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Le migrant africain du grand- Lyon. L'" agir " social et économique à  construire. Enjeux, discours d'acteurs, pratiques, stratégies et cadres d'intégration, de mobilisation et valorisation des compétences des migrants sub- sahariens de l'agglomération lyonnaise

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par Issopha NSANGOU
Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne  - Master 2 Pro en ingénierie du développement social  2012
  

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5. Délimitation du champ conceptuel

La présente étude fait appel à un ensemble de concepts qui relèvent de plusieurs champs disciplinaires (socio-anthropologie, psychologie sociale, sciences de l'éducation, économie du développement&) et s'interpénètrent eu égard à nos thématiques de recherche.

Compétences

C'est un ensemble de connaissances théoriques et techniques acquises par la formation ou par l'expérience, mobilisables et surtout utiles à l'exercice d'une activité. À la lecture de diverses définitions proposées par les théoriciens français de la notion de compétence, dans le cadre notamment de l'économie des savoirs, des caractéristiques et dimensions multiples du concept peuvent être isolées. Ainsi, la compétence à la fois:

- Opératoire: En clair, elle permet d'agir, elle est « compétence à agir » d'après la délicieuse formule de

Michel Parlier22, en ce sens qu'elle se repère et se rapporte toujours à une activité et à une situation

professionnelle donnée. On la dit alors contextuelle (Sandra Bellier).

- Apprise : car elle s'acquiert par construction personnelle et sociale;

22 Michel Parlier, « La compétence, nouveau modèle de gestion des ressources humaines », revue Personnel, N° 366, 1996.

22

- Structurée dans la mesure où elle regroupe un ensemble de « savoirs d'actions » (Philippe Zarifian) : le

savoir proprement dit comme somme des connaissances théoriques et techniques, le savoir-faire qui renvoie aux habiletés de l'individu et le savoir-être qui en constitue les qualités personnelles.

La compétence combine d'autres attributs dont le savoir-agir qui est l'art d'assembler les ressources adéquates , le vouloir-agir et le pouvoir-agir qui allient un contexte (conditions sociales, organisations, etc.) qui rend possible ou non la prise de risques ou de responsabilité d'une part, et d'autre part la motivation de l'individu à agir.

En conséquence, le concept de compétence revêt les atours d'une attitude face aux situations qui commandent d'agir en visant la réussite, au besoin en mobilisant des réseaux d'acteurs qui, pour atteindre cet objectif, vont contribuer directement à la prise en charge de ces situations en y apportant en tout cas leur soutien (P. Zarifian).

Cette observation valide l'idée d'une participation des réseaux des migrants à la construction et au renforcement des savoir, vouloir et pouvoir agir ( les compétences donc) dans l'optique d'augmenter la valeur de la main d'oeuvre du migrant, la compatibilité de ses aptitudes, traits de personnalité et connaissances acquises avec les attentes du marché du travail en mutation, lequel exige dans un contexte économique tendu une flexibilité, une adaptabilité à toute épreuve, une disponibilité immédiate et des compétences spécifiques. Ces compétences peuvent aussi être recherchées par les associations elles-mêmes qui font face à une crise sans précédent, ce qui tend à démobiliser les ressources humaines bénévoles.

Dans ce contexte, comme déjà évoqué plus haut, les communautés africaines de France peinent à identifier, inventorier, mobiliser et mettre en oeuvre des cadres opérationnels de valorisation des compétences de ses ressources humaines de haute facture. Si quelques États des pays d'émigration ont mis en place des politiques visant à mobiliser les compétences de leurs expatriés pour les besoins du développement national, d'autres en revanche ne s'en sont guère préoccupés : « Il existe(&) un handicap de poids : c'est la méconnaissance des ressources humaines qualifiées dans les pays d'accueil. Les consulats africains en Europe ignorent jusqu'au nombre de leurs ressortissants et ne savent rien de leurs compétences. Dans ce cas, comment envisager, de manière efficace, la mobilisation des ressources disponibles à des fins de développement s'il n'y a pas au préalable d'identification, d'organisation et de rationalisation du potentiel diasporique ?» (Babacar Sall, 2003).

