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Le migrant africain du grand- Lyon. L'" agir " social et économique à  construire. Enjeux, discours d'acteurs, pratiques, stratégies et cadres d'intégration, de mobilisation et valorisation des compétences des migrants sub- sahariens de l'agglomération lyonnaise

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par Issopha NSANGOU
Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne  - Master 2 Pro en ingénierie du développement social  2012
  

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Partie 3

Les associations subsahariennes et les réseaux diasporiques.
Logiques de construction et d'affiliation, coûts et bénéfices

§ Pourquoi, comment et à quelle ampleur les organisations associatives subsahariennes du Grand Lyon pratiquent-elles l'ouverture aux réseaux associatifs ? À quel point tirent-elles parti de leur capital social en termes de mobilisation des compétences et de fabrique des acteurs socio-économiques en France et pour les pays d'origine?

Notre enquête sur les réseaux associatifs des migrants africains tente de répondre à ce corpus d'interrogations. Nous abordons tout d'abord la question des réseaux diasporiques sous l'angle de la théorie des réseaux sociaux en tentant d'en dégager les principales caractéristiques (chapitre 5) et en faisant une analyse des pratiques d'affiliation des migrants aux réseaux, des stratégies à l'Suvre, les intérêts que font valoir les uns et les autres et les dynamiques relationnelles qui y ont cours (Chapitre 6).

Chapitre 5 : Les réseaux diasporiques subsahariens dans le Grand Lyon. Essai de caractérisation p.109

Section 1 : Les réseaux diasporiques à la lumière de la théorie des réseaux sociaux et la théorie des champs de Pierre Bourdieu 109

Section 2: Émergence de l'esprit diasporique panafricain à Lyon, entre détermination et échecs 116

Section 3 : Réseau social et Capital social. Pourquoi s'affilie-t-on à un réseau associatif de migrants subsahariens

dans le Grand Lyon? 117

Chapitre 6 : Discours et pratiques associatives subsahariennes autour de la mobilisation du capital social p.

1. Les réseaux des migrants subsahariens du Grand Lyon 120

2. Des motifs d'adhésion multiples aux réseaux associatifs 122

3. Migrants subsahariens du Grand Lyon : la Force du réseau? Inventaire des motifs de démobilisation des

membres de l'engagement associatif 124

4. Quelques Préconisations en faveur du regroupement fécond des associations des migrants en collectifs départementaux et en une fédération régionale 132

109

Chapitre 5 : Les réseaux diasporiques subsahariens dans le Grand Lyon. Essai de caractérisation

Les responsables associatifs enquêtés nous ont fait part de leurs sentiments et visions à propos du fonctionnement des réseaux des migrants, leur intérêt, les difficultés rencontrées, les solutions envisagées, les alternatives développées.

Il nous importe avant tout de revenir sur quelques données théoriques et conceptuelles générales, replacer la question des réseaux associatifs diasporiques dans leur contexte socio-anthropologique et historique.

Section 1 : Les réseaux diasporiques à la lumière de la théorie des réseaux sociaux et la théorie des champs de Pierre Bourdieu

À la base des réseaux associatifs des migrants , il y a des groupes de personnes originaires d'un même village, d'une même ethnie, d'une même région, d'un même pays , de la même sous-région, d'un même continent ou encore d'un ensemble de continents par rapport au continent du pays d'accueil. Cet ensemble de personnes selon les caractéristiques propres à chaque origine porte habituellement le nom de diaspora.

Natalia BUGA dans sa thèse déjà citée fait référence à un concept élastique, au départ employé pour désigner les seules diasporas historiques (telles les diasporas juive et arménienne) et qui a fait depuis lors l'objet de toutes sortes de définitions basées sur des critères ou trop restrictifs ou trop larges. Pour notre part, Dans le cadre de ce travail, nous avons souscrit à la définition revisitée qu'en donne l'auteure de cet intense travail intitulé : Les Diasporas comme ressources d'intégration dans l'économie mondiale148 . Pour Buga, en effet, est diaspora:

