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Les mécanismes de gestion de la dette publique intérieure du Cameroun. Cas de la titrisation

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par Guy Arsène NYANGOE
Université de Yaoundé II (SOA) - Diplôme d'études approfondies 2009
  

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CHAPITRE I : LES CONDITIONS D'EMISSION DES EPN

Les mécanismes de gestion de la dette publique intérieure du Cameroun : le cas de la titrisation

Mémoire présenté et soutenu publiquement par NYANGOE Guy Arsène Page 27

Mémoire présenté et soutenu publiquement par NYANGOE Guy Arsène Page 28

Les mécanismes de gestion de la dette publique intérieure du Cameroun : le cas de la titrisation

La crise économique de la seconde moitié des années 80 dont les effets ont ébranlé le système financier du Cameroun, a entraîné à sa suite, une crise de liquidité. Pour juguler les effets de celle-ci sur la solvabilité de l'Etat, plusieurs solutions ont été mises en oeuvre avec des fortunes diverses. La titrisation arrive dans le paysage financier du Cameroun dans un contexte d'insolvabilité de l'Etat. Celle-ci a été retenue comme « un instrument privilégié de traitement des arriérés intérieurs de l'Etat »117. Cette technique dite novatrice a permis à l'Etat de transformer les engagements non négociables en créances négociables, cessibles et remises en échange aux créanciers de l'Etat. La question de la mise en oeuvre de cette technique nécessite la satisfaction des formalités relatives à la politique d'émission et de souscription des valeurs mobilières. Ainsi, l'opération de titrisation de la DPI ou d'émission des EPN obéit à une procédure bien déterminée dont le respect des conditions est une garantie de son succès. Cette opération requiert donc le respect des conditions procédurales d'émission (section I) et des conditions liées aux modalités de souscription (section II) des EPN.

SECTION I : LES CONDITIONS PROCEDURALES D'EMISSION DES

EPN

L'émission des titres publics118 n'est pas l'émanation de la seule volonté du gouvernement. Elle s'inscrit dans un cadre global d'apurement de la dette publique119 contenu dans les lois de finances de chaque année. Ainsi, le cadre institutionnel de l'émission des EPN passe donc par le respect des formalités légales et administratives où les pouvoirs législatif et exécutif interviennent respectivement pour une approbation et l'application des lois (paragraphe I). Après cette première étape, l'administration, bras séculier de l'Etat, est chargée de la mise en oeuvre de la politique de l'émission des titres publics par le truchement des organes spécialisés (paragraphe II).

117 NDONOU (R), « Le marché des effets publics négociables du Cameroun, journée de réflexion sur la formulation d'une stratégie, de gestion de la dette intérieure du Cameroun » Yaoundé 21-24 novembre, 2005. op.cit.

118 Obligations et bons du Trésor ou Bons Assimilés du Trésor.

119 Loi n° 2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l'Etat.

Mémoire présenté et soutenu publiquement par NYANGOE Guy Arsène Page 29

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PARAGRAHE I. LES PROCEDURES LEGALES

Le rôle du pouvoir législatif en matière financière est défini par la constitution dans son article 26. D'ailleurs, le parlement adopte et contrôle l'exécution du budget c'est-à-dire la qualité de la dépense. Ce pouvoir que lui confère la Constitution permet au parlement d'intervenir en aval sur la procédure d'émission des titres publics en général et des EPN en particulier. A ce stade de la procédure, les pouvoirs législatif et exécutif agissent en synergie pour le respect de la légalité. Car l'article 26(2) (d) (2) fait référence au « budget »120 dont la préparation incombe au gouvernement tandis que l'adopte et le contrôle sont dévolus à la compétence du parlement. Le professeur LEKENE DONFACK définit le budget comme étant un « acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses annuelles de l'Etat et des autres services que les lois assujettissent aux mêmes règles »121.

La référence au budget de l'Etat dans ces analyses est un préalable nécessaire pour une meilleure compréhension des différentes conceptions de l'emprunt public122 d'une part et d'autre part de la titrisation. Pour les uns, l'emprunt de l'Etat détourne au profit d'activités publiques123, une partie de l'épargne privée qui devait servir au financement des investissements productifs des entreprises. Pour les autres par contre, l'emprunt public est désormais considéré comme un moyen d'intervention économique aux mains de l'Etat. En effet, l'Etat n'est pas un agent économique assimilable aux particuliers du simple fait qu'il assure la direction de l'économie. Au final, l'emprunt ne joue plus seulement le rôle de procédé exceptionnel de couverture des charges publiques, il est également utilisé comme instrument d'intervention sur l'épargne et la consommation.

L'analyse des différentes conceptions de l'emprunt dans ces travaux s'impose au regard des charges que le remboursement d'un emprunt public fait peser sur le budget de l'Etat. C'est la raison pour laquelle les pouvoirs législatif et exécutif doivent travailler en étroite collaboration en matière d'émission des titres publics et des EPN, et de gestion de la dette

120 Loi constitutionnelle n° 96/06 du 18 janvier 1996 op.cit.

121LEKENE DONFACK, Finances publiques camerounaises, op.cit, P. 35.

122 Idem. op.cit. P. 34.

123 LALUMIERE (P), Finances publiques, op.cit, PP. 410 et s.

LEKENE DONFACK, Finances publiques camerounaises, op.cit, P. 187.