Les compétences sub-sahariennes de la diaspora se recrutent donc assurément dans divers secteurs d'activités et du savoir (sciences et techniques, management, enseignement, arts, finances, institutionnel, etc.). Et si la presse africaine célèbre régulièrement les plus emblématiques de ses représentants à l'étranger, ceux qui s'illustrent dans un domaine particulier23, des exemples d'organisations africaines défrayant positivement la chronique des médias africains et occidentaux se font en revanche plus rares. Au-delà des réseaux diasporiques émergents, forts bien structurés et devenus modèles d'organisations des migrants hautement qualifiés tels les réseaux SANSA24 et SADN sud-africains, peu nombreux sont des mouvements diasporiques africains parvenus à un tel niveau d'organisation transnationale et de mobilisation de ses ressortissants les plus qualifiés. En dépit de quelques velléités d'agrégation des ressources compétentes çà et là (l'annuaire des compétences du FORIM par exemple), la dispersion des « sachant », des « exécutants » et des « performants »25 reste la règle.

Au-delà, la question des compétences pose aussi l'épineux problème des niveaux de qualification des migrants qui entrent ou aspirent à intégrer le marché du travail français. Or, il ressort des enquêtes de l'INSEE, et nous y reviendrons, qu'en considérant la population active immigrée dans son ensemble, la proportion des travailleurs

23 Voir le trimestriel Africa 24 Magazine, N° 7 d'août-Octobre 2012, sur les parcours élogieux de certains Africains de la diaspora à l'étranger.

24 SANSA : South African Network of Skills Abroad , SADN : South African Diaspora Network

25 Ces attributs résument les types de compétences qui résultent de l'interférence des trois sphères de savoir : le savoir, le savoir-faire et le savoir-être. Ainsi par exemple, le « sachant » combine savoir et savoir-être, l' « exécutant » résulte de la combinaison entre savoir-faire et savoir-être, le « performant» est celui qui maîtrise à la fois le savoir et le savoir-faire.

23

peu ou non qualifiés est conséquente. Cela pose la question de la formation de ces personnes, l'acquisition des compétences en lien avec la demande du marché, le développement de celles-ci ou leur remise à niveau, pour assurer aux demandeurs d'emploi par exemple un minimum de qualification requis pour prétendre à un emploi rémunéré dans une entreprise publique ou privée. En d'autres termes, par la formation continue les compétences des personnes semi qualifiées pourrait s'accroître et s'agréger aux aptitudes et habiletés acquises dans d'autres sphères du savoir. La présente étude sera aussi l'occasion d'évoquer l'utile réadaptation du dispositif de reconnaissance des titres de compétences acquises par exemple sans diplôme reconnu, parce que issu d'un apprentissage informel ou non formel, par l'expérience, comme c'est le cas chez bien des migrants non diplômés résidents en France.

Migrant ou immigré

Dans son rapport de 1991, le Haut Conseil à l'Intégration, s'appuyant sur les travaux de Michèle Tribalat (1989), a proposé d'appeler « immigrés » les personnes nées à l'étranger, entrées sur le territoire avec une nationalité étrangère et résidant en France depuis un an au moins. Un immigré en France, à différencier de l'étranger26, est donc une personne résidant en France mais née étrangère à l'étranger. Après son entrée en France, il peut soit quitter sa nationalité d'origine et devenir Français par acquisition, soit rester étranger. Le lieu de naissance et la nationalité d'origine sont les principaux critères officiels de définition de l'immigré. La notion telle que définie par l'INSEE inclut donc à la fois les immigrés non-Français(ou immigrés étrangers) et les immigrés naturalisés français.

Les descendants d'immigrés pour la plupart nés en France ne rentrent pas dans la catégorie d'immigrés, par convention27.

Cependant pour les besoins de la présente étude, nous avons ajusté notre définition au travers d'une démarche inductive, autrement dit à partir des données recueillies sur le terrain. Pour l'essentiel, nous avons collé à la définition du migrant qu'en donne l'INSEE, ce qui a permis d'intégrer dans notre échantillon une population d'immigrés aux statuts juridiques et caractéristiques socio-culturelles diverses. Étant entendu que la question de l'intégration et des opinions émises à ce propos nous apparaissent pertinentes pour autant qu'elles sont portées par les acteurs concernés à différents niveaux du processus d'intégration. Ce qui logiquement nous a obligé à élargir notre champ d'investigation. Il s'est par conséquent agi des immigrés d'Afrique sub-saharienne appartenant à l'une des catégories suivantes:

? Immigrés naturalisés français avec ou sans double nationalité et résidant dans l'agglomération lyonnaise

? Des immigrés étrangers (d'ancienne ou de fraîche installation) munis d'un titre de séjour et donc ayant

conservé leurs nationalités d'origine respectives.

