III-1-4 La religiosité des personnes
âgées
III-1-4-1 Altruisme
L'altruisme est caractérisé par ceux qui font de
bonnes oeuvres.
Leur sens du partage les consolide dans leur position
d'acteurs généreux. En effet, les généreux ont
généralement un ascendant sur les autres. Ils sont humanistes.
Ils font des dons, des sacrifices qui selon certains des enquêtés
constituent un élément déterminant dans la vie de chaque
acteur, dans la recherche de la santé, de la longévité et
du bonheur qui consolide le vieillissement. Bamba P.Y, 79 ans, rend compte de
cette réalité : « pour vivre longtemps, il
faut être généreux, consolider les liens de
fraternités ».
Par ailleurs, selon une récente étude, les gens
égoïstes meurent plus jeunes que les gens altruistes. Les
chercheurs de l'Université du Michigan ont suivi pendant cinq ans des
personnes d'un certain âge et ont constaté que les celles qui
aidaient les autres avaient 60 % de chance de vivre plus vieilles que celles
qui n'aidaient pas. (Sally, B. op.cit. p.227).
III-1-4-2 Acceptation des règles de la
religion
Les déterminants spirituels qui participent au
vieillissement sont certainement nombreux et interfèrent entre eux. En
effet, l'interaction entre ces différents facteurs interagit sur
l'individu dans sa totalité. L'être humain est un être de
besoin. En effet, il a besoin de l'apport de la divinité, de consolider
ses liens de parenté, des bénédictions, de
l'hygiène spirituelle, de faire des sacrifices, etc. Ces
différentes ressources permettent aux enquêtés
d'être constamment en harmonie avec la divinité et la
société. Cela a une incidence sur la longévité et
le vieillissement de nos enquêtés. Le tableau ci-dessous en
élucide au mieux ses implications sur le vieillissement.
Tableau XII : Répartition des
enquêtés selon l'impact des pratiques
Islamiques sur la
longévité
Les sacrifices, le respect
Des personnes âgées, la crainte des
recommandations de Dieu et la
Longévité
|
VA
|
VR
|
oui
|
270
|
98,18 %
|
non
|
5
|
1,82 %
|
Total
|
275
|
100 %
|
Source : les données de notre
enquête de 2009 sur l'impact des principes divins sur
l'espérance de vie
98,18% des enquêtés ont trouvé qu'ils ont
un impact sur l'espérance de vie. Toutefois, 1,18 % des
enquêtés pense qu'ils ne contribuent pas parce que son impact ne
semble pas visible. Seulement agissent de façon diffuse sur
l'espérance de vie. Selon les expériences vécues par les
uns et les autres, les actes de bienfaisances ont épargnés
certains enquêtés des accidents, de certaines maladies qui les
rongeaient et que la médecine moderne a prouvées
son incapacité ont pu être guérie.
Plus on obéit en respectant ces actes d'adorations,
plus l'on gagne en espérance de vie. Si l'on est sain de corps et
d'esprit et que l'on a l'amour de tous et les bénédictions des
parents et de l'environnement social, cela influence sur l'espérance de
vie. Aussi, des actions comme le respect des préceptes religieux qui
assurent la bénédiction, la protection de la santé, le
respect politique des coutumes, le régime alimentaire et
d'équilibre qui règle l'harmonie avec la durée (Harris
Mémel-Fôtê, 1998, p.62-63), donne la vie.
Dans les écritures du Coran et de la Sainte Bible que
l'homme crée à l'image de Dieu augmente sa vie par les pratiques
d'honorabilité du père et de la mère. Ce respect s'exprime
par la piété filiale qui est cette bonté envers les
parents ou personnes âgées. En effet, cette valeur
développe l'esprit d'entraide et de soutien aux personnes
âgées. La quête de longévité est une action,
une organisation, par conséquent un mouvement d'ensemble pour favoriser
le vieillissement des personnes âgées.
