ce projet, il proposera son MARP qui fusionnera comme nous l'avons vu pour donner naissance au NEPAD. D'après lui, le NEPAD devrait reposer sur des propositions de politique économique orthodoxe ou néolibérale et des critères de bonne gouvernance afin d'avoir du crédit auprès des bailleurs de fonds internationaux. Il invitait ainsi les pays africains à faire recours aux privatisations et aux partenariats public-privé. Dans cette interprétation, il définit l'Afrique comme un marché prospère en pleine expansion, à côté de l'Asie, de l'Europe et de l'Amérique. Un marché dans lequel le capital sud-africain est appelé à jouer un rôle particulier à travers le développement du commerce, de partenariats stratégiques, etc. Pour son action en faveur de la globalisation, le continent offrira à l'Afrique du Sud une option préférentielle sur ce que sont ses largesses traditionnelles : le pétrole, les minéraux et les mines. Déjà, en1940, le premier ministre sud-africain Jan Smuts déclarait ceci : « pour occuper une place de leader de développement panafricain dans ce vaste continent, nous devons faire preuve de pragmatisme et saisir les opportunités qui nous sont offertes. Ainsi, toute l'Afrique deviendrait notre propre marché si nous le voulons,... »528(*). D'un point de vue social, pour les dirigeants sud-africains comme le ministre des finances Trevor MANUEL, l'Afrique a un problème d'image. Il constate qu'une certaine vision négative de l'Afrique est issue de l'afro-pessimisme dominant en occident, lui-même en droite ligne de l'image coloniale de l'Afrique comme un « continent mystérieux à exploiter ». Il est donc nécessaire de redorer le tissu social africain. A cet effet, il contribue à une version modernisée de la conscience noire rendue populaire par Steve BIKO et selon laquelle les Africains doivent être fiers d'eux-mêmes et de leurs identités. Ainsi, le gouvernement sud-africain s'insurge-t-il contre la représentation des Africains comme des « objets sexuels ». Dans cette perspective, il faut, dit MBEKI, chasser le fantasme d'une conspiration des pays occidentaux qui voudraient « faire croire que le Sida est né en Afrique »529(*). La renaissance africaine a aussi pour ambition de changer les structures anciennes des sociétés africaines. Et pour cela, le Président MBEKI souhaite que les leaders traditionnels démocratisent leur pouvoir afin d'être plus en phase avec le nouveau siècle. Ce qui provoquera la colère de nombreux d'entre eux en Afrique du Sud. Par ailleurs, il souhaite moderniser les relations sociales archaïques qui subsistent en Afrique, en soutenant notamment la candidature d'une femme à sa succession530(*). En somme, selon une vision sud-africaine d'une région en Afrique, il faut au préalable moderniser les institutions et procéder à l'« africanisation » des domaines tels l'économie, la justice, la santé, le système scolaire ou encore les sciences sociales. Ces idées ne se confineront pas dans les frontières sud-africaines. Le Président MBEKI va se constituer en messager en allant à la recherche des alliés politiques sur le continent pour faire valoir sa perception du panafricanisme sur le plan continental. L'enjeu étant de combattre l'idée des Etats-Unis d'Afrique qu'il dit « précipitée ». 2- Le recrutement des clients politiques sur le continent Le combat idéologique et stratégique autour de la construction de l'UA a laissé entrevoir des logiques de positionnement sur le continent. La croisade sud-africaine en vue de « vendre sa vision d'un renouveau africain »531(*) en Afrique vise avant tout à le placer comme le « symbole » 532(*) du panafricanisme que devront suivre d'autres Etats. Le Président MBEKI a fait le tour du continent pour convaincre les uns et les autres de partager la vision sud-africaine ainsi développée. Avant de traverser le Limpopo pour sa campagne contre le panafricanisme maximaliste, il a d'abord commencé par persuader les plus sceptiques de son camp. Par la