2. PROBLEMATIQUE GENERALE
Si le constat de l'accès de plus en plus restreint au
marché du travail en France aux migrants originaires de l'Afrique
sub-saharienne est aujourd'hui globalement partagé, il importe
d'identifier les mécanismes et les instruments pouvant permettre de
reconnaître, développer, mobiliser et valoriser les
compétences individuelles et collectives (associatives) des migrants
subsahariens qualifiés et faiblement qualifiés en France; afin
d'améliorer leur employabilité, la prise d'initiatives
socio-économiques efficientes, favorisant une intégration
réussie en France, l'accumulation et la transférabilité de
ces ressources financières et immatérielles dans les pays de
départ.
Quels cadres organisés et quelles structurations
efficaces des associations subsahariennes (tous champs d'actions confondus)
pour opérationnaliser la mise en valeur des ressources humaines
immigrées africaines, à l'instar de ce que font les diasporas
marocaine, indienne et chinoise en France, Europe et Amérique? Comment
atteindre cet objectif et le reproduire à large échelle ?
16 Le programme TOTKEN (Transfer of
Knowledge Through Expatriate Nationals) ou Transfert de connaissances
par l'intermédiaire de nationaux expatriés),
développé et conduit depuis 1977 par Le Pnud (Programme des
Nations unies pour le développement) offre ainsi des voies alternatives
aux pays ne disposant pas d'infrastructures locales viables pour accueillir
leurs ressources humaines exilées les plus qualifiées
(chercheurs, ingénieurs). Aussi, ce programme permet-il de soutenir des
missions temporaires de consultance scientifique ou technique
réalisées par des chercheurs expatriés dans leur pays
d'origine. Voir par exemple le portail internet du Totken Sénégal
adossé au Programme National pour la Mobilisation de l'Expertise de la
Diaspora (PNMED) : http://www.tokten.sn/
18 En tout cas ceux qui sont les moins enclins à cette
démarche en France, au-delà du financement des
micro-réalisations dans les localités d'origine.
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2.1. Questions de recherche
2.1.1. Question centrale
Quels sont les discours, les positionnements et les pratiques
des organisations associatives subsahariennes du Grand Lyon en matière
de mobilisation des compétences (cognitives, techniques et culturelles),
de ressources économiques, de construction des réseaux
diasporiques et des alliances stratégiques en regard des champs de
l'insertion socio-économique et professionnelle des migrants et du
développement solidaire dans les pays source?
2.1.2. Questions secondaires
- Quelles sont les pratiques des associations
sub-sahariennes de l'agglomération lyonnaise en matière
d'accueil, d'intégration et d'insertion des migrants (en
vue de l'amélioration de leurs conditions de vie) ?
- Comment les organisations associatives
appréhendent-elles les dispositifs institutionnels de la
politique
d'intégration des populations
immigrées et des politiques de la ville à Lyon
et ses alentours ? Quel est leur niveau d'investissement
global dans la mise en oeuvre de ces politiques publiques au niveau local?
- Quel rôle les associations de migrants peuvent-elles
jouer, au-delà des instruments génériques existants
en France, dans le développement des
compétences des travailleurs migrants dans un contexte
économique tendu où l'employabilité exige de plus en plus
des qualifications fortes, plus de flexibilité et de mobilité?
- Quels facteurs expliquent que les associations
africaines soient d'ordinaire moins bien structurées,
moins inter-reliées et moins visibles
institutionnellement que les organisations françaises d'insertion ou
encore des diasporas maghrébines? Quels sont du point de vue des acteurs
eux-mêmes les facteurs de réussite et d'échecs
des groupes diasporiques africains dans le Grand Lyon ?
- Quels solutions et modèles relationnels
féconds les acteurs subsahariens esquissent-ils au travers
de
leurs discours afin de : surmonter les tensions
politico-ethniques et luttes internes de pouvoir qui fragilisent d'ordinaire
les associations, renforcer les synergies entre groupes associatifs de toutes
origines, accentuer les échanges de bonnes pratiques et les
expériences porteuses en matière d'insertion ici et de
développement là-bas ? Comment formaliser l'influence d'une
diaspora peu organisée au niveau institutionnel ici?
- Dans quelle mesure est-il possible d'inclure
l'interculturalité dans les mesures spécifiques
d'insertion et
d'accompagnement à l'accès à l'emploi ou
à la création d'entreprise? les stratégies
identitaires des organisations diasporiques africaines peuvent-elles
constituer une réponse au processus d'intégration professionnelle
et socio-économique des migrants en France?
- Quelles pratiques développent les associations des
migrants en matière de promotion de l'entrepreneuriat
immigré?
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