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publique pour conserver un marché des titres viables et éviter ce que le professeur Raymond MUZELLEC qualifie d'effet « boule de neige »124 . Pour ce faire il sera analysé tour à tour le rôle du pouvoir législatif (A) et celui du pouvoir exécutif (B) en matière d'émission des EPN.

A. LE ROLE DU POUVOIR LEGISLATIF

Le rôle du pouvoir législatif d'une manière générale en matière financière se résume en un rôle d'approbation d'une part (1) et de contrôle d'autre part (2). Ce rôle est identique en ce qui concerne l'émission des EPN.

1. LE ROLE D'APPROBATION DU POUVOIR LEGISLATIF

L'émission des obligations du Trésor par l'Etat s'assimile aux emprunts à long ou moyen termes. Comme tel, ils doivent être autorisés par une loi. Le gouvernement est l'autorité compétente pour décider de leur émission. Mais pour ce qui est de leur autorisation, elle est du ressort du Parlement. Ces émissions sont faites conformément aux autorisations générales données chaque année par la loi de finances125. Toutefois, cette autorisation est relative. D'abord parce qu'elle ne vaut que pour l'année en question et qu'ensuite des autorisations expresses sont nécessaires pour les émissions libellées en devise.

Dans la pratique, la loi de finances, dans un article devenu traditionnel, reprend cet énoncé : « Le Gouvernement est autorisé, à recourir à des émissions des titres publics notamment les obligations du Trésor, pour des besoins de financement des projets126... »

En plus de l'autorisation, le parlement joue également un rôle de contrôle.

124 MUZELLEC (R), Finances publiques, op.cit, P. 436.

125 La loi n° 897/PJL/AN portant loi de finances de la république du Cameroun pour l'exercice 2012 prévoit 287 milliards de francs CFA au titre du service de la dette publique. Le Chapitre IV de la loi N°2012/014 du 21 décembre 2012 portant loi de finances de la République du Cameroun pour l'exercice 2013, prévoit une enveloppe de 221 200 millions de FCFA au titre du service de la dette publique.

126 BIDIAS (B), Finances publiques du Cameroun, op.cit., P. 483.

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2. LE ROLE DE CONTROLE DU POUVOIR LEGISLATIF

La pratique constitutionnelle camerounaise reconnaît au parlement un pouvoir de « contrôle » de « l'action gouvernementale par voie des questions orales ou écrites et sur des objets déterminés »127. En matière financière, ce contrôle est parfaitement justifié au regard du dégrèvement que subi le budget de l'Etat pour l'apurement de la dette publique. En d'autres termes, le gouvernement est assujetti à l'autorisation parlementaire en matière d'émission des titres publics et des EPN. Cela est davantage vrai compte tenu du rôle du pouvoir législatif matière budgétaire et financière128.

L'opportunité de ce contrôle trouve sa justification dans le fait que la saine gestion des finances publiques est devenue sensible et les modes de contrôles plus modernes et coercitifs129. En ce qui concerne l'apurement de la DPI et particulièrement l'émission des EPN en échange des créances sur l'Etat ou garanties par lui, celles-ci doivent être motivées et conformes à la législation. Ainsi, conformément au règlement CEMAC n°12/2007-UEAC-186130, relatif à la politique d'endettement et à la gestion de la DPI au sein de la CEMAC, les motifs de l'émission des titres publics doivent être certains, opportuns et conformes à la réglementation communautaire en la matière. Ce règlement, étape importante de la réforme juridique et institutionnelle de la gestion de la dette publique, fait obligation à l'Etat camerounais d'élaborer et d'annexer à la loi de finances de chaque année un document de stratégie d'endettement public faisant ressortir outre la justification de l'emprunt, les plafonds d'endettement et des garanties accordées par l'Etat, la structure du porte feuille des nouveaux

127 Art. 35 de la loi constitutionnelle n° 96/06 du 18 janvier 1996 op.cit.

128 MBELLE ANGOULA (D), La répartition des compétences en matière de préparation du budget de l'Etat du Cameroun, Université de Yaoundé II, année académique 2008/2009, 135 p.

129 Cf. Dr. MOYUM KEMGNI (G), La nouvelle gouvernance financière du Cameroun, in Juridis périodique, 2007, PP.293-329; RASJ.

Dr. NNANGA (S.H), La protection juridictionnelle des finances publiques africaines, in Juridis périodique, 2007, PP. 287304, RASJ.

130 Règlement n° 12/07 UEAC-186-CM-15 portant cadre de référence de la politique d'endettement public et de gestion de la dette publique dans les Etats membres de la CEMAC.

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emprunts, les termes indicatifs des nouveaux emprunts, le profil de viabilité de la dette sur un horizon de 15 ans131.

Avant la mise en oeuvre de ce règlement, le Cameroun ne connaissait pas le principe de la limitation par la loi du plafond de dette publique132. L'idée de plafonnement de la dette est une technique qui a pour objectif d'éviter les tentations de facilité en empêchant les pouvoirs publics d'accroître exagérément des dépenses.

Après l'autorisation parlementaire, il revient au gouvernement de fixer par un acte règlementaire le régime juridique des titres à émettre.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld