2. Formes communautaires des pratiques d'insertion :
l'entraide et la solidarité sur la base de l'appartenance
ethno-régionaliste
2.1. Les formes et les paliers de la
communautarisation divergent
Les associations subsahariennes de France comme d'autres
régions d'ailleurs sont communautaires au sens où : -
d'une part la majorité et parfois l'intégralité des
membres appartiennent à la même
communauté:
o nationale: elle se construit alors autour
d'un sentiment partagé par les membres de l'appartenance à la
communauté nationale. Exemple: le SOPE des
Sénégalais, l'ABL des Burkinabés, ANAN pour les
Nigériens, ou Fraternité Novissi pour les Togolais du Grand
Lyon;
o continentale: qui promeut une vision
panafricaine qui transcende les ethno-espaces, une posture transculturelle
donc. Exemple: le collectif Africa 50 ;
o ethno-régionaliste : basée
sur l'appartenance 'mécanique'' à un même village, une
même région dans le pays d'origine. Exemple :
Solidarité des Akpossou-Akébou d'Europe, région
du sud du Togo;
123 Extrait de l'Entretien du 24 octobre 2012 avec ALPADEF
93
- et d'autre part, elles ciblent leurs actions en
direction des membres de la communauté d'origine principalement, en
termes d'entraide ici ou de développement solidaire avec les
localités d'origine.
2.2. Des problématiques sociales et
sociologiques sensiblement identiques
Ces pratiques «grégaires » s'appuient sur le
constat de la similitude des difficultés sociales rencontrées par
les migrants subsahariens en termes d'insertion professionnelle, sociale,
économique dans le pays d'accueil. Et rien de mieux que de se
réunir pour y faire face ensemble. Or, si les immigrés à
titre individuel ont souvent recours aux dispositifs et outils
dédiés à l'insertion dans les domaines de l'emploi, du
logement, la santé, de la citoyenneté, ou de l'accompagnement
à la création d'entreprise, il reste qu'à titre collectif
ou associatif, ces recours sont faibles, les dispositifs et les acteurs qui les
promeuvent parfois méconnus. Il y a un déphasage manifeste entre
difficultés sociales du groupe communautaire et la nature des solutions
apportées à celles-ci, puisqu'ici prime l'entraide traditionnelle
et la solidarité intracommunautaire : aides financières
ponctuelles aux personnes désargentées, accueil des nouveaux
arrivants, orientations et accompagnement dans les démarches
administratives, hébergement, informations échangées pour
la recherche du travail, les initiatives entrepreneuriales, dans un contexte
économique et de l'emploi assez tendu, où les réseaux
relationnels ne sont pas toujours très étoffés ni
réellement stratégiques pour décrocher un emploi ( cf.
chapitre consacré aux immigrés et le marché du travail
dans le Grand Lyon).
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