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Chapitre 8 : CORPUS DES PRECONISATIONS PAR LES ACTEURS
ASSOCIATIFS SUBSAHARIENS AU TRAVERS DE LEURS DISCOURS
Le présent chapitre consiste à
énumérer les solutions et modèles relationnels
féconds esquissés par les acteurs associatifs subsahariens au
travers de leurs discours, au cours de notre enquête, dans l'optique de
:
· surmonter les tensions politico-ethniques et luttes
internes de pouvoir qui fragilisent d'ordinaire les associations;
· renforcer les synergies entre groupes associatifs de
toutes origines;
· accentuer les échanges de bonnes pratiques et
les expériences porteuses des uns et des autres en matière
d'insertion ici et de développement là-bas;
· assurer une plus grande visibilité du migrant
subsaharien comme acteur économique et social avec lequel les pouvoirs
publics, le monde économique et les partenaires de la
société civile peuvent compter.
La question ainsi posée des solutions à
promouvoir appelle celle des compétences à mobiliser et à
déployer dans le même temps.
1. Entamer une révolution copernicienne au
niveau des mentalités et des comportements
· La création d'un nouveau type
d'hommes. Il faut y comprendre la nécessité pour
l'Africain d'unifier sa personne autour de sa double appartenance culturelle
(bi-culturalité). Pour l'ONG Passerelle Ngam qui porte cette
revendication, il y a urgence à « construire une passerelle
entre les deux mondes qui habitent en nous » pour réguler la
tension et la désarticulation permanentes entre le soi africain et le
soi européen et qui se soldent par un affaissement du lien communautaire
au mieux, une perte de repères identitaires au pire.
· l'adjonction entre la parole donnée qui
relève de l'oralité africaine et le contrat écrit
européen qui consacre une fois de plus la culture
inédite de l' « Afropéen ». C'est la conviction de
l'association A2P Nord-Sud-Sud :
« Quand on est bi-culturel ou multiculturel et qu'on
le vit comme une richesse et comme une ouverture, comme un renforcement,
à ce moment-là on essaie de capter, de se passer le meilleur de
toutes les cultures, en disant que ça permet de mieux être
soi-même et de mieux être ensemble »,
· La lutte contre les préjugés et
la promotion de la transculturalité y compris et surtout au sein de la
communauté africaine elle-même;
· Introduire une bonne dose
d'interculturalité dans le management des organisations associatives
en misant sur plus d'ouverture au monde associatif extérieur,
celui des migrants d'autres origines et des non migrants, autre facteur de
mobilisation des compétences utiles;
· S'emparer de la question de
l'ingénierie sociale : « Cela veut dire mettre les
choses en ordre de manière à ce que la vie puisse être
gérée en commun. C'est ça le sens profond de
l'ingénierie sociale. Les gens sont éparpillés ou
nés en différents endroits. Mettons les structures pour que
chacune réponde aux différents besoins que nous avons, même
si nous ne sommes pas issus d'une même famille, dès lors que nous
nous retrouvons dans un consortium qui s'appelle Nation. Il faut que chacun
trouve sa place.», nous a par exemple confié une des
promotrices de cette démarche.
· Revisiter les concepts d'insertion,
d'intégration, de diversité ou de co-développement
car en effet, dans le domaine que représentent les discours
aussi bien que les pratiques, il y a à déconstruire aussi le
langage souvent préfabriqué et qui ne va pas sans quelque
arrière-pensée.
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