PARTIE 1
CONTEXTE MIGRATOIRE DES AFRICAINS SUBSAHARIENS EN
FRANCE ET DANS LE RHONE
Qui sont les migrants subsahariens en France et dans le Grand
Lyon ? La présente section tente d'établir le profil
socio-économique des immigrés d'Afrique subsaharienne
résidant dans le périmètre géographique de notre
recherche (Chapitre 1) et les justifications sociales des politiques publiques
d'intégration et d'insertion dans l'emploi et le logement notamment et
enfin le niveau d'ancrage des associations migrantes dans ces actions publiques
(Chapitre 2) et les principaux enseignements qui en découlent au niveau
de la nécessité d'une structuration plus efficace des
réseaux diasporiques africains.
Chapitre 1. MIGRATIONS
SUBSAHARIENNES EN FRANCE ET DANS LE GRAND LYON 29
Section 1 : Qui sont les migrants subsahariens de France et
du Grand Lyon? 29
Section 2 : Emploi, qualifications et insertion
professionnelle des immigrés en France 43
Section 3 : Les immigrés et le marché du
travail dans le département du Rhône et le Grand Lyon
spécifiquement
50
Chapitre 2 : LE CADRE D'INTEGRATION DES MIGRANTS
SUBSAHARIENS 53
1. Un bref historique de la politique d'intégration
en France 53
2. Nouvelles Orientations nationales de la politique
publique d'intégration sous la houlette de l'Union
européenne. 54
3. Mesures spécifiques d'insertion professionnelle
des migrants au niveau départemental 58
4. Présentation sommaire du dispositif du Plan Local
pour l'Insertion et L'Emploi 60
5. Politique d'intégration et politique de la ville :
quelles convergences dans le Rhône? 63
29
Chapitre 1. MIGRATIONS SUBSAHARIENNES EN FRANCE ET DANS
LE GRAND LYON
Section 1 : QUI SONT les MIGRANTS SUBSAHARIENS de
France et du Grand Lyon?
1.1. Données générales sur
l'immigration en France
1.1.1. Bref rappel historique de l'immigration
subsaharienne en France
L'immigration en France est un phénomène ancien
qui remonte au Moyen-âge (Laetitia Van Eeckhout, 2007). Toutefois, les
immigrés dont il est question dans cette étude sont originaires
des pays de l'Afrique sub-saharienne ayant ou pas des liens historiques avec la
France. La première vague des migrants durablement installés est
arrivée après la Grande Guerre, afin de pallier l'insuffisance de
main d'oeuvre au moment où la croissance économique en France
suscitait un appel à main d'oeuvre principalement venue de l'Europe du
Sud36 et du Maghreb. Il s'est agi pour les pouvoirs publics
d'encourager et d'organiser l'immigration de travail tout en mettant en place
des dispositifs visant à la contrôler. Mais c'est clairement dans
les années 60 que les mouvements de décolonisation en Afrique
francophone vont alimenter une nouvelle vague de flux migratoires en provenance
d'Afrique sub-saharienne (pour le travail dans l'industrie française ou
les études pour ce ceux des étudiants qui parfois de retour dans
les pays d'origine occupaient d'importants postes à
responsabilité). Mais après 1974, le 1er choc pétrolier va
donner un coup d'arrêt à l'embellie économique des Trente
glorieuses. Le Gouvernement de Giscard d'Estaing va annoncer officiellement
l'arrêt de l'immigration de travail, la substituant par l'immigration
familiale (le regroupement familial)37 et ouvrant les
frontières également aux seuls demandeurs d'asile. A partir de
cette date, on note en France un prolongement du séjour des
immigrés du continent noir, une accentuation du regroupement familial et
un impact limité des aides au retour. L'on note une diversification des
flux migratoires avec une augmentation rapide de la part des originaires d'Asie
(18%) et des sub-sahariens (17%). Une stagnation de même de l'immigration
européenne (32%) et de l'immigration maghrébine (29%). En 1975,
les immigrés représentent 7,5% de la population globale en
France, avec respectivement 17% pour les sub-sahariens ce qui reste
légèrement stable par rapport aux années
antérieures. C'est toutefois entre 1999 et 2008 que l'on note une
progression importante de la part des immigrés dans la population qui a
crû de 22% à raison de 2% de croissance démographique
annuelle.
En 2008, selon les derniers recensements officiels de l'INSEE
au niveau national, publiés le 10 octobre 2012 et consultables sur son
portail internet : « 16 % des enfants mineurs nés en France
vivent avec au moins un parent immigré, contre 10 % en 1975. Cet
accroissement est la conséquence de la hausse du nombre
d'immigrés de la génération précédente en
âge d'avoir des enfants. Il est aussi favorisé par l'existence des
unions mixtes qui, à population d'immigrés donnée,
augmente le nombre d'enfants ayant au moins un parent immigré
». Voir le tableau 1 ci-après.
36 Parmi les immigrés résidant aujourd'hui en
France, 22 % sont arrivés avant 1974 : 57 % d'entre eux sont
européens, principalement portugais, espagnols et italiens, et 34 % sont
maghrébins; seuls 4 % sont originaires d'Asie (Turquie incluse) et 5 %
d'Afrique subsaharienne .Voir recensement 2008 de l'Insee.
37 D'après l'Insee, cité par Van Eeckhout : «
Cette procédure permet au ressortissant étranger
régulièrement installé en France d'être rejoint par
les membres de sa famille proche, son conjoint et ses enfants mineurs, sous
réserve de remplir certaines conditions (&) Pratiqué depuis
toujours, le regroupement est longtemps resté un droit non
réglementé. I n'a été reconnu qu'en 1976, par un
décret de trente lignes. Depuis cette date, pour faire venir sa famille,
un étranger doit justifier d'un certain temps de résidence
préalable en France, disposer de ressources stables et suffisantes et
d'un logement adapté. Ces règles n'ont cependant cessé
d'être durcies, la réglementation ayant été
modifiée pas moins de 14 fois» (op.cit.)
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