La non-disponibilité des compétences,
corollaire de leur invisibilité, s'explique tout d'abord par la
réticence de certains migrants à s'impliquer pleinement dans les
activités associatives, même en sachant que ce cadre peut
être pourvoyeur en termes d'aide et d'informations en tous genres:
« Ce sont les conditions. Il y a beaucoup qui n'ont pas le temps de
militer dans les associations et tout. Ce sont les conditions
financières. La plupart des gens qui viennent ici ce sont surtout les
étudiants. Les gens se cherchent. Les gens pour vivre au quotidien c'est
un problème. Ça fait qu'il n'y a pas trop de motivation au niveau
de l'association», justifie un acteur associatif
rencontré.
Les charges familiales, les responsabilités
professionnelles et différentes autres urgences auxquelles sont
confrontés les immigrés de manière générale
dans les pays d'accueil laissent en effet peu de place à l'engagement
bénévole. La population au sein des associations des migrants se
rajeunit, une génération nouvelle qui portent des idées
parfois en rupture avec le système des «anciens », ce qui
crée, comme nous confiait un membre d'un collectif d'associations
originaires d'Afrique de l'Ouest, des conflits de génération qui
peuvent conduire aux blocages et entrainent des risques de scission.
de deux pôles: un pôle Conseil
en création et reprise d'entreprise, suivi
post-création, gestion, les TIC, les projets de santé,
l'ingénierie des projets socio-économiques; un pôle
formation en création d'entreprise, aux métiers de
l'informatique, en management des projets et ressources humaines, en
installation et maintenance des systèmes solaires voltaïques et en
ingénierie du développement local.
Voir http://www.centre-acf.fr/
157
À cela s'ajoute le peu d'investissement des migrants
subsahariens à la retraite, «excusés » par la
quasi-totalité des responsables associatifs enquêtés.
Ceux-ci estiment en effet que les retraités, épuisés par
une carrière parfois péniblement vécue, aspirent, pour
certains en tout cas, au retour dans le pays d'origine. Aucune des
études consultées durant notre enquête n'attestent de cette
pratique. Au contraire, l'on assiste à une inversion de tendance avec la
circulation régulière entre ici et là-bas mais la
prolongation du séjour voire l'installation ou la réinstallation
définitive dans le pays d'accueil200.
En conséquence, le cadre associatif dans ces
conditions ne peut que très difficilement être un lieu
d'échanges, de génération des compétences et de
leur développement; ou un espace de rencontre entre des entrepreneurs et
des personnes qui mettent leurs compétences à disposition.
Toutefois, l'Association des Burkinabé de Lyon (ABL) a
fait le choix de miser sur l'ensemble des burkinabé, quelles que soient
leur niveau de qualification, l'étendue de leurs connaissances ou leur
statut par rapport à l'emploi. La mobilisation des troupes et le
bénévolat, d'après ce que nous en avons observé,
marchent plutôt bien. Son président s'en explique: «
L'association peut être l'espace pour trouver des ressources. C'est
ce qu'on essaie de faire en tout cas dans notre association, par exemple
à travers l'accueil des nouveaux. Pour dire aux gens, même si vous
n'avez pas les moyens, Venez: on brasse les idées ensemble. On peut au
moins apporter des idées ». Elle s'appuie aussi sur son
réseau fort dense de partenaires institutionnels dont la
Communauté urbaine du Grand Lyon et le Consulat du Burkina Faso
associé au dernier Forum économique (le FEDDA) co-organisé
par l'ABL et Africa 50 et qui a été l'occasion
de la mise en relation entre employeurs et candidats burkinabé en
recherche d'emploi ou d'opportunités d'affaires.