suite, il s'est lancé à la conquête d'une Afrique encore plus suspicieuse. Les Présidents Robert MUGABE du Zimbabwe, Mouammar KADHAFI de Libye, le leader Kenyan Daniel ARAP MOI et l'Angolais J.E. Dos SANTOS dénoncèrent cette vision qu'ils assimilèrent à un stratagème malhabile de l'Afrique du Sud pour dominer le continent533(*). A l'inverse, d'autres comme le Président ougandais Yoweri K. MUSEVENI, le Bostwanéen Festus MOGAE et le Mozambicain Joachim Alberto CHISSANO, etc. furent immédiatement convertis. Nul doute que cette mobilisation sur le continent revêtait un enjeu stratégique pour la République sud-africaine d'autant que la Libye avait proposé dans la première mouture du projet des Etats-Unis d'Afrique une « nouvelle relation fondée sur la dépendance financière »534(*) à son égard. Autrement dit, elle se donnait pour mission de financer sans compter les grands projets de l'Union. Une proposition qui fit naturellement peur. La guerre quasiment ouverte contre le projet maximaliste amené par Libyens et Sénégalais a connu beaucoup de succès auprès d'une certaine opinion dite dominante au sein de l'Union aujourd'hui. Car, en procédant ainsi, l'Afrique du Sud porteuse d'une vision de la renaissance africaine à tendance minimaliste à laquelle il faut d'ailleurs ajouter le Nigeria535(*) a pu bénéficier de l'alliance d'autres Etats pour imposer une sub-régionalisation de la construction de l'UA. B- Le maintien du jeu sub-régional Distinct du fédéralisme dont l'objectif est de transférer à une entité supérieure les pouvoirs des différentes communautés souveraines, le fonctionnalisme et le néo fonctionnalisme s'entendent comme la simple coopération intergouvernementale observable dans le cadre classique des organisations internationales536(*). Ces deux théories se présentent comme des méthodes de découverte et d'apprentissage et d'un vouloir-vivre en commun des Etats537(*). Ceci épouse nettement la vision de certains Etats sur le continent, en ce qui concerne la construction de l'UA : une organisation jeune qui se construit en coordination pour ne pas dire en concurrence avec les organisations sous régionales existantes . Et ce contrairement à certaines organisations régionales comme l'UE qui a peut-être vocation à devenir à terme une entité regroupant tous les pays d'Europe sous des Unions économiques et politiques. On le voit. Des joutes idéologiques empreintes de souverainisme ont pour le moment ramené l'UA au rôle de coordinateur des communautés économiques régionales (CER) (1). Pour compléter cette étude du moins à ce niveau de réflexion, il nous paraît judicieux de faire une exégèse du souverainisme avancé de certains Etats africains à l'ère des constitutions des grands blocs supranationaux(2). 1- Le ravalement de l'UA à la coordination des CER En Afrique, il existe une structuration sui generis organisée sous un angle polymorphe admettant à la fois un jeu entre les communautés économiques régionales et l'UA considérée comme l'organisation coordinatrice des activités des premières. En effet, une vision étriquée d'une organisation régionale en Afrique ne date pas de la naissance de l'UA. Elle a partie liée avec l'avènement du mouvement panafricaniste sur le continent. Alors qu'à la seconde conférence des Etats indépendants à Addis-Abeba en juin 1960, NKRUMAH s'efforçait à convaincre les Etats nouvellement indépendants qu'il fallait unir l'Afrique, la délégation nigériane représentée par Y. M. SULE tout en reconnaissant que « le panafricanisme est la seule solution à nos problèmes en Afrique quels qu'ils soient, relevait par la même occasion, que l'idée de former une union des Etats africains est prématurée, trop radicale et peut être ambitieuse...»538(*). Ce que le Dr. NKRUMAH qualifia sans tarder de vision à dominance « néocolonialistes »539(*). Cette myopie politique qui a caractérisé la vision des premiers bâtisseurs de l'OUA s'est aujourd'hui généralisée au sein d'une certaine élite politique