Au total, ce sont donc à la fois des migrants à la retraite, des immigrés bénéficiant de la double nationalité, des migrants ayant conservé leurs nationalités d'origine, des travailleurs migrants très qualifiés, peu qualifiés ou sans qualifications, installés pour une longue durée, munis d'une autorisation de travail en bonne et due forme; des migrants entrés en France suite au regroupement familial, des réfugiés politiques28, les déplacés, migrants forcés

26 La notion d'étranger est fondée sur le critère de la nationalité. Un étranger est une personne qui n'a pas la nationalité française. Les personnes nées en France de parents étrangers sont étrangères; à leur majorité la plupart d'entre elles acquièrent la nationalité française (INSEE, 1999).

27 Conséquence de cette définition, les enfants d'immigrés, s'ils sont nés en France, ne sont pas eux-mêmes immigrés. Des non-immigrés donc

dont un au moins des deux parents est né étranger à l'étranger. Notons que le terme d'immigrés est lui-même sujet à caution, puisque d'un point de vue purement juridique seule prévaut la notion d'étrangers. Il s'agit essentiellement d'une convention à des fins d'études (Héran, 2002).

28 Un réfugié est une personne dont la demande d'asile a été accordée par un pays tiers et qui obtient donc la protection de ce pays. La qualité de réfugié est prévue par la Convention de Genève de 1951. Cependant, dans le cadre de cette étude, nous n'avons pas abordé la question des

24

et demandeurs d'asile, des étudiants régulièrement inscrits dans une école, institut universitaire, et dans une moindre mesure, pour les besoins d'illustration ou de comparaison avec leurs ascendants, des descendants d'immigrés souvent déjà Français.

À la notion de migrant, nous associons le concept de diaspora, qui évoque l'idée de dispersion des ressortissants d'un pays, d'une région dans diverses parties du monde, entretenant peu ou prou des liens avec le pays d'origine, par la conservation de la nationalité du pays en question, ou par des actions de nature variée: culturelle, économique , socio-politique ... quand bien même les individus auraient renoncé à cette nationalité ou alors en auraient acquis une seconde.

Natalia Buga29, à la lecture des définitions différentes du concept, distingue les diasporas par l'étape de leur processus de structuration ou encore par leur niveau de structuration. Aussi, identifie-t-elle:

- les diasporas à maturité (diasporas chinoise et indienne) et - les diasporas émergentes (la diaspora russe).

- Il existe toutefois une troisième catégorie aux contours flous, les diasporas en construction telle la
diaspora sud-africaine.

Selon leur niveau de structuration, les diasporas sont structurées en :

- réseaux primaires: expatriés exclusivement et directement en lien avec le pays d'origine;

- réseaux secondaires: expatriés en lien avec les ressortissants du même pays d'origine dans d'autres
localités du pays d'accueil (type 1) et dans d'autres pays de destination (type 2).

Les diasporas à maturité se situent clairement dans cette seconde catégorie et ont souvent gardé un lien culturel fort avec le pays d'origine dans lequel ils engagent d'importants investissements productifs et effectuent de gros volumes de transferts de fonds et de technologies mais aussi de ressources non-financières (RNF) : cognitives, organisationnelles, institutionnelles, relationnelles.

Au regard de ces éléments, où peut-on placer le curseur sur l'échelle de construction des groupes diasporiques subsahariens dans le monde en général et en France en particulier? Quelles logiques président aux rapports entre groupes issus d'un même pays ou de pays tiers ? Comment se structurent-ils et quels rapports et pratiques liées à l'intégration socio-économique, à la mobilisation des compétences et au développement des pays de départ? Nous allons tenter au travers de la démarche empirique d'apporter des éléments de réponse à ces questions.

Intégration

On y entend généralement un processus qui implique d'une part, la personne qui entreprend de s'intégrer et d'autre part, la société qui s'efforce de contribuer à la réalisation de cet objectif, parce qu'il y va de son intérêt (W.R. Böhning, R. Zegers de Beijl : 2008). Cette notion renvoie aussi à un résultat final. En clair, un état généralement qualifié de réussi, bien que ce ne soit pas toujours le cas. Et cette situation, comme tout processus social peut être potentiellement réversible, aboutissant à une situation de désintégration comme nous le verrons en ce qui concerne une frange importante de migrants à l'égard du marché du travail en France.

Vue sous l'angle des migrants, l'intégration se rapporte à la jouissance pleine et entière d'opportunités de droit et de fait que l'on peut comparer à celles des Français de naissance, présentant des caractéristiques similaires

réfugiés et de leurs organisations qui, même s'ils sont autant concernés par les politiques d'intégration et d'insertion, représentent out de même une histoire à part, qui a des caractéristiques spécifiques qui ne permettent pas une généralisation.

