III-1-5 Régime alimentaire
III-1-5-1 Les totems ou interdits traditionnels
Freud (1965), souligne que « le tabou (totem)
présente deux significations opposées : d'un
côté, celle de sacré, consacré, de l'autre, celle
d'inquiétant, de dangereux, d'interdit, d'impur. (...) c'est ainsi qu'au
tabou se rattache la notion d'une sorte de réserve, et le tabou se
manifeste essentiellement par des interdictions et restrictions.
Les tabous dans ce cadre est le domaine
alimentaire. ».
Chaque aire culturelle connaît des totems et interdits
par rapport à tel phénomène ou telle histoire. En effet,
les enquêtés connaissent des interdits divers, très souvent
liés à leur patronyme.
La santé ou la longévité passe par le
respect des valeurs culturelles de nos ancêtres. La consommation de ces
interdits (silure, le caïman, panthère, sanglier, hippopotame..)
ont une incidence sur la longévité et partant sur la
santé. En effet, cette incidence est relevée dans les propos de
Coulibaly, 68 ans : « Je ne consomme pas le silure. Cet
aliment est prohibé par la tradition, sa consommation raccourcit la
vie de l'homme, si rien n'est fait comme sacrifice expiatoire. Par
conséquent nous sommes exposés à la malédiction qui
a pour conséquence la maladie ou la mort. Ce qui montre qu'il a une
incidence sur la santé. »
Ces totems traditionnels varient d'un milieu à l'autre
ou d'un groupe social à l'autre.
Bamba, 80 ans avance que : «je ne
consomme pas le caïman. C'est un fait traditionnel qui émane de
leurs us et coutumes. Sa consommation a une incidence considérable sur
l'espérance de vie et partant sur le vieillissement. »
Bah, 71 ans exprime ce fait dans les propos
suivants : « Je ne consomme pas le sanglier. En y
touchant, on a des conséquences.
Conséquences qui entraînent la maladie, la
mort. »
Les interdits et totems traditionnels sont des valeurs qui ont
une incidence sur la santé des acteurs venant de ces différents
groupes sociaux Senoufo, les mandé du nord ou du sud, Akans et
autres.
Ces totems constituent leurs pratiques alimentaires et
reflètent leurs identités cultuelles. Cela permet de comprendre
les logiques, les représentations et la construction de leurs
identités. L'acte alimentaire se révèle comme fondateur de
l'identité individuelle et collective. (Poulain, 2002).
Cette logique sous-tend que le régime alimentaire ou
nutritionnel peut être vecteur de longévité et de
santé, mais aussi vecteur de maladie et de mort que ce soit au niveau
traditionnel comme religieux.
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