Dans ce contexte, Les sociologues insistent sur la
notion de construit social : le vieillissement est lié au regard de
la société, aux normes qu'elle se donne. (Serge Guérin,
2007) montre que la notion d'âge est fortement liée à
l'environnement socio-culturel. Ainsi, il montre que l'on est "vieux"
dès 45 ans en entreprise, alors que pour le grand public, la vieillesse
débute à plus de 70 ans...
Pour Lefrançois (2004), dans la vie de tous les
jours, vieillir représente toujours un défi constant, en
même temps qu'un dur combat. Et on n'insistera jamais assez sur le fait
que vieillir signifie aussi le besoin de préserver une certaine
continuité et identité. S'il est un lieu de lutte obligé
pour préserver sa santé, son autonomie, ses activités,
affirmer son identité et ses droits, il est aussi un espace qui offre de
grands moments de sérénité : il est source de
quiétude, de sens, d'échanges et de contacts significatifs. En
effet, avec l'avancée en âge s'accentuent la prévalence et
les risques de déficits physiques, cognitifs ou sensori-moteurs,
s'enrichissent aussi les acquis de la maturité, qu'ils s'agissent de
l'accumulation du savoir, de la circonspection, de l'expérience et de
l'approfondissement du sens de l'existence. Plusieurs parviennent à
« réussir » cette étape du cycle de vie en
gérant adéquatement les épreuves, en minimisant les pertes
ou les limitations fonctionnelles tout en capitalisant sur les gains et les
ressources disponibles qui donnent l'espoir de vieillir.
Au coeur de ce processus, se trouve, la santé,
c'est-à-dire un état de bien être social, psychologique et
physique.
Dans le cadre de notre étude, le vieillissement est un
processus, une construction déterminant les pertes et intégrant
l'acquisition des capitaux sanitaires, culturels, psychologiques,
économiques, relationnels d'un individu ou d'un groupe d'individu
vivant dans une société donnée durant leur parcours de vie
qui légitime l'espoir de vivre longtemps.
I-1-2-2 Pratiques islamiques
- Islam
Le mot « islam » est la
translittération de l'arabe islam, signifiant :
« soumission », « allégeance »,
sous-entendant « Dieu ». Il s'agit d'un nom d'action (en
arabe ism fi'l), dérivé d'une radical sénétique,
s.l.m qui désigne l'acte de se soumettre d'une manière
volontaire, de faire allégeance ; et cette radical peut
donner : Salâm : paix ; Salîm : parfait, sain
et sauf ; Sallama qui veut dire, à la fois, saluer, se confier
à, se soumettre, et aslama qui signifie, mettre toute sa confiance, se
soumettre complètement à, ou se convertir à l'islam. Le
mot islam, lui-même est un nom d'action qui exprime le fait de se
laisser conduire et selon (la sourate Al Hach, verset 7) Allah dit :
« prenez ce que le Messager vous donne ; et ce qu'il vous
interdit, abstenez-vous en ;.. » ; il dénote un
engagement volontaire à se confier à la volonté de
DIEU donc à reconnaître l'unicité de Allah et il a
dit : « Je n'ai crée les djins et les hommes que pour
qu'ils m'adorent ». (Sourate as-sâriyât, verset 56) et
dans la sourate, Al-`an'âm, verset 102 : Allah dit :
« voilà Allah, votre seigneur ! Il n'y a de
divinité que lui, créateur de tout. Adorez-le donc- C'est lui qui
a charge de tout. ». « Votre seigneur, c'est Allah, qui a
crée les cieux et la terre en six jours, puis s'est établi sur le
trône. Il couvre le jour de la nuit qui poursuit celui-ci sans
arrêt. Il a crée le soleil, la lune et les étoiles, soumis
à son commandement. La création et le commandement
n'appartiennent qu'à lui. Toute gloire à Allah, seigneur de
l'univers ! ». (Sourate al-`A raf, verset 54). Il signifie
aussi : obéissance, soumission, sécurité, paix. Allah
dit dans la sourate Al-`isra verset 67 :
« dis : « En vérité, ma
salât, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent
à Allah, seigneur de l'univers. A lui nul associé ! et
voilà ce qu'il m'a été ordonné, et je suis le
premier à me soumettre ».
L'Islam est fondé d'abord sur les piliers de la foi que
sont la croyance en Dieu, la croyance aux anges, aux livres saints, aux
prophètes, ensuite sur la prière, l'aumône légale,
le jeûne, le pèlerinage et enfin sur la tradition (Sunan) du
prophète Muhammad, l'Au-delà, la prédestination.
L'adjectif « islamique » qualifie tout ce
qui se rapporte à l'islam en tant que religion et en tant que
civilisation.
Etant que religion, elle est fixée sur
l'expérience ou la manipulation du sacré, la religion serait pour
les Ethnologues, les relations collectives systématisées avec les
puissances supra-humaines.
Fidèle à ses Règles de la
méthode sociologique (1895), Durkheim tente de circonscrire
l'étude scientifique des phénomènes religieux en proposant
une définition de la religion. Celle-ci va s'articuler, au terme d'une
élaboration progressive de la notion de sacré chez Durkheim et
ses disciples, sur la distinction du sacré et du profane : "Toutes les
croyances religieuses connues, qu'elles soient simples ou complexes,
présentent un même caractère commun : elles supposent une
classification des choses réelles ou idéales, que se
représentent les hommes, en deux classes, en deux genres
opposées, désignés généralement par deux
termes distincts que traduisent assez bien les mots de profane et de
sacré." "Une religion est un système solidaire de croyances et de
pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire
séparées, interdites, croyances et pratiques qui unissent en une
même communauté morale, appelée Église, tous ceux
qui y adhèrent. (1912)" L'approche durkheimienne s'inscrit dans une
théorie du sacré qui considère celui-ci comme la
transcendentalisation du sentiment collectif. La religion est le sentiment
collectif hypostasié, la société inspire à ses
membres un sentiment de dépendance et de respect ; elle est
"religiogène". En faisant du religieux une dimension intrinsèque
de la société ("l'idée de la société est
l'âme de la religion"), en soulignant sa puissance d'expression et de
resserrement du lien social, Durkheim souligne incontestablement une importante
fonction du religieux : sa fonction d'intégration sociale, d'attestation
de l'ordre social.
La pratique
Selon Akoun (A) et Ansart (P), (1999) ; la pratique est
l'ensemble de comportement ou activités sociales envisagées dans
la manière dont ils sont exercés de façon habituelle par
une personne ou un groupe. Etudier la pratique annonce que l'objet ne sera pas
d'étudier les lois ni les institutions, les organisations ou les
systèmes symboliques considérés en eux même, mais
bien les conduites sociales concrètes : les pratiques religieuses
par exemple. La pratique sera alors pensée dans ses déterminants
(économiques, culturels).
En rapport à notre étude, les pratiques
religieuses islamiques en tant que fait social peuvent être saisies comme
un système de représentation (morale, comportementale) et
relationnel que les personnes âgées établissent
quotidiennement pour construire leur rapport à l'alimentation, la
culture, la santé, l'environnement, la transcendance.
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