2. Quelques préconisations pour une implication
forte des associations des migrants dans la mise en oeuvre du Plan
départemental d'Intégration du Rhône.
Les pistes que nous indiquons peuvent avoir déjà
été explorées par certaines associations et mises en
oeuvre à moyenne et petite échelle ou pas du tout. L'ambition
n'est pas d'être exhaustif ou de réinventer la roue. Elle est
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plutôt de mettre en exergue l'importance de ce qui
existe, les acteurs associatifs et les acteurs institutionnels en
présence qui animent les dispositifs d'intégration et
d'insertion. Elle est surtout de mettre en lumière ce qui se fait
déjà au sein des organisations associatives françaises des
non migrants dans les champs qui pourraient interpeller les migrants du Grand
Lyon.
· Le ou les collectifs d'associations de
migrants pourraient faire de la pédagogie au travers des sessions
d'information explicative à destination des associations membres,
communautaires ou non, ayant un intérêt pour l'insertion sociale
de ses adhérents et désirant porter des projets en ce sens.
Pédagogie autour du PRIPI et du PDI local, ses enjeux, ses publics
cible, la place dévolue ou à prendre dans ces espaces par les
associations africaines organisées en réseaux, de même que
les tenants et résultats attendus du Plan local pour l'Insertion et
l'Emploi dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville et les
actions prévues en matière d'amélioration du cadre de vie
des habitants des espaces de précarité dans le Grand
Lyon.
Cela suppose:
I un travail de recueil de données:
socio-économiques (taille et composition des familles, logement, emploi,
revenus, santé), démographiques... par tous moyens accessibles
pour une évaluation de l'importance des problématiques sociales,
des ressources disponibles (fonds, compétences, personnel et temps) des
collectifs associatifs subsahariens pour un espace à occuper, une
partition à jouer à l'échelle communautaire et
transcommunautaire dans l'agglomération lyonnaise.
I La mise en place des bureaux d'études et
d'expertise conseils par les migrants disposant de capacités
techniques et opérationnelles et offrant de formation, d'études
techniques et évaluation de projet, analyse des politiques publiques
dans les domaines du développement social et économique local,
accompagnement à des entrepreneurs migrants et non migrants à
l'international, les TIC, les services financiers, l'ingénierie...
I Un effort accru d'ouverture et de rapprochement
avec les associations des migrants pratiquant déjà l'insertion
de façon communautaire ainsi que les organisations
transculturelles du type Passerelle Ngam ou Africa 50, dans
une démarche intégrative (alliances stratégiques). Un
cadre opérationnel intégré qui permette la mobilisation de
toutes les compétences utiles, y compris les compétences
«culturelles » , avec des objectifs opérationnels et
stratégiques clairs, pour les champs de l'accès à
l'emploi, l'accès au logement, aux droits sociaux, aux dispositifs du
droit commun, à la protection sociale de tous les migrants en situation
régulière, tous âges, sexe et périmètres
géographiques confondus.
· Développer des partenariats forts et
féconds avec les acteurs associatifs non migrants actifs dans ces
champs et reconnus d'utilité publique par les pouvoirs publics. Ces
associations sont gestionnaires ou pas des dispositifs d'insertion ou
d'intégration de l'État. Ces partenariats assureraient d'abord
une plus grande visibilité politique, sociale et professionnelle des
collectifs des migrants africains, puis la multiplication d'occasions
d'échanges d'expériences et des pratiques; et enfin une
collaboration sur le terrain avec les professionnels de ces
secteurs.
Les partenariats stratégiques peuvent se construire
avec:
· Les régies de quartier pour
des zones à forte présence des migrants (Villeurbanne, Lyon
Sud-est, Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Bron, etc.): Régie de
Quartier de Bron (RQB), ou la régie de quartier Micro Initiatives
Rilliarde (AMIR) pour l'insertion sociale et professionnelle, par
exemple;
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§ Les associations spécialisées
dans l'accompagnement des migrants tels l'ASSFAM145
pour la formation civique linguistique et professionnelle des femmes et
migrants âgés, ou l'ALPIL146 pour le logement des
travailleurs immigrés dans le Rhône;
§ Les associations de migrants d'autres
communautés souvent très implantées et actives
dans le domaine de l'insertion (Marocains, Portugais, Arméniens ...) en
vue d'initier des débats, pratiquer du lobbying institutionnel sur des
questions ayant trait à l'intégration. Cette ouverture pouvant
permettre dans le même temps d'accéder aux réseaux
économiques et professionnels, publics et privés, de ces autres
organisations.
§ Les associations généralistes et
professionnelles impliquées dans la gestion locale du PLIE et autres
dispositifs en faveur du retour à l'emploi
dans des secteurs spécifiques (BTP, secteur hospitalier,
services à la personne, commerces, formation, enseignement; et
l'accès au logement des familles et personnes
isolées dans le Rhône, ...) ; la formation
sociolinguistique et professionnelle; et pour des publics migrants
spécifiques plus souvent exposés au chômage ou au travail
précaire : jeunes en rupture avec le milieu scolaire, jeunes
diplômés, cadres au chômage, personnes sans qualifications,
seniors migrants...147Nous pensons par exemple à
l'association ALLIES qui gère le PLIE pour la partie Sud du
Rhône.
§ Les acteurs institutionnels
départementaux et régionaux en charge de la mise en
oeuvre dans le Grand Lyon du Plan Départemental de l'Intégration
pour le Rhône et la Politique de la ville : ACSE, DJRSCS,
Préfecture à l'égalité des chances...
Le Répertoire des associations du Rhône est un
outil accessible permettant d'identifier les acteurs clés de
l'intégration/insertion pour les communes concernées.
Des mesures peuvent être déployées
à l'infini et mériteraient une étude approfondie pour une
plus grande implication de la communauté africaine dans la vie
économique et sociale de l'agglomération lyonnaise. Promouvoir la
présence de l'Afrique dans le Grand Lyon doit pouvoir prendre la forme
d'une série d'actions en faveur de l'insertion sociale et
économique formelle des migrants subsahariens, toutes
générations confondues, en vue d'une intégration
accomplie. Mais cela suppose de mobiliser des compétences fortes
(déjà existantes mais non répertoriées); cela
apparait possible par la constitution des réseaux associatifs
intégrés et forts. Et c'est à ce jour loin d'être le
cas en ce qui concerne la communauté africaine du Grand Lyon, au vu des
avis et analyses recueillies auprès des responsables associatifs.
145 L'ASSFAM offre un catalogue de formations à
destination du public migrant : ateliers sociolinguistiques (apprentissage du
français), accompagnement des migrants âgés vers
l'accès aux droits, formation des professionnels, intégration
professionnelle des femmes migrantes, des ateliers prévention
santé et des séances d'échanges autour de la
parentalité. Lieux : Vénissieux, Lyon 1er et
7e arrondissements.
146 ALPIL : Action pour l'insertion sociale par le
logement a pour vocation d' « Améliorer le logement
des travailleurs immigrés et des catégories
défavorisées de la population. Promouvoir leur
intégration. »
147 Par exemple l'Association lyonnaise pour l'Insertion
Économique et Sociale(ALLIES) qui porte bien son nom et travaille
à l'insertion par l'économique des publics en difficulté.
Elle est gestionnaire du Plan Local pour L'Emploi et l'Insertion (PLIE) de la
ville de Lyon.
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