africaine au point de devenir une référence incontournable de leur politique étrangère régionalisée. Les décennies dernières, on a vécu un développement sans précédent des organisations sous-régionales qui se chevauchent et entravent le progrès de l'UA. « Nombreuses comme des bornes au coin des rues » 540(*) pour utiliser l'expression de Gonidec, les organisations sous-régionales africaines évoluent, clament les modérés pour le même but : la réalisation d'une UA forte. Cette thèse fièrement défendue par les chefs d'Etat des « grands pays anglophones » à l'instar du Nigeria, de l'Afrique du Sud, du Kenya et bien d'autres suggère une démarche par étapes en procédant préalablement au renforcement des regroupements régionaux que sont la communauté de l'Afrique de l'Est (EAC), la communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la (Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC), la Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) et l'Union du Maghreb Arabe(UMA). Pour le Président Mwai KIBAKI du Kenya par exemple, ces communautés sous régionales constitueraient les composantes du gouvernement continental541(*). Or à l'observation, les différents joueurs de ce camp n'entendent pas céder un seul atome de leur souveraineté. Voici ce qu'en dit le premier ministre du Lesotho Pakalitha MOSISILI : « l'intégration politique complète présuppose la renonciation totale à la souveraineté. Pour certains d'entre nous, ça peut être en réalité beaucoup demander » 542(*). Le Président MUSEVENI quant à lui enfonce le clou par le jeu de l'abandon de la conscience collective du « référent africain » au profit des « sirènes identitaires » lorsqu'il déclare qu'« insister sur l'intégration politique au niveau continental impliquerait un amalgame de choses incompatibles qui peuvent créer de la tension plutôt que de la cohésion. Il sera particulièrement le cas, affirme-t-il, si vous mettez ensemble des groupes qui veulent imposer leur identité aux autres. Je ne peux pas renoncer à mon identité pour rien au monde »543(*). Défenseur obstiné de la souveraineté de son pays, il s'opposa farouchement à KADHAFI qui voulait commencer son mandat de président en exercice de l'UA par la mise sur pied d'un gouvernement de l'Union. Il lui rappela ceci: « la souveraineté de mon pays est à Kampala et non à Addis-Abeba »544(*). Il va sans dire que la plupart des Etats ne veulent bouger d'un iota. La fracture entre partisans d'une UA globale et une UA minimale étant nette. Comme l'avait déjà perçu Ide OUMAROU l'ex-sécrétaire général de l'OUA, le « risque contrariant sera, en effet, de faire jouer négativement dans l'organisation naissante les contradictions et les inerties, les enthousiasmes et les apathies, les lenteurs excessives et les précipitations »545(*). Aujourd'hui, l'on a d'un côté ceux qui partagent une vision dite « modérée » constituée par les «attendez-moi d'abord » et une vision dite « radicale » incarnée par les « Nous n'avons pas le temps », ainsi qu'en témoignent ces propos de la ministre des Affaires étrangères mozambicaine Alcinda ABREU : « il y a un groupe d' ``immédiatistes'' qui pensent que le gouvernement (d'Afrique) doit être formé dès maintenant, mais la majorité ne pense pas que les conditions sont réunies. Pourquoi se presser ? Regardez l'Union Européenne, ils ne l'ont pas créée en un clin d'oeil »546(*). Le constat est sans équivoque. Une analyse des discours de ces leaders africains laisse cerner qu'une UA forte resterait avant tout une affaire de quelques chefs d'Etat minoritaires sur le continent. Alors que d'autres partagent des visions panafricaines qui ne sont plus aujourd'hui portées avec autant d'ambitions que celles des pères fondateurs à l'instar de NKRUMAH. C'est ainsi qu'il convient d'interpréter l'observation que fait Damien HELLY à propos de la défection de certains leader et du polymorphisme institutionnel dont souffre l'UA. Pour reprendre cette image footballistique, l'UA