«L'ensemble des migrants originaires du même pays qui se sont installés pour une période longue, voire permanente dans plusieurs territoires de destination et continuant de garder des liens forts de nature diverse avec le pays source. Le noyau d'une diaspora est composée par des membres qui ont une forte nécessité et motivation à s'identifier à leur groupe d'origine qui préserve, développe et transmet les valeurs du pays de départ. Ils ont aussi la volonté d'apporter leur contribution au développement de la patrie en mobilisant les ressources générées par la diaspora, afin de mettre en oeuvre des projets de développement adressés au pays de départ. »

En clair, les membres de la diaspora ont en partage un sentiment d'appartenance au groupe d'origine créé à la suite d'une dispersion générale vers différents territoires d'arrivée. Il existe des liens plus ou moins forts entre le groupe et le pays de départ, les membres s'identifient par nécessité ou par volonté au groupe et sont mus à différentes échelles et selon les ressources par l'objectif d'aider ai développement économique et social, et politique parfois, de leurs territoires d'origine. Et pour assurer le transfert des ressources financières et non financières(RNF), la diaspora s'appuie sur un ou des réseaux diasporiques qui, en fonction de leur niveau d'évolution, vont tenter d'élargir les liens avec les communautés de même origine dispersés dans d'autres pays d'accueil.

148 Thèse soutenue publiquement le 21 juillet 2011, sous la direction de Jean-Baptiste Meyer (Faculté d'économie de Grenoble), l'un des auteurs de l'ouvrage Diasporas Scientifiques publié aux éditions de l'IRD.

110

1. Essai de caractérisation des diasporas

Ainsi, au vu de cette définition, la diaspora apparait d'abord et avant tout comme une dispersion spatiale, une «dissémination dans un non-lieu » d'après la formule de Ma Mung149. C'est aussi une expérience sociale, une aventure qui peut être à la fois individuelle et collective.

La diaspora, c'est aussi le lieu de l'inventivité, de l'élaboration de stratégies identitaires permettant de s'insérer dans la société d'accueil. Toutefois, même si le réseau diasporique constitue aussi un lieu de fabrique de l'identité nationale, régionale, continentale, ethnique, la culture diasporique qui nait de l'expérience migratoire et des processus d'identification à un groupe n'est pas nécessairement soluble dans l'ethnicité elle-même. Elle ne s'y confond pas puisqu'elle peut être très éclatée, très hétérogène, ce qui est d'ailleurs le trait de caractère principal des réseaux diasporiques transculturels : ALPADEF, MIFERVAL, AFRICA 50, FEDAM, ACF, etc.

À Lyon, aujourd'hui, la diaspora panafricaine ne se vit plus comme « une condition pathologique, diminuée, faite de larmes et de souffrances » mais plutôt comme « un mode d'être légitime et positif »150. Elle revendique cette attitude positive quand elle valorise la mémoire ou l'histoire de l'immigration, quand elle promeut la présence de l'Afrique dans la cité, en mettant en avant les réussites individuelles et collectives des africains en situation de migration. C'est d'ailleurs en ce sens que l'expérience migratoire apparait comme le lieu et l'occasion pour les groupes diasporiques ou les migrants à titre individuel, de se constituer un patrimoine composé d'un ensemble de ressources qui permettent à la diaspora d'apporter une contribution significative au développement du pays d'origine d'une part, et d'autre part à l'entraide, la solidarité entre membres d'une même communauté dans le pays d'accueil : ressources financières, cognitives, relationnelles, institutionnelles, organisationnelles, symboliques.

Par ce patrimoine dont une part conséquente est transférée dans les pays source, parfois au détriment du bien-être individuel et collectif dans le pays d'accueil, les diasporas ont engendré des externalités positives ou négatives, à la suite d'effets intentionnels ou non-intentionnels, en tout cas à un niveau tel que les pouvoirs publics tant dans les pays d'immigration que ceux d'origine s'activent à impliquer de manière formelle les immigrés dans les politiques nationales de développement, dans les stratégies de lutte contre la pauvreté. C'est le cas au Sénégal, au Mali, en Afrique du Sud ou Au Maroc par exemple, et bien avant ces pays, la Chine et L'Inde ont mis en place des politiques et dispositifs de soutien aux initiatives économiques et socioculturelles des leurs expatriés. Ce qui fait des diasporas de ses deux pays les plus dynamiques et entreprenantes au monde, de même que les diasporas juive et russe.

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"Ceux qui rĂªvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rĂªvent de nuit"   Edgar Allan Poe