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Conditions d'éligibilité du président de la république et démocratie en Afrique subsaharienne

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par Eveline RODRIGUES PEREIRA BASTOS
Université Paris I Panthéon-Sorbonne - Master 2 droits africains 2011
  

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II) Neutralisation des conditions d'éligibilité sous le monopartisme de droit

À la différence du monopartisme de fait, le monopartisme de droit présente une fermeture à la concurrence électorale affichée. En effet, le texte fondamental va instituer le parti unique comme seule instance dirigeante de l'État, et c'est l'instance de laquelle doit émaner le président de la République.

Il semble que durant cette période, les dispositions d'éligibilité aient été complètement neutralisées. Ainsi, Gérard Conac dira par exemple qu'au Bénin, « la règle de l'élection du Président au suffrage universel direct (Constitution 1970, art. 3 et 4) est en fait « retenue » par le parti unique qui détient l'exclusivité de la représentation nationale : le Chef d'État, qui est d'abord et aussi Président du parti, étant élu directement par le congrès du Parti (Constitution de 1970, art. 37)90 ». On retrouve la même situation au Congo (Brazzaville), où le chef du Parti congolais du travail est automatiquement investi comme président de la République91. On voit bien ici que la confiscation au peuple de son pouvoir de choix coïncide avec l'extinction de la nécessité des conditions d'éligibilité.

Les conditions d'éligibilité deviennent inexistantes, ou du moins elles se résument à exprimer la volonté du parti unique. Ainsi, par exemple, la naissance du Parti démocratique gabonais, en 1968, va marquer le passage d'un monopartisme de fait à un monopartisme de droit, dans lequel le parti unique sera érigé en institution d'État92. La révision constitutionnelle intervenue le 29 juillet 1972 a modifié l'article 4 de la Constitution du 17 février 1961, établissant que « nul ne peut se voir confier un mandat public électif, s'il n'est pas investi par le parti ». L'affirmation du seul choix laissé au parti unique est ici claire.

L'intérêt que suscite l'analyse de ces régimes passés réside dans l'enseignement qu'ils peuvent nous fournir quant aux risques liés à une mauvaise utilisation des conditions d'éligibilité. On constate qu'il est aisé d'utiliser les conditions d'éligibilité comme outil antidémocratique, pouvant aboutir à fausser considérablement le jeu

90 Gérard Conac, « Les procédures de révision constitutionnelle », in Gérard Conac (dir.), Les institutions constitutionnelles des États d'Afrique francophone et de la République malgache, Paris, Economica, 1979, p. 71.

91 Selon l'article 36 de la Constitution du 12 juillet 1973 : « Le Président du Parti congolais du travail est Président de la République et Chef de l'État ». Voir Dimitri-Georges Lavroff, Les systèmes constitutionnels en Afrique noire : les États francophones, Paris, Pedone, 1976, 438 p.

92 Frédéric Joël Aivo, Le président de la République en Afrique noire francophone : genèse, mutation et avenir de la fonction, Paris, L'Harmattan, 2007, p. 244.

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politique et, donc, à les écarter du but moderne qui leur a été assigné depuis la vague de démocratisation des années quatre-vingt-dix. Ce détournement des conditions d'éligibilité a pris, ces dernières années, une forme moins aisément contestable car ayant l'apparence de la légalité.

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