est encore « à la recherche d'un coach désintéressé, d'un capitaine stable et respecté, d'attaquants convaincus, de défenseurs fidèles et de gestionnaires de clubs performants ». Quant aux clubs sous-régionaux, aux capitaux politiques croisés, « ils jouent dans des divisions de niveaux différents et leurs tutelles souhaitent rarement transférer leurs meilleurs éléments à la sélection continentale »547(*). De facto plus anciennes que l'UA pour certaines, les organisations sous-régionales dont l'efficacité est inégale sur le terrain fonctionnent selon des logiques mouvantes et hétérogènes influencées par quelques facteurs clés tels puissances régionales motrices, quête de légitimation de leaders contestés, blocages internes liés à des conflits interétatiques, maturation inégale selon la sous-région, solidarités entre régimes autoritaires, etc. Si l'on peut même admettre avec Bertrand Badie que « l'Union Africaine se porte aujourd'hui mieux qu'hier, parce qu'elle est davantage institutionnalisée et davantage intervenante du fait de l'alliance avec les organisations sub-régionales »548(*), on peut cependant constater que cette « polygamie institutionnelle » affecte gravement la cohérence des stratégies au sein de l'organisation coordinatrice qu'est l'UA. Car, des conflits armés paralysent davantage certaines sous-régions telles les grands lacs (Centrafrique, Congo-Kinshasa...) et la EAC ; avec le cas du conflit entre Sud-Soudanais et Soudanais qui est provisoirement éteint ? On n'oubliera pas la Somalie où les Sheebab dictent leur loi sur le terrain voire sur le continent. Ironie de l'histoire, c'est exactement le 11 juillet 2010, c'est-à-dire dix ans après l'adoption de l'Acte constitutif de l'UA le 11 juillet 2000 que ces Sheebab s'attaquèrent au drapeau de l'UA en commettant, en Ouganda, un double attentat qui causa la mort de 76 Africains à la veille du sommet de Kampala prévu pour le 25 juillet 2010. Comme on peut le constater, la Mission de l'UA pour la Somalie (AMISSOM) peine à s'imposer dans la Corne de l'Afrique. Ceci au regard de la logique selon laquelle chaque sous-région devrait résoudre ses problèmes549(*). Sur ce point, le fantôme de l'UMA mis à part, on peut affirmer que l'EAC et la CEEAC constituent les maillons faibles de cette structuration à partir des CER. Ces deux blocs régionaux sont hors-jeu au regard peut être des moyens financiers et humains qui y font cruellement défaut. Dans la même lancée, on peut percevoir la dispersion d'énergies que constitue l'engagement, même financier, des Etats à la fois dans l'UA et dans les CER dans des domaines curieusement identiques comme un obstacle majeur pour penser une approche cohérente fondée sur des stratégies communes pour mieux aborder les maux du continent. A ce propos, Cheikh ANTA DIOP soulignait qu'on ne pouvait pas continuer à ménager « la chèvre et le chou » et que les dirigeants devaient « cesser de tromper les masses par des rafistolages mineurs et accomplir l'acte qui consomme la rupture avec les faux ensembles (communauté, Commonwealth) sans lendemain historique »550(*) . Au total, l'UA demande à être réalisée avec un but, une vision, une mission et une rare volonté politique des dirigeants du continent. Or, les dissensions entre Etats suscitent dès lors la question de savoir quel peut être l'enjeu que recèle le maintien du jeu souverainiste au détriment d'un jeu communautaire. 