C'est une pratique courante que celle de l'adhésion
aux réseaux associatifs dont nous avons indiqué
précédemment qu'elle permettait, au-delà de la
construction et le renforcement identitaires, d'accéder à la fois
aux ressources et biens informationnels pour la conduite des projets des
migrants, de bénéficier des services et prestations techniques et
administratives proposées par les réseaux en termes de montage ,
suivi et évaluation des projets associatifs , procédure de
montage de dossier de financement, étude de faisabilité,
diagnostic, la représentation et défense de la cause des
associations auprès des instances politiques et administratives,
l'animation des formations pratiques et théoriques sur des
thématiques spécifiques; comme pratiquent le CADR autour
de la solidarité internationale, le développement durable , le
commerce et le tourisme équitables, ou encore le Resacoop et le
Cosim sur la méthodologie de gestion et capitalisation des
projets .
Cependant, les prestations de formations ou accompagnement au
montage de projets sont peu pratiqués par et au sein des collectifs
associatifs représentant des migrants issus d'un même pays, quoi
que certains soient membre de
200 Voir Emmanuel Jovelin, « Le dilemme des migrants
âgés. Entre le désir du retour et la contrainte d'une vie
en France », in la revue Pensée plurielle, 2003,
pp.109-117.
L'auteur, dans cet article, souligne que peu de migrants
âgés sont satisfaits de leurs conditions de vie en France,
pourtant le retour même s'il est envisagé et fantasmé est
rarement effectué. Les causes identifiées du non-retour dans le
pays d'origine étant: le « fainéantisme » du
retour consécutif à la vie prolongée en
France, « combiné aux difficultés
financières, car pour rentrer au pays, il ne s'agit pas uniquement d'y
aller pour rendre visite à la famille, il faut aussi « arroser
» pour montrer le signe distinctif de la réussite sociale, sinon
mieux vaut ne pas y aller (&)» ; Ensuite le rêve
non réalisé : «
venir en terre d'immigration c'est avoir des rêves. Or
les problèmes économiques font qu'on ne peut rentrer chez soi en
étant pauvre. Ce serait dans ce cas un échec inexplicable.
Plutôt que de subir le regard du vaincu, on préfère rester
en France en maintenant le « mythe de la réussite ».
L'échec économique renvoie à un échec de la vie, de
toute vie passée en dehors de chez soi. L'enrichissement
rêvé au moment du projet du départ se transforme peu
à peu en dettes inépuisables » ; et enfin
les migrants âgés de retour se vivent comme
étrangers chez eux : « vivre longtemps
à l'étranger fait de vous un étranger chez vous et
traité en étranger chez soi. Les personnes qui vivent à
l'étranger sont quelquefois stigmatisées dans leur pays d'origine
où l'intégration et les habitudes de vie ne sont pas
évidentes. Pour les migrants âgés qui, pour certains, ont
passé plus de temps en France que chez eux, le retour est quasiment
impossible car cela les pousserait à faire le chemin inverse :
réapprendre une nouvelle vie dans un pays qui jadis était le
leur. Cette trajectoire à l'envers est inacceptable pour les migrants
âgés qui préfèrent sacrifier leur vie dans le pays
d'accueil ».
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collectifs nationaux membres du Forim et labellisés
Opérateurs d'Appui aux Projets (OPAP) de solidarité
internationale. Aussi, avons-nous tenté de joindre les services du Forim
en charge de cette question pour comprendre la procédure et les
critères présidant au choix de labellisation des collectifs
communautaires201 , mais en vain.
Les compétences individuelles et collectives externes
au réseau peuvent être sollicitées également et
puisées dans le vivier des relations interpersonnelles, du capital
relationnel accumulé au gré des rencontres et collaborations.
Le constat que nous avons fait toutefois c'est
qu'au-delà du réseau communautaire d'appartenance, peu
d'organisations associatives subsahariennes recourent aux réseaux
associatifs des non-migrants intervenant sur des champs spécifiques. Par
exemple l'ASSFAM, FIJI Rhône-Alpes, le CADR ou les Centres Culturels de
la Vie Associative (CCVA) tels ceux de Vénissieux et de Villeurbanne que
nous avons joint et qui proposent dans leurs catalogues de services en
direction des associations domiciliées dans leurs communes respectives
des formations à la gestion associative ou des thèmes
particuliers.