CONCLUSION GENERALE
La tâche nous incombait dans le cadre de ce travail de
comprendre les raisons de l'insuffisante implication des migrants dans les
actions d'intégration dans le Rhône et les solutions
portées par les acteurs associatifs eux-mêmes de manière
à créer un espace intégré de concertation, de
collaboration qui faciliterait la mobilisation des compétences des uns
et des autres. L'un des horizons à atteindre étant de mettre ces
compétences au service de la construction de l' « agir »
économique et social du migrant subsaharien dans le Grand Lyon.
Nous sommes partis du postulat que pour être
suffisamment efficace là-bas et installer cette efficacité sur la
durée, il convenait de créer les conditions d'accès aux
ressources, de manière autonome. L'intégration
socio-économique ici apparaissant comme une des clés du
problème. Au terme de notre travail, force est de constater que le
chantier reste vaste. Nous avons certes noté des velléités
d'autonomisation des migrants subsahariens, mais essentiellement
cantonnées au champ de l'interculturel et des valeurs. Peu d'initiatives
économiques portées collectivement, si ce n'est quelques rares
associations oeuvrant à promouvoir l'entrepreneuriat auprès des
femmes, sans une adhésion totale de celles-ci.
Les causes de cette non-implication sont réelles et
connues de tous, à des échelles variables certes : dispersion des
énergies et des compétences, démobilisation, guerres
intestines et fragilisation de la cohésion sociale au niveau des
associations africaines, difficulté à se parler et à
parler d'une voix.
Chacun des acteurs que nous avons rencontrés y est
allé toutefois de sa solution et au final, ces propositions
émises pourraient faire office de manifeste, de programme d'actions pour
les prochaines années. Des préconisations multiples où se
recrutent pêle-mêle les conditions sine qua non de construction ou
d'accumulation du capital social, les moyens de mobiliser les capitaux
économiques et culturels et surtout les facteurs de fabrication du
capital humain (compétences, capacités opérationnelles).
Les obstacles sont énormes mais la détermination reste de mise et
portée par une poignée d'acteurs très actifs et convaincus
que le premier fait, quand il est sûr provoque un effet d'entrainement et
fait reculer les réticences, les atermoiements des uns et des autres.
Une vision, un leader, une volonté d'agir, une capacité à
agir, la mobilisation des moyens et outils pour ce faire et le contexte sont
les ingrédients de la réussite, au regard de ce qui ressort
globalement des discours des acteurs associatifs interrogés.
Toutefois, nous ressortons de cette enquête avec un
enseignement principal et ceci nous a été
répété à longueur d'interviews: Point de salut pour
la communauté associative subsaharienne sans unité. Les
modalités de cette union restent cependant à définir. Mais
des constructions sont en cours avec les difficultés inhérentes
au commencement d'un chantier d'envergure. Ces tentatives d'union, diversement
appréciées, bénéficient tout de même d'un
appui essentiel d'une partie importante des acteurs rencontrés, mais
aussi d'un appui « politique » des acteurs institutionnels de
l'agglomération lyonnaise, témoin de l'évènement
qui a placé sur les fonts baptismaux l'un de ces ouvrages unitaires.
La relation Migration et Intégration, si peu
souvent traité et discuté sous l'angle de la contribution des
migrants installés dans les pays d'accueil, aurait mérité
des approfondissements sur un certain nombre d'aspects. Sans doute est-ce
là une occasion ouverte pour poursuivre la réflexion sur ce
thème encore en friche.
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