2- Une exégèse du souverainisme de ces Etats La question souvent rebondissante et qui mérite une attention particulière est celle de savoir ce qui motive certains Etats africains, grands comme petits à privilégier des positions souverainistes. Cette interrogation se justifie par le fait qu'à une période où les Etats les plus riches et même les plus puissants de la planète (France, Allemagne, etc.) ressentent davantage la nécessité de renforcer leur union par la recherche constante d'une signature unique sur la scène internationale, c'est plutôt le mouvement inverse que l'on vit sur le berceau de l'humanité. Plus que jamais, des crispations nationalistes voire particularistes prennent le dessus sur toute volonté régionalement coordonnée et cohérente sur les domaines politiques et socio-économiques. Ce souverainisme paroxysmique conduisant immanquablement à l'«irresponsabilité vis-à-vis de l'autre »551(*) est à la fois l'apanage des « grands » et des « petits » Etats africains. En ce qui concerne les « grands Etats », il faut relever qu'ils réfléchissent généralement en termes d' « intérêt national ». Dans une perspective réaliste, l'intérêt national est nécessairement égoïste et par rapport aux intérêts extranationaux552(*). Ici, les Etats se trouvent dans un système du chacun pour soi (self-help system) synonyme de jeu à somme nulle, la satisfaction de l'intérêt national d'un Etat ne saurait tenir compte ni des intérêts nationaux des autres Etats, ni à fortiori d'on ne sait quel intérêt commun de l'humanité. Au sein de l'UA, les politiques « bilatéralistes » et « transrégionales » des deux poids lourds à savoir l'Afrique du Sud et le Nigeria nous permettent de bien comprendre cette politique qui vise à « promouvoir la demande nationale au détriment de l'humanité tout entière »553(*). D'abord, les solidarités « bilatéralistes ». Champion de la renaissance africaine, concurrencé par d'autres leaders du continent, « l'Afrique du Sud demeure un partenaire stratégique majeur pour l'Union Européenne avec laquelle elle traite d'égal à égal. Un cas unique en Afrique subsaharienne »554(*), écrit Damien HELLY. Le partenariat stratégique UE-Afrique du Sud prévoyant une coopération sur une base égalitaire place ainsi la « Nation Arc-en -ciel » de jure dans une position privilégiée par rapport à d'autres Etats du continent. Si l'on s'en tient à cet exemple singulier, on voit mal ce pays en train de coordonner ses politiques sur certains domaines avec les autres membres de l'UA. Il en est ainsi parce que dans les négociations internationales, les positions communes certes plus efficaces pour l'ensemble engendrent des lenteurs. Car, chaque partie cherchant à tirer son épingle du jeu tel que nous l'avons vu dans le cadre des négociations UE-Afrique pour les APE. Quant au Nigeria, même s'il ne se situe pas à la pointe de l'Afrique du Sud, les grands partenaires internationaux comme l'UE, une fois de plus, développent avec lui « une relation spéciale visant une coopération plus riche et plus diversifiée qu'avec d'autres pays africains »555(*). Comme on le constate dans ces deux cas, il y aurait une crainte d'avoir à partager des dividendes avec les autres. Outre ces avantages dont ils bénéficient sur le plan international, « le chacun pour soi » peut également permettre de comprendre l'attitude de ces Etats sur le plan continental. La construction d'une Union régionale comme nous l'avons vu avec Ben TONRA permet aux démunis d'éviter ou de minimiser « les affres » de toutes natures en bénéficiant du soutien des grands. En se désengageant de l'initiative d'un gouvernement continental dont l'objectif final est de mettre en commun les souverainetés ces Etats évitent ainsi de payer pour les Etats nécessiteux le cas échéant. Sans doute n'aimeraient-ils pas se confronter aux situations inconfortables où ils régleraient leurs dettes ou leurs déficits budgétaires. Tel est exactement le cas de l'Allemagne, moteur dans le cadre de l'UE qui a longtemps développé des phraséologies telles « c'est le problème de la Grèce si elle est en faillite » alors que ce pays se trouve dans une situation de déficit grave depuis 2010. S'agissant enfin du « transrégionalisme » de ces Etats, tout va de l'hypothèse qu'ils bénéficient tous aujourd'hui d'une certaine aura gagnée auprès de la communauté internationale. Notamment, avec leurs interventions pour rétablir la paix dans leurs sous-régions respectives, et où ils essayent d'imposer un leadership qui leur serait sans doute contesté sur le plan continental. Bertrand BADIE voit en cela une raison du délaissement d'une construction poussée sur le plan régional; les Etats préférant se livrer à la « diplomatie des clubs ». Ainsi, depuis 2005 où la perspective d'accorder un siège permanent à un pays africain au Conseil de Sécurité des Nations Unies a été évoquée, chacun de ces deux « grands » pays africains développe sa stratégie essayant d'apparaître « clair » aux yeux des grandes puissances espérant le briguer556(*). Ceci rejoint les ambitions du « sous-impérialisme » sud-africain, et dans une moindre mesure « l'hégémonisme sous-régional » nigérian. Ces deux Etats sont, même s'ils n'en ont pas encore les forces suffisantes, les nouveaux `gendarmes' du continent qui, comme tout bon gendarme, doivent dicter leur loi dans un espace bien déterminé. Alors, réfléchir en termes d'intérêts égoïstes s'avère périlleux pour l'émergence de l'UA. En ce qui concerne les « petits » pays, une motivation au moins fondamentale peut permettre de comprendre leur méfiance sur l'opportunité de la construction d'une UA totale : la peur de la recolonisation ou de la dépendance. En effet, avec la fin de la bipolarité, les logiques de puissances régionales ont été malmenées : dans un ordre apolaire, chacun prétend à l'autonomie, et « les petits Etats ont de plus en plus de mal à accepter cette nouvelle tutelle qui les place de facto en position de dépendance à l'égard de voisins plus gros qui ont acquis le statut de puissances régionales »557(*). Ainsi, beaucoup de « petits » pays africains ont, depuis le mouvement de la décolonisation, mené de longues luttes pour leur indépendance. Certains parmi eux auraient certainement le ressentiment du spectre de la domination ou de la recolonisation par les « grands » s'ils se mettaient avec eux. Au moment de l'adoption de l'Acte constitutif par exemple, la plus grande inquiétude était venue du feu président Omar BONGO du Gabon qui trouvait que la précipitation qui a caractérisé les initiatives libyennes en faveur de l'adoption et de la gestion du projet de l'UA a fait craindre de voir l'Afrique contrôlée par la Libye558(*). Par ailleurs, le cas de certains pays ayant plus ou moins tardivement acquis leur indépendance peut également expliquer cette méfiance. Nous citerons entre autres la Namibie559(*), le Mozambique560(*) et le Zimbabwe561(*). La peur des hégémons les pousse ainsi à s'enfermer dans un « nationalisme en pacotille ». Or, cette peur ne serait pas justifiée dans l'absolu, si comme dans le cadre de l'UE, les institutions de l'UA offraient « la possibilité d'exercer une certaine influence sur la conduite des Etats plus importants, en vérifiant notamment que ces derniers se plient aux règles et aux décisions communautaires... »562(*). Penser l'UA recommanderait que de mécanismes de la sorte puissent y être institués pour réduire ces sentiments des « petits » pays qui auraient l'impression de n'apparaître que comme des dindons de la farce. Comme on peut le saisir, la Libye et le Sénégal font face à la rivalité de certains Etats dans ce processus de construction pour les raisons que nous avons évoquées. Des obstacles pouvant être surmontés par l'élaboration des instruments susceptibles de faire avancer la marche vers l'érection d'une communauté digne de l'Afrique. Toutefois, les choses ne semblent pas aussi faciles comme on l'aurait pensé. Car, les vraies adversités leur viennent des puissances extra-africaines. * 515 TAGLIONI (F.), op. cit., p. 3. * 516 TSHIYEMBE (M.) parle ainsi de la reconstitution de l'Afrique en référence à sa balkanisation qui a été instituée depuis la conférence de Berlin entre1884-1885, op. cit., p. 53. * 517 Le panafricanisme minimaliste est une stratégie de statu quo ante, fondée sur le droit inaliénable de chaque Etat à une existence indépendante. Son mot d'ordre est l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation et son principe est le respect de la souveraineté et la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Voir TSHIYEMBE (M.) précité, p. 55. * 518 Cette idée avait été lancée dès 1906 par Pixley Ka Isaka Seme, l'un des pères fondateurs de l'ANC, suivi par beaucoup d'autres intellectuels et leaders noirs à savoir Kwame Nkrumah, W E.B Dubois, Cheikh Anta Diop, Julius Nyerere, Sékou Toure et Kenneth Kaunda . * 519 CROUZEL Ivan, « la renaissance africaine » un discours sud-africain ? dans politique africaine, N° 77, mars 2000, p. 171. * 520 Ibid., p. 172. * 521 La renaissance africaine de Mbeki revendique le retour à la culture africaine. Lors de sa présidence de l'Union, il fit de la réhabilitation du patrimoine culturel africain l'une de ses priorités majeures. « L'opération Tombouctou » initiée par la présidence sud africaine constituera le premier projet officiel culturel du NEPAD dans les efforts de conservation des manuscrits de Tombouctou qui remettent en question la vision historique conventionnelle d'une histoire africaine reposant uniquement sur des sources orales. GUMEDE William, Thabo Mbeki et la Renaissance africaine, disponible sur www.africulture.com, visité le 2 décembre 2010. * 522 GUMEDE (W.), www.africulture.com, visité le 2 décembre 2010. * 523 Selon cette analyse, la période de décolonisation serait le premier moment et la transition démocratique, le second. * 524 Ce concept fut développé par le cardinal Desmond Tutu, architecte de la commission nationale vérité et réconciliation dont l'objectif était de panser les plaies de l'apartheid, pour magnifier le caractère multiracial et paisible de l'Afrique du Sud. * 525 THABO MBEKI, « La renaissance panafricaine », juillet 2006 disponible sur www.africamaat.com, Visité le 2 décembre 2010. * 526 Sur cet aspect par exemple, l'Afrique du Sud s'est beaucoup investie dans les efforts de médiation et de maintien de la paix sur le continent. Ainsi, quand le président Mbeki tentait de résoudre le conflit ivoirien, il estimait que le président français Jacques Chirac, ne devait intervenir qu'en soutien et seulement à la demande des Ivoiriens. Il en est de même pour la crise politique malgache où le président de la commission de l'UA Jean Ping entra en désaccord avec Mbeki qui le soupçonnait de vouloir introduire la France dans les affaires internes de Madagascar. De même, on a pu percevoir le mécontentement du président Jacob Zuma qui s'est volé la vedette dans la crise libyenne. Alors qu'il essayait de prôner la médiation, l'Occident ne ménageait pas sa force armée. * 527 Cette nouvelle politique macro-économique est dévoilée en 1996 : le Growth Employment and Redistribution (GEAR) se fixe comme objectifs une croissance annuelle de 10% des exportations de produits manufacturés et une augmentation de 36% des échanges commerciaux avec l'Afrique. Elle vise par ailleurs à rétablir l'équilibre rompu depuis la colonisation et l'apartheid institué par la minorité blanche notamment en privilégiant les Noirs dans le monde du travail. * 528 JAN Smuts, cité par CROUZEL (I.), op. cit., pp. 175-176. * 529Son obsession sur la question du Sida l'a en partie aveuglé, le conduisant dans une impasse à concevoir une conspiration occidentale derrière la propagation de la pandémie et à délaisser le traitement de la maladie. Les conséquences en ont été désastreuses pour de nombreux Sud-Africains malades et pour lui-même en tant que homme politique. C'est suite à de nombreuses critiques qu'il finira par décider de ne plus aborder la question en public, et un programme de distribution d'antirétroviraux gratuits verra le jour en 2004.Voir GUMEDE (W.), op.cit. ; SAVARIAUD Stéphanie, « Espoirs et déceptions de la renaissance africaine », disponible sur le site www.RFI.fr/Afrique, 16/04/2004, visité le 2 décembre 2010. * 530Il a nommé de nombreuses femmes à des positions élevées, y compris Nkozona Dlaminizuma en tant que ministre des affaires étrangères dans un domaine qui est traditionnellement perçu par