29 Natalie Buga, Les diasporas comme ressources d'intégration à l'économie mondiale, thèse de doctorat soutenue en juillet 2011, université de Grenoble, faculté d'économie, 517 p.

d'âge, de sexe, d'éducation, etc. Autrement dit, leur participation réussie aux mêmes produits de la vie de la société dont les deux groupes font partie. Notons toutefois que l'intégration implique un certain laps de temps et n'est pas applicable, a priori, à certains types de migrants, notamment les travailleurs temporaires. D'où le critère de la durée ou la continuité de résidence du migrant en France pour juger de la pertinence d'un processus d'intégration de part et d'autre de l'immigré et de la société d'accueil.

Une précision s'impose tout de même concernant la dimension d'autonomie culturelle que comporte la notion d'intégration.

Si elle diffère de l'assimilation, l'intégration doit néanmoins autoriser les dissemblances sur le plan des perceptions culturelles et des pratiques de la famille ou de la société par exemple. Aussi, se pose la question de savoir si ces perceptions et pratiques culturelles doivent être prises en compte et fonder des mesures spécifiques dans la démarche d'accompagnement à l'intégration sociale, professionnelle ou économique, la création d'entreprise par exemple. En d'autres termes, favoriser l'inclusion professionnelle et sociale n'implique-t-il pas de développer des outils adaptés aux besoins des migrants et à leurs spécificités culturelles de même qu'à leurs pratiques en matière d'activités économiques, y compris dans une République française aux aveugles aux particularismes ethniques? C'est sous ces atours que se posent la question et l'intérêt de la démarche interculturelle comme facteur ou facilitateur dans le processus d'intégration des immigrés.

Co-développement

Concept polémique à différents égards, il a pour cadre de naissance la sphère politique et non pas académique. Le concept est forgé sur « le constat d'une action positive des migrants sur le développement de leur pays d'origine » (Institut Panos Paris, 2009).

Il est cependant utile de distinguer dans une étude de 2009 sur le co-développement30 trois dimensions différentes que résume ce concept:

- Le co-développement par les migrants qui recouvre l'ensemble des pratiques spontanées des migrants en

faveur des régions de départ: tels les transferts individuels en termes d'envoi d'argent et de biens aux proches ou à des causes solidaires, les transferts collectifs qui prennent la forme des projets de développement et enfin les investissements productifs (création d'entreprises, les coopératives, les groupements d'intérêt économique, etc..).

· Le co-développement pour les migrants. Il faut y voir « les politiques liant développement et contrôle des flux(&) conçues et mises en oeuvre dans une optique de gestion globale des migrations, au niveau national ou international (politiques d'aide au retour volontaire, abaissement des coûts des transferts, aide à l'investissement et au transfert de compétences) » (Institut Panos Paris, 2009). Signe particulier de cette autre réalité du co-développement, les migrants sont absents de ces dispositifs, tout au plus y figurent - ils en tant que cibles.

· Le co-développement avec les migrants renvoie au regroupement des politiques destinées à soutenir les initiatives de développement au nombre desquelles : les dispositifs de cofinancement des projets, de programme de formation et de renforcement des capacités des organisations de migrants, la création de plateformes associatives et internet. « Ces dispositifs sont le plus souvent le fait d'autorités locales et incorporent des impératifs de bidirectionnalité (intégration). Les migrants sont souvent associés à leur mise en oeuvre, notamment par le biais de consultation en amont.»(Institut Panos Paris, 2009).

25

30 Institut Panos Paris, « Migrations, Développement et Co-développement: quels discours pour quels acteurs ? », Paris, 2009, 25p.

26

Ces trois dimensions recouvrent pour notre étude une égale importance. Elles posent automatiquement la triple question de l'impact réel et mesurable de ces approches sur le développement et l'intégration, l'amélioration des résultats au travers des évolutions organisationnelles et structurelles, puis les relations avec l'environnement institutionnel direct. Disons le autrement: comment le co-développement par, pour et avec les migrants peut-il favoriser une meilleure intégration de ceux-ci dans les dynamiques socio-économiques en France et une transformation efficiente des sociétés d'origine vers un mieux-être et un mieux-avoir?

La mobilisation, le développement, la valorisation par la mise à contribution des compétences des migrants est une piste entre autres , surtout dans une contexte international où l'économie de la connaissance occupe une place de plus en plus centrale dans les politiques et stratégies nationales de développement économique et social des pays du Sud, par la captation des ressources cognitives et techniques des expatriés très qualifiés.