En effet, pour vivre longtemps, les enquêtés ont
mené des actions durant leurs parcours de vie :
- Ils font des sacrifices ;
- L'harmonie familiale ;
- Recherche de bénédiction
- Ils craignent la transcendance et la
divinité ;
- Ils respectent les parents et les
aînés ;
- Ils respectent les recommandations établies par la
divinité.
Cela est exprimé par Koné Ibrahim, 95
cité par Aboli et al, 2006, p.92-93) : « Pour vivre
longtemps, il fallait s'approcher des personnes âgées, afin de
chercher leurs bénédictions. « Il faut faire du
bien », faire le bien, c'est s'assurer une longue vie. La
longévité est un investissement et aujourd'hui, c'est le fruit
que je récolte. »
Par ailleurs, en son chapitre 10 au verset 25 du livre de
jean, la Bible déclare que : « Dieu est la
résurrection et la vie. Celui qui croit en lui aura la vie
éternelle ». La parole de Dieu montre que la vie
éternelle n'est possible que si l'individu obéit à ses
commandements. Par conséquent, pour mériter cette vie, il
convient de respecter Dieu.
En outre, pour avoir la longévité, il faut 03
choses comme relevait l'Imam Koné : « renforcer
les liens de solidarité, de fraternité, c'est-à dire que
les rapports sociaux doivent être fondés sur la
sincérité, l'honnêteté, la confiance, l'entraide,
l'harmonie, l'entente, l'amour ;
Faire des sacrifices de miséricorde ;
Faire des prières nocturnes ».
Doukouré Daouda (2006, p.69).
Alors voilà l'intégralité de l'histoire
de vie de deux centenaires, qui ont exprimé leurs secrets de
longévité, il s'agit de :
L.M.Fofana, 100 ans,
analphabète et ancien gardien de sous- préfecture
à la retraite. Je suis marié avec 02 femmes et père de 12
enfants, dont 02 seulement sont autonomes. L'un est électricien
bâtiment formé au lycée professionnel et l'autre est
enseignant à Bouaké. Je suis aujourd'hui le doyen parmi les
membres de ma famille.
Lorsque je suis en face d'une situation
compliquée, je me remets à Dieu.
Pour mon alimentation, j'aime les sauces feuilles.
Mais, je n'aime pas trop le « Toubabou soum ara » qui sont
les cubes d'assaisonnement à base chimique consommés dans nos
sociétés aujourd'hui. Je mange naturel, les fruits, les
légumes, les feuilles. En outre, j'ai un champ de fruits en l'occurrence
un jardin de légumes.
Les secrets de la longévité, c'est
Dieu. Mais, elle peut provenir de la culture de l'individu. Moi,
personnellement à bas âge, je me suis lavé avec les plantes
qui se trouvent dans la brousse pour vivre longtemps et en bonne santé.
Sauf, le cas problématique des accidents. Toutefois, on peut les
éviter au moyen des versets coraniques qui restent secrets. Aussi, la
croyance en Dieu permet de vivre dans la quiétude.
Lorsque je tombe malade, je me lave avec les
feuilles, les racines d'arbres et je prie Dieu pour recouvrer la santé.
Je n'utilise pas le savon moderne.
Les maladies sont énormes aujourd'hui, il
faut être rangé, c'est-à-dire éviter le vagabondage
sexuel et réduire au maximum les rapports sexuels.
Eviter d'injurier autrui, car c'est le
comportement de l'homme qui provoque la plupart des maladies.
BAMBA 112 ans, veuf et père de 05
enfants.
Je dois les secrets de ma longévité
aux respects des personnes âgées et de tout le monde en
général. Il ne faut pas insulter, ne pas voler, ne pas mentir, ne
pas être envieux, ne pas forcer le destin, il faut être patient, ne
pas chercher la femme d'autrui. C'est pourquoi, il faut entretenir de parfaite
relation avec son environnement. En raison de tout ce que j'ai dit, on trouve
que la longévité s'achète même si elle est d'ordre
divin.
