I-1-2-3 Longévité
Selon les démographes et les biologistes, on distingue
la longévité moyenne ou espérance de vie et la
longévité potentielle. Celle-ci exprime l'âge maximum
qu'une espèce peut atteindre même si elle ne
bénéficie qu'à un seul individu.
La longévité correspond à la durée
de vie maximale d'une espèce.
Pour les gériatres, la longévité d'un
vivant est la durée de vie par laquelle, il est biologiquement
programmé, dans des conditions idéales et en absence de maladie
ou accident.
La longévité s'apparente
généralement à la notion de santé et au concept de
vieillesse. En effet, pour l'anthropologue Mémel-Fotê (1998), la
santé « une qualité supérieure de la vie,
une plénitude heureuse d'être, de relation et d'activité.
Le bien-être qu'elle connote est d'abord celui du corps, indemne de
souffrance et généralement en état de force. Ce
bien-être physique comporte des manifestations visibles qui sont les
signes. C'est la fraîcheur de la bonne apparence par opposition au corps
exposé à la chaleur (de la maladie). C'est la résistance
aux agressions physiques et aux maladies. C'est la capacité de mouvement
sous toutes ses formes : station debout, marche, course, danse, travail,
c'est enfin la capacité de reproduction.
Mais le bien-être est aussi celui de l'esprit,
libéré des soucis, en paix avec lui-même, épanoui
dans ses relations et ses activités : hêrê = paix,
liberté, bonheur (Malinké), flêgui = paix, liberté
(Dan), potasseu, épanouissement (Dan). Ses manifestations insignes sont
la bonne humeur, la gaieté, l'enthousiasme, qui s'accomplissent dans la
danse et la fête. La santé comme bien-être social, c'est la
paix, la prospérité et la fête à l'intérieur
de la communauté (famille et village), c'est la paix, la
prospérité et la fête entre les communautés. Comme
la vie, la santé a une extension universelle, sauf le cas
problématique des génies. On reconnaît à la
solidité et à la résistance des pierres, à
l'éclat des astres qui sont facteurs de fécondité et de
fertilité, à la verdeur et à la floraison des plantes,
à l'agilité des animaux qui se déplacent pour nourrir et
courent pour échapper au danger de mort.
Si l'origine absolue de la santé est
attribuée à Dieu, tous les esprits du monde invisible participent
cependant au maintien et à la perpétuation de cette
santé : ancêtres, génies. De façon
spéciale, l'homme y concourt par ses actions : respect
religieux des ordonnances qui lui assurent la bénédiction,
respect politique des coutumes et des hiérarchies sociales,
régime alimentaire et sexuel de rectitude et d'équilibre qui
règle l'harmonie avec la durée, phytothérapie
préventive enseignée par les devins et les guérisseurs. La
santé physique, la santé morale et la santé spirituelle
sont indissociables ; « elles donnent la vie ». La
santé ici est l'émanation de Dieu. Mais, elle peut cependant
venir de l'homme s'il respecte les règles d'hygiène,
contrôle son alimentation ».
Etant le dernier stade de la vie, la vieillesse constitue un
phénomène complexe et multidimensionnel qui peut être
défini de manières différentes.
En effet, les médecins et les biologistes la
définissent en se basant sur les critères biologiques et
physiologiques, d'autres retiennent le simple critère d'âge.
(À l'intention des institutions gériatriques, les institutions
administratives ivoiriennes telles que l'INS).
Du point de vue chronologique, la vieillesse fait
référence à l'avancement en âge, et par voie de
conséquence la diminution de l'espérance de vie. Plus on avance
en âge, moins il reste de temps à vivre. Ainsi définir, la
vieillesse consiste à compter le nombre d'années
écoulées.
Brian L. Mishara et Robert G.Riedel (1984) disaient à
cet égard : « la façon la plus simple de
définir la vieillesse consiste à compter les années
écoulées depuis la naissance. De façon
générale les statistiques concernant les vieillards fixent
arbitrairement à 65 ans le but de la vieillesse ».
Le sociologue Pierre Bourdieu, la vieillesse est, en effet,
difficile à définir, tant se recouvrent ou s'opposent une
série de termes, tous sources d'enjeux : personnes
âgées : personnes âgées, vieillards,
troisième âge, aînés, retraités, seniors, etc.
Il n'est guère simple de déterminer le seuil d'entrée dans
la période de la vie communément appelée vieillesse.
Justement, c'est là que dans le sens commun, le bât blesse, ou
qu'il y a matière à « prénotions »,
comme l'aurait écrit Durkheim. Si la catégorie statistique des
« personnes âgées » fixe le seuil à 60
ans, bien des sexagénaires refuseraient un tel classement. Une seule
certitude pour commencer, la vieillesse s'est profondément
transformée. Désormais, elle est devenue pour tous, bien qu'avec
de profondes inégalités, une étape normale de
l'existence.
Pour M. Halbwachs (1935), l'âge ne devrait pas
être le principe de formation de groupes ayant une certaine
« consistance sociale ». L'âge n'est pas une
donnée naturelle, même s'il sert d'instrument pour mesurer
l'évolution biologique des individus comme celles des animaux :
instrument de mesure, il ne saurait donner corps à ce qu'il mesure.
Encore moins : l'âge n'est pas une donnée immédiate de
mesure, de la conscience universelle. « Un individu humain
isolé, privé de tout rapport avec ses semblables et qui ne
s'appuierait pas sur l'expérience sociale, ne saurait même pas
qu'il doit mourir. C'est donc bien une notion sociale, établie par
comparaison avec les divers membres du groupe ». De fait, la
vieillesse n'est pas une donnée et non plus un fait naturel mais une
construction historique et culturelle.
La longévité assimilable à la vieillesse
est difficile à définir pour avoir un contenu clair dans notre
étude. Toutefois, au coeur de la longévité l'on
conviendra avec Memel Fotê, se trouve la santé et les actions
à amener pour y parvenir, par conséquent elle constitue un
processus, une construction.
Dans le cadre de cette étude, la
longévité est un processus, une construction intégrant
des pratiques et des capitaux économiques, culturels,
éducationnels, relationnels, sanitaires, spirituels concourant
à maximiser la santé d'un individu ou d'un groupe
d'individu.
|