les moeurs politiques machistes de l'Afrique comme une chasse gardée des hommes. Voir TRAIY-KONE Philippe, « Les hommes de Thabo Mbeki », Jeune Afrique Economie N°291 du 12 juillet au 1er août 1999, pp. 94-95. * 531 GUMEDE (W.), www.africulture.com, visité le 2 décembre 2010. * 532 POKAM (H.D.P.), op. cit, p. 114. * 533 Dans son objectif d'exporter son slogan d'« African solutions to African problems » et d'en finir avec les mouvements de libération en Afrique, le président Mbeki s'est démené à convaincre l'irascible Robert Mugabe et la frange radicale du Zanu. PF de s'allier au principal parti d'opposition, le mouvement pour le changement démocratique, au sein du gouvernement d'unité nationale. De même, en Angola, les pressions sud-africaines pour que le parti au pouvoir s'associe à l'UNITA de feu Jonas Savimbi n'ont fait que nourrir le ressentiment des élites dirigeantes de ce pays. D'où une hostilité presque ouverte entre les deux pays. Cf. GUMEDE (W.), www.africulture.com, visité le 2 décembre 2010. * 534 DJUIDJE KOUAM (R.), op.cit., p. 22. * 535 Un des facteurs majeurs qui a permis au président Mbéki de surmonter les réticences de ses pairs a été son alliance avec le Nigeria d'Obassanjo. Etant donné la taille et l'importance de ce pays sur le continent, qui fait figure de seconde puissance continentale justement après l'Afrique du Sud. * 536 Roche (J-J.), op. cit, p. 96. * 537 Ibid. * 538SULE Y. M., cité par KABA (L.), op. cit., p. 130. * 539 Ibid. * 540 GONIDEC Pierre François, Relations Internationales africaines, éd, EJA, LGDJ, 1996, Paris, p. 106. * 541Voir KAFUKA RUJAMIZI (J.), « Unité africaine. Slogan ou nécessité ?», op. cit., p. 147 * 542Pakalitha Mosisili, cité par KAFUKA RUJAMIZI (J.), op. cit., p. 147. * 543 MUSEVENI Yoweri, cité par KAFAKU RUJAMIZI (J.), op. cit., p. 147. * 544 Voir YERIM SECK (C.), « Au secours, Kadhafi arrive!», op. cit, p. 36. * 545 Voir son interview accordée à OUSMANE (A.), dans Jeune Afrique Economie, N° 313, op.cit., p. 14. * 546 ALCINDA ABREU, cité par POKAM (H.D.P.), op. cit., p. 26. * 547Cf. HELLY (D), op. cit., pp. 44-45. * 548 Il constate que, alliées aux organisations sous-régionales comme la SADC ou la CEDEAO, elle est intervenue avec succès dans l'endiguement de certaines crises en Afrique. Voir BADIE Bertrand., http://www.lemonde.fr/, consulté le 20 décembre 2010. * 549 Le président Obanssanjo déclarait sur cette question que « la CEDEAO représente le cadre privilégié pour l'élaboration des solutions ». Interview accordée à Géopolitique africaine N°1..., op.cit, p. 44. * 550 Voir DIOP ANTA Cheikh, Les fondements culturels techniques et industriels d'un futur Etat fédéral d'Afrique noire, Paris, Présence Africaine, 1960, p. 29. * 551 BADIE (B.), Un monde sans souveraineté, op. cit., p. 8. * 552 BATTISTELLA (D.), « L'intérêt national. Une notion, trois discours », op. cit., p. 144. * 553 WOLFERS Arnold, cité par BATTISTELLA (D.), ibid, p. 145. * 554 HELLY (D.), op. cit., p. 59. * 555 HELLY (D.), op. cit., p. 61. * 556 Pour en écarter l'Afrique du sud, le Nigeria est allé jusqu'à révéler qu'il n'est pas un « vrai pays africain » Voir NTUDA EBODE Joseph -Vincent, « Structuration de la puissance continentale : l'Afrique occidentale hors-jeux ? », dans magazine Diplomatie. Un autre regard sur le monde, N°12, juin-juillet 2010 sur http://www.diplomatie-presse.com/?p=1113, consulté le 01 juillet 2011. * 557 BADIE (B.), http://www.lemonde.fr/, consulté le 20 décembre 2010. * 558 Omar Bongo, cité par DJUIDJE KOUAM, (R.), op. cit., p. 123. * 559 Indépendant le 9 février 1990 après plusieurs années de guérilla contre l'administration sud-africaine, cf. The World Almanach and book of facts, op. cit., p. 803. * 560 Indépendant le 25 juin 1975 après 10 années de guerres acerbes contre le colon portugais, ibid, p. 802. * 561 Indépendant le 18 avril 1980, ibid, p. 839. * 562 TONRA (B.), op. cit., p. 348. |
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