2. Typologie des diasporas
En considérant la constitution des réseaux
diasporiques comme un processus long fait d'étapes, Natalia BUGA
distingue deux types de réseaux en fonction de la
direction des relations entretenues:
ü Les réseaux primaires: Ils
apparaissent à la première étape d'évolution de ce
processus. Ce sont souvent des réseaux élémentaires qui
ont pour vocation de relier les migrants avec leur pays d'origine mais
« sans les relier entre eux dans le pays d'accueil à cause de
l'absence d'une diaspora comme une entité bien structurée
». Le centre ( le pays d'origine) est à ce niveau-ci de
l'évolution du réseau diasporique le seul horizon d'attachement
ou d'atteinte, le seul point d'intérêt.
149 Emmanuel Ma Mung, « Non-lieu et utopie: la diaspora
chinoise et le territoire», in Revue des migrations internationales,
1994. Cet auteur est l'initiateur du laboratoire d'études sur les
migrations internationales, MIGRINTER, de l'université de Poitiers.
Chargé de recherche au CNRS.
150 Voir Richard Marienstras, Être un peuple en
diaspora, éd. Cahiers libres, 1975. Marienstras est un des
pionniers du « diasporisme », fondateur du
Cercle Gaston-Crémieux, cercle de réflexion qui fut notamment
à l'origine de la revue Diasporiques.
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I Les réseaux secondaires du
1er niveau: correspondent à l'étape
d'après dans la mesure où la communauté des migrants
s'agrandissant dans le territoire d'accueil, il va se constituer
progressivement de petits regroupements de personnes qui cherchent à
s'identifier au groupe d'origine:
« & Pour valoriser leur identité et
même partager les mêmes valeurs, la même culture, la
même langue, des éléments qui rendent le groupe
différent de la société d'accueil (&) A ce stade, le
niveau de structuration des communautés diasporiques est faible mais
leur existence dénote l'apparition des prémices d'organisation de
la diaspora. ».
C'est l'étape de la mise en lien (sous la forme d'un
collectif, d'une fédération, d'un forum) des associations
regroupant les membres d'une même communauté dispersés sur
le même territoire donné. Les collectifs des Béninois,
Burkinabé, Camerounais ou Congolais de Rhône-Alpes correspondant
aux réseaux secondaires de niveau 1. De même que le FORIM qui se
pose comme instance de coordination de toutes les associations de migrants de
France.
I Les réseaux secondaires du second
niveau : C'est la troisième étape du processus
d'évolution des réseaux diasporiques. Ils désignent les
réseaux diasporiques dont les membres de même origine
installés dans divers pays d'installation sont reliés et portent
des actions collectives au bénéfice des migrants eux-mêmes
dans les pays d'installation ou des populations dans les pays d'origine. On
parle alors à ce niveau de diaspora
structurée pour désigner ce système où
les pôles de migrants au niveau international sont interreliés
mais toujours dans une perspective de contact avec le pays d'origine. Ainsi par
exemple, le réseau CASA-NET en Suisse, association de
haut diplômés Camerounais qui interconnecte les Camerounais
hautement qualifiés de tous les continents et qui compte dans ses rangs
des associations d'étudiants camerounais d'Italie, de France (Lyon,
Bordeaux), d'Allemagne, du Canada, d'Australie ou du Royaume Uni.
On retrouve également dans cette catégorie les
réseaux d'expatriés de nature: scientifique, technique,
institutionnelle, professionnelle, financière. Jean-Baptiste Meyer cite
par exemple les réseaux suivants connus pour leur dynamisme et
bénéficiant du soutien actif de leurs pays d'origine:
· « Le réseau Caldas qui
possède quelques centaines d'inscrits dans plusieurs « noeuds
» locaux aux États-Unis et en Europe;
· Le réseau SANSA (South
African Network of Skills Abroad) rassemble plus de 2500 membres
répartis dans 65 pays du monde;
· Les nombreuses associations indiennes et
chinoises regroupant plusieurs milliers de membres (American Society
of Engineers of Indian Origin, Chinese Association of Science and
Technology-USA, par exemple) qui sont particulièrement actives aux
États-Unis;
· Les Marocains ou les Tunisiens
ont également plusieurs associations d'expatriés
hautement qualifiés, certaines francophones et d'autres présentes
sur les campus nord-américains (Savoirs et Développement,
Tunisian Scientific Consortium, Association des chercheurs enseignants
tunisiens de France);
· Les biologistes algériens
expatriés qui ont fondé un réseau disciplinaire
(Algebio) ».
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