Lorsque je tombe malade, j'utilise les
médicaments traditionnels pour me soigner. D'autre médicament que
j'ai pris pour me laver à mon bas âge m'a permis de vivre aussi
longtemps.
Au niveau de mon alimentation, je suis sobre et
je ne mange pas assez du fait de mon âge. Je fais attention à tout
ce que Dieu interdit au niveau des rapports sociaux et alimentaires. En effet,
mon totem est en grande partie, l'alcool, la drogue, la cigarette, le tabac et
les animaux non égorgées.
Nous résumons selon nos recherches quelques secrets
de longévités récoltés, il s'agit :
- De l'utilisation des médicaments traditionnels
qui donnent la longévité ;
- Du travail physique ou exercices physiques
intenses ;
- De l'utilisation des médicaments
traditionnels ;et mordernes
- De la sobriété alimentaire ;
- De manger de manière naturel(les racines, les
tubercules, les feuille, pas d'alcool, pas de tabac) et utiliser les engrais
naturels ; moins de produits chimiques ;
- De consommer moins le sel et du sucre ;
- De consommer plus de feuilles, de poissons, peu de
viande ;
- D'utiliser plus de karité dans la
préparation des repas ;
- De consommer le tô de mais, le mais, le
mil ;
- Ne pas commettre l'adultère ;
- Réduire les rapports sexuels
intenses ;
- Avoir une vie rangée ;
- De vivre en harmonie et en joie au sein de la
famille ;
- Ne pas chercher la femme d'autrui, ne pas insulter, ne
pas voler, ne pas mentir, ne pas être envieux, ne pas forcer le destin et
éviter surtout les malédictions ;
- Vivre dans la quiétude, l'entente ;
- Respecter les principes de Dieu en faisant attention
à tout ce que Dieu interdit au niveau alimentaire et
social ;
- La méfiance envers autrui et respecter tout le
monde ;
- La sincérité, de la
droiture ;
- Lecture intense du Coran et égrenage intense du
chapelet,
- Consommation du thé ;
- Faire constamment les sacrifices ;
- Etre toujours en contacte avec Dieu et faire
intensément les prières ;
- Manger des crudités, de la salat, le lait
simple ;
- Consolider les liens de parenté ;
- Ne pas manger avec excès.
Chaque culture ou civilisation a ses pratiques, tout comme la
culture africaine et particulièrement ivoirienne. Toutefois, la pratique
islamique n'exclut pas les valeurs traditionnelles ou culturelles des autres
cultures, elle en fait au contraire une richesse qui doit orienter les
enquêtés dans leur mode de vie.
Dans nos différentes sociétés les lois
ont été conçues pour le bonheur de l'homme.
Il en est de même pour les lois divines. Celui qui
respecte, c'est-à-dire qui met en pratique les lois émanant de la
divinité a le bénéfice de la santé, la
liberté et la longévité. En revanche, l'individu qui foule
au pied ou transgresse les lois divines en subit les
conséquences ; qui peuvent être la malédiction, la
maladie, la mort, la pauvreté, la misère, le
déséquilibre mental.
L'imam Ballo confirme ce fait en faisant un rapprochement avec
la fornication qui est un interdit en islam et qui présente des
inconvénients sur la longévité et le vieillissement. Ce
qui est reconnu c'est la sexualité socialisée. En effet, en
s'adonnant à la fornication, par exemple, qui est une interdiction,
c'est la malédiction, la pauvreté et la maladie qui constitue
le fruit de cette récompense. : « L'abstinence de la
dépravation non observée est source de malédiction, de
pauvreté et de maladie. ».
Le Coran confirme cette réalité dans la sourate
17 verset32 « Et n'approchez point la fornication. En
vérité, c'est une turpitude et quel mauvais
chemin ! ».
Le fruit du non acceptation des prescriptions divines est la
mort ou l'exposition aux maladies qui peuvent causer la mort. (Coulibaly Z.
2007, p.56).
Cette acceptation détermine la pratique totale ou
partielle des rites religieux de nos enquêtés.
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