Création d'entreprise

C'est tout d'abord un processus de création d'une organisation, d'une valeur, le fait d'innover, la détection et l'exploitation d'une opportunité31.

D'après l'INSEE, depuis le 1er janvier 2007, « la notion de création d'entreprise s'appuie sur un concept harmonisé au niveau européen pour faciliter les comparaisons ». Aussi, le concept recouvre-t-il 3 idées:

- La création proprement dite : créer une entreprise revenant à créer ou à mettre en oeuvre de nouveaux moyens de production, tout statut juridique confondu.

- Créer une entreprise consiste également en « la reprise par une entreprise nouvelle de tout ou partie des

activités et moyens de production d'une autre entreprise lorsqu'il n'y a pas continuité de l'entreprise reprise ».

- Le concept se réfère enfin au cas où après une interruption de plus d'un an, un entrepreneur (en général

individuel), reprend une activité32.

Le migrant entrepreneur qui intéresse cette étude rentrera donc dans tout ou partie de ces 3 cas de figure.

Le Grand Lyon

C'est l'appellation populaire de l 'agglomération lyonnaise ou Communauté urbaine de Lyon (son nom officiel). Identifié comme le plus important établissement public de coopération intercommunale français, le Grand Lyon désigne un regroupement de 58 communes de l'agglomération de Lyon, toutes localisées dans le département du Rhône. Intercommunalité créée par la loi 66-1069 du 31 décembre 1966 et devenue effective le 1er janvier 1969, cet ensemble de communes totalisait en 2009 selon l'INSSE 1.281.971 habitants, soit 80% de la population du département du Rhône qui se concentre sur 15 % du territoire et une densité de population de 2484,6 habitants /km2. Une population globalement jeune puisque les 15-29 ans, les 30-44 ans et les 0-14 ans représentent respectivement 23,7%, 19,5% et 17,1 % ; soit près de 60% de la population totale33.

31 Justin KAMAVUAKO-DIWAKOVA (2009), « Problématique de l'entrepreneuriat immigré en République Démocratique du Congo. Essai de validation d'un modèle», Thèse de doctorat présentée et soutenue en juin 2009, École doctorale Sciences de l'Homme et de la Société, université de Reims Champagne-Ardenne.

32 On considère qu'il n'y a pas continuité de l'entreprise si parmi les trois éléments suivants concernant le siège de l'entreprise, au moins deux sont modifiés lors de la reprise : l'unité légale contrôlant l'entreprise, l'activité économique et la localisation.

33 Source : Insee, Recensement de la population, 2009.

27

En plus de la ville de Lyon34 et ses 9 arrondissements, y figurent au nombre des communes de la très proche banlieue lyonnaise que cible la présente étude : Bron, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Vénissieux, Caluire et Cuire, Saint-Fons, Saint-Priest, Rillieux-la-Pape, etc.

En matière de coopération décentralisée, le Grand Lyon a élaboré un protocole de coopération qui le lie à la ville de Ouagadougou au Burkina Faso. D'où d'ailleurs le dynamisme remarqué de la coopération entre l'Association des Burkinabé de la région lyonnaise (ABL) et la communauté urbaine du Grand Lyon.

19 communes de cette agglomération comptent plus de 10.000 habitants et, signe particulier, 14 de ces communes souvent situées à l'est du territoire lyonnais concentrent l'essentiel des zones de précarité selon une étude de l'INSEE datant de 201035. Nous pouvons d'ores et déjà postuler à ce niveau de notre étude qu'en plus de leur forte présence dans Lyon intra-muros, les immigrés africains et maghrébins se concentrent principalement dans les frontières correspondant globalement à ces zones identifiées comme abritant les phénomènes les plus accentués de la précarité (monétaire, emploi, familles en difficulté...) et éligibles aux actions de la Politique de la Ville (Insertion, Aménagement urbain, etc.).

Figure 1 : Carte du Grand Lyon et communes environnantes

Source : Wikipédia

34 Le quartier de la Part-Dieu à Lyon abrite les services de l'hôtel de la communauté. Le développement et l'aménagement économique, social et culturel est de la compétence de la Communauté du Grand Lyon, de même que les services d'intérêt collectif, l'aménagement de l'espace communautaire, la gestion de l'habitat social, les transports urbains ou encore la politique de la ville dans le cadre duquel s'insèrent quelques-unes des politiques et dispositifs d'accompagnement des immigrés à l'intégration.

35

« Grand Lyon : la précarité reste concentrée à l'est de l'agglomération », étude réalisée par INSEE Rhône-Alpes, en partenariat avec la Préfecture de Rhône-Alpes, septembre 2010.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo