Elles sont de divers ordre mais leur mobilisation doit tenir
compte du modèle économique de l'association qui repose
principalement sur le bénévolat, comme déjà
indiqué plus haut. Cela suppose la disponibilité en temps des
bénévoles, leur adhésion aux valeurs et objectifs
portés par l'association, et c'est pourtant loin d'être le cas
dans certaines des organisations associatives du Grand Lyon. Des dissensions
internes ont souvent engendré une démobilisation des membres et
une dispersion des compétences, fatalement peu utilisées. Cela
pouvant conduire à une situation de déqualification des migrants
tant dans le champ associatif que professionnel.
Cela dit, les besoins exprimés par les acteurs
associatifs en termes de compétences pour la conduite des projets
recouvrent les domaines suivants:
201 Pour le Forim dont Le Renforcement du réseau des
Opérateurs d'appui labellisés (OPAP) pour un meilleur suivi et
accompagnement des projets de Codéveloppement des OSIM constitue une des
4 activités menées par le PRA-OSIM, un « dispositif
d'accompagnement, de cofinancement et de capitalisation des projets de
développement local portés par les OSIM de
base» , les missions d'une association
labellisée OPAP c'est: le Conseil et l'orientation du porteur de projet,
l' Appui technique et méthodologique, le Contrôle de la
qualité, de la pertinence et de l'éligibilité du projet,
Appui à la recherche et mobilisation de partenaires techniques et
financiers, Aide au suivi financier et opérationnel du
projet, l' Appui à la rédaction des comptes
rendus d'emplois de subvention.
Parmi les associations labellisées
OPAP par le Forim on compte :
- L'Association des Marocains de France (AMF)
- Centre Kram Ngoy / Centre de Formation géré
par la Diaspora cambodgienne (CKN-CEFODIA)
- Les COSIM Rhône-Alpes, Nord-Pas de Calais et
Midi-Pyrénées
- Le Conseil des Béninois de France (CBF)
- Coordination des Associations Guinéennes de France
(CAGF)
- Femmes Inter Associations - Inter Service Migrants
(FIA-ISM)
- Haut Conseil des Maliens de France (HCMF)
- Migrations et Développement (M&D)
- Plateforme des Associations Congolaises de France
(PACOF)
- Plateforme des Associations Franco-Haïtiennes
(PAFHA)
- Réseau des Associations Mauritaniennes en Europe
(RAME)
- Comité de Suivi du Symposium sur les
Sénégalais de l'Extérieur (CSSSE)
- Touiza Solidarité (TS)
- Union Générale des Vietnamiens de France
(UGVF)
- Union des Associations Burkinabé de France
(UABF)
·
Les compétences managériales
: ce sont des compétences d'encadrement (organiser le
travail, résoudre des problèmes...), de direction (manager
l'association, mobiliser l'ensemble des membres et bénévoles,
communiquer, anticiper les évolutions techniques,
administratives...);
· Les compétences
techniques: maitriser les procédures et les outils
(informatiques, communication), assurer l'autocontrôle, connaitre le
marché des financements associatifs, les dispositifs publics et les
interlocuteurs clés, etc. Elles concernent particulièrement les
chargés de mission au sein des associations, les consultants internes ou
externes justifiant d'une expertise spécifique;
· Les compétences
scientifiques: effectuer des études, la recherche-action,
produire des synthèses thématiques sur les migrants, conduire des
enquêtes de terrain, des évaluations d'impact, la mobilisation des
ressources documentaires utiles à l'action, articuler l'univers
associatif au monde universitaire, les laboratoires de recherche et les centres
d'information tel le REMISIS ;
· Les compétences interculturelles
: former à s'adapter et évoluer sans encombre dans
un environnement culturel différent y compris sur le champ de
l'insertion professionnelle et l'univers éducatif, sensibiliser les
acteurs sociaux associatifs, institutionnels et civils aux vertus de la bi ou
multiculturalité... ;
· Les compétences
linguistiques: la maitrise de la langue du pays d'accueil et des
langues étrangères;
· Les compétences
pédagogiques: Former, informer, conseiller,
écouter, prendre en compte les avis et évaluer;
· Les compétences commerciales et de
communication: gestion des activités
évènementielles, levée de fonds, mobilisation de
ressources non financières, prospection de «clients »,
partenaires, négociations fournisseurs, sous-traitants... ;
· Les compétences personnelles qui
relèvent du savoir-être: capacité
d'adaptation aux nouveaux outils et aux procédures, à
l'environnement juridique et institutionnel, économique et
socioculturel, capacité d'apprentissage, d'acquisition de nouvelles
connaissances et d'élargissement des compétences, être
actif dans le changement, tenir les délais, le goût du travail
bien fait, assumer les aléas, prendre des initiatives, proposer des
améliorations, être solidaire du groupe et faire primer
l'intérêt général sur les intérêts
particuliers...
