4.1.2 Réflexion sur
l'employabilité, abordée dans le cadre de la RSE
4.1.2.1 Objectif de la mise en relation des concepts de RSE
et d'employabilité
Penser l'employabilité en terme de
développement
La mise en relation de ces deux concepts permet d'aborder
l'employabilité sous l'angle de son développement. En effet, le
développement de l'employabilité suppose l'action d'une ou
plusieurs entités qui, dès lors qu'elles disposent de moyens
d'actions, sont susceptibles d'être considérées comme
responsables de ce développement. L'entreprise peut être vue comme
une de ces entités puisqu'elle met en oeuvre pour ses propres besoins
des outils qui sont des facteurs de développement de
l'employabilité (formation, gestion des compétences,
mobilité,...).
4.1.2.2 L'employabilité entre-t-elle dans le champ
d'application possible de la RSE ?
Nous aborderons cette question à partir de l'analyse
que nous avons menée sur les conditions d'existence de la RSE par
rapport à un fait donné.
Le fait génère un impact
sociétal
Le fait qui doit être pris en compte est le
phénomène de manque de développement de
l'employabilité. Ainsi, nous sommes dans d'un manque ou d'une absence de
réalisation, autrement de ce que nous avons appelé un
non-acte.
L'entreprise peut réaliser l'acte
L'acte correspond au développement de
l'employabilité. L'entreprise est en mesure, en règle
général, de mener des actions de développement de
l'employabilité. Ce type d'actions fait partie de ses activités
ordinaires (former ou organiser la formation d'une personne ; organiser la
réalisation d'un bilan de compétences, ...)
La non-réalisation de l'acte est le
résultat d'une décision purement interne à
l'entreprise
C'est en général le cas par le biais des
décisions prises en matière de diminution des budgets Formation,
par l'orientation de formation opérationnelle qui servent moins le
développement de l'employabilité que les formations plus
généralistes, par exemple.
Nous en déduisons que le non développement de
l'employabilité est susceptible d'entrer dans le champ de la
responsabilité sociale de l'entreprise.
4.1.2.3 Mise en oeuvre de la RSE en matière
d'employabilité
Afin de préciser notre réponse quant au niveau
de responsabilité de l'entreprise pour le développement de
l'employabilité, il est possible de mettre à jour plusieurs
arguments contradictoires. Le niveau de responsabilité s'exprimera en
terme de responsabilité d'engagement ou de responsabilité
d'obligation.
L'entreprise peut avoir un effet positif sur le
développement de l'employabilité
Lorsque l'entreprise fait évoluer un individu en terme
de responsabilité, en terme de poste, lui assurant une
complémentarité dans les diverses expériences, lorsqu'elle
fait accompagner cette évolution de formation, nous aurons tendance
à dire qu'elle opère un effet positif sur
l'employabilité.
Un minimum garanti d'effet positif
Le lien entre RSE et employabilité soulève
la question suivante : le fait que l'entreprise ne met en oeuvre que peu,
voire aucune action en faveur d'un développement de
l'employabilité signifie-t-il qu'elle a un effet négatif sur
l'employabilité ?
Une première réflexion conduit à
répondre par la négative dans la mesure où le fait
même d'employer l'individu joue un rôle positif sur
l'employabilité. Sous cet angle, la situation où l'entreprise ne
mène aucune action n'existe pas véritablement : pour le
moins, elle emploie l'individu.
La détention du pouvoir
L'entreprise exerce également une responsabilité
dans la mesure où elle détient le pouvoir sur des actions qui
découlent d'obligations légales en faveur de
l'employabilité des salariés. C'est le cas de la formation dont
les niveaux minima sont fixés par la Loi. C'est également le cas
des bilans de compétences, ou encore du nouveau dispositif de formation,
le DIF.
Elle est également responsable de
l'employabilité dans la mesure où l'on sait qu'un
développement de l'employabilité n'est possible que dans la
mesure où les actions s'inscrivent dans le temps et demandent donc une
disponibilité sur le long terme. Ainsi, l'individu doit concilier le
développement de l'employabilité avec son activité
professionnel. Il doit alors composer avec l'entreprise pour trouver une
organisation facilitant des actions en faveur de son employabilité. Nous
voyons, à travers ces arguments que responsabilité rime avec
pouvoir : pouvoir de décision, pouvoir de mise en oeuvre, pouvoir
d'empêchement. Là où il y a pouvoir, il y a
responsabilité.
Une responsabilité conjointe
Mais le développement de l'employabilité n'est
pas aisé à obtenir pour l'entreprise, en premier lieu parce qu'il
dépend de plusieurs acteurs, dont le principal est l'individu et non
l'entreprise. L'acteur qui est le premier responsable de l'employabilité
est l'individu lui-même. C'est en effet sur lui qu'intervient le
changement et ce changement ne peut se faire sans sa participation.
Un acte pour des effets incertains
L'employabilité dépend d'une multitude de
facteurs dont certains sont influençables, d'autres pas. D'autre part,
le développement de l'employabilité ne peut se réaliser
que grâce à la réalisation de diverses actions
exercées dans la durée. Ainsi, une même action
exercée sur deux individus et impactant a priori l'employabilité
n'aura, bien souvent, et sans avoir des effets radicalement différents,
pas le même impact sur l'employabilité.
Les actions de l'entreprise qui devraient a priori
améliorer le niveau d'employabilité de l'individu ne produiront
donc pas toujours, loin de là, les résultats positifs
escomptés. Ce constat constitue une limite forte à la
responsabilité de l'entreprise en matière de progression de
l'employabilité.
A la lumière de tous ces éléments, nous
en concluons que le premier responsable de l'employabilité est
l'individu lui-même. L'entreprise constitue un contributeur
éventuel (aucune contrainte ne peut s'exercer sur l'entreprise pour
l'obliger à développer l'employabilité) et
aléatoire dans la mesure où son action peut être
contrée par une absence de volonté de l'individu de faire
évoluer son employabilité.
Ainsi, si l'entreprise peut impacter le niveau
d'employabilité, on ne peut parler de responsabilité sociale de
l'entreprise obligatoire en la matière dans la mesure où elle ne
peut être tenue pour première responsable de l'échec d'une
action réalisée et dans la mesure où une absence pure et
simple d'action en faveur de l'employabilité n'existe pas (le simple
fait d'employer une personne à un effet positif sur son
employabilité). En matière d'employabilité, un
développement sera plus certainement assuré si nous abordons la
problématique à partir d'une approche de type
responsabilité par l'engagement, correspondant mieux à la
réalité de la situation.
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