Ces compétences non-exhaustives se situent donc à
la confluence des trois dimensions que sont les savoirs, les savoir-faire et
les savoir-être.
En ce qui concerne les associations rencontrées, nous
avons noté que ces compétences pouvaient dans certains cas
être:
I disponibles mais pas suffisamment mises
à contribution dans le cadre des activités
menées. Un responsable dont l'association est membre
d'Africa 50 nous confiait ainsi que ce sont moins les compétences qui
manquent que la définition des missions et activités qui
permettraient de les valoriser : management des projets dans l'habitat social
par exemple, la formation à la création/reprise et la gestion des
micro-entreprises, les compétences informatiques, etc. Les
activités du Collectif à ce jour gravitent principalement autour
de la promotion de l'interculturel, la lutte contre les discriminations, le
soutien scolaire ou encore la valorisation de la mémoire à
travers l'animation de rencontres scientifiques auxquelles participent des
panelistes de renom202, il est vrai. Le Collectif totalise pourtant
plus d'une
202La récente commémoration du
massacre des soldats africains en 1940 par l'armée allemande dans les
environs de la commune de Chasselay (Rhône) où ils furent ensuite
inhumés a vu la participation remarquée d'un historien
spécialiste de l'histoire de l'Afrique et de l'esclavage, le Professeur
Elikia Mbokolo.
160
trentaine d'associations membres et autant de
compétences. Mais les profils et le potentiel des dépositaires de
ces compétences au sein de ces organisations membres (dont la liste est
consultable sur le site internet du collectif) ne nous sont pas apparus
clairement établis.
ü Non-disponibles mais n'ayant fait l'objet,
à notre connaissance du moins d'aucune démarche poussée de
cartographie des compétences des migrants et de constitution d'une base
de données « prête à l'emploi»,
dans l'optique de combler l'écart entre compétences
recherchées par les associations et les compétences
réellement disponibles mais si peu nombreuses. Au sein du Collectif
Africa 50, l'on nous a tout de même assuré que: « C'est
dans cet esprit que nous voulons constituer un répertoire des
compétences ». Peut-on par exemple imaginer un réseau
d'entrepreneurs d'origine subsaharienne de Lyon comme il peut en exister
ailleurs, au Canada par exemple? La coordination du Collectif nous a
indiqué que:
« Ça peut être
intéressant&on n y a jamais pensé mais effectivement un
réseau de professionnels d'origine africaine, ça peut même
faciliter la création du répertoire (&) le dernier FEDDA
visait en fait la création de ce type de réseau. Cela existe donc
sous une autre forme: les chambres de commerce et d'industrie. Ce sont des
associations de loi 1901 qui réunissent des professionnels»
ü Le développement des
compétences n'est pas une pratique courante au sein des associations des
migrants subsahariens. Nous indiquions plus haut le recours
faible aux ressources et dispositifs destinés au développement de
la vie associative mis à la disposition des associations par les mairies
notamment. À cela s'ajoute le fait que l'expérience associative
n'est pas collectivement valorisée en dépit d'une sensibilisation
faite auprès des acteurs associatifs par les pouvoirs publics autour de
l'intérêt de la Validation des Acquis de l'Expérience
associative dans l'élaboration d'un projet professionnel. La VAE
pourrait théoriquement du moins contribuer à augmenter
l'employabilité des migrants en recherche d'emploi, et notamment les
jeunes sans expérience professionnelle. L'acquisition des nouvelles
compétences au sein des associations de migrants n'est pas
formalisée, le recours aux formations reste globalement faible en raison
d'un coût forfaitaire d'accès aux sessions pédagogiques
animées par les CCVA et qui ne sont souvent pas à la
portée du budget des petites associations.
Un responsable associatif interviewé témoigne:
« Il y a un déficit de notre côté pour identifier
un peu tous les dispositifs qui nous permettent de capter les moyens. Par
exemple, les fonds pour le développement de la vie associative et
autres, pour proposer ces formations-là de façon interne, et que
ça soit institutionnalisé. En nous mettant ensemble, nous pouvons
aussi peser pour négocier auprès des municipalités pour
avoir des crédits afin d'organiser ces formations parce que ce sont des
formations qui nous permettent d'être citoyens à part
entière dans toute la complexité de notre parcours