Première partie
Analyse de la problématique ALM et
revue de la littérature
1 Le pilotage actif-passif
1.1 Notions autour du risque ALM
Le bilan simplifié d'une banque de détail
comprend les principaux postes suivants.
Actif
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Passif
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Immobilisations
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Capitaux propres
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Crédits immobiliers
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Comptes-chèques (CCP)
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Crédits à la consommation
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CSL (comptes sur livrets)
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Autres créances
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LA/LDD/LEP (livrets réglementés)
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Portefeuille de marché
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PEL/CEL (épargne logement)
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Trésorerie
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Programmes de financement
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(émissions d'obligations/emprunts interbancaires)
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Le passif, qui correspond aux ressources de la
banque, est essentiellement constitué de l'épargne et des
dépôts de la clientèle. Ces dépôts sont dits
à vue, car ils peuvent être exigés à tout
instant par le client (d'où le terme de passif sans
échéance), et constituent la principale «raison
d'être» de la gestion ALM. À l'exception des comptes
courants, les dépôts sont rémunérés selon des
taux qui évoluent'. Tous ces dépôts sont
comptabilisés en couru, c'est-à-dire en coût amorti : on
effectue une analyse période après période des flux
d'intérêts et des décaissements qui seront amenés
à les affecter aux différentes dates futures.
À l'actif, qui correspond aux emplois,
figurent, notamment, les crédits distribués par
l'établissement bancaire aux particuliers et aux entreprises. Environ
90% de ces crédits sont contractés à taux fixe. Les
excédents de trésorerie sont généralement soit
prêtés à d'autres établissements (sur le
marché interbancaire) soit investis en des portefeuilles de titres,
d'échéances similaires à la durée de vie moyenne
estimée des postes au passif. Les titres sont soit affectés en
trading et comptabilisés en valeur de marché, ou
Marked-To-Market, soit détenus jusqu'à maturité
(HTM pour Held To Maturity) et comptabilisés en coût
historique.
La détention d'obligations souveraines,
considérées comme des titres sûrs, permet à la
banque de les mettre en garantie pour se refinancer auprès de la Banque
Centrale en cas de stress de liquidité.
En fonction de l'adossement emplois-ressources, la banque de
détail a un :
- Besoin de liquidités lorsqu'il y a insuffisance des
dépôts pour faire face à la demande de crédits. Il
lui faut alors trouver ces ressources, par exemple en émettant des
titres ou en ayant recours au prêt interbancaire;
- Excédent de liquidités lorsque toute
l'épargne liquide n'a pas été transformée. La
banque peut alors utiliser ces ressources pour prêter sur le
marché interbancaire ou investir en titres.
'Par exemple, le taux du livret A est
actualisé tous les trois mois : réglementé, il tient
compte du niveau de l'inflation et des taux courts
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Ainsi, la banque de détail finance l'investissement en
transformant l'épargne liquide des différents comptes clients en
prêts à long terme (figurant à l'actif). Cette
activité des banques, l'intermédiation, leur fait porter
un risque de liquidité, en raison des différences de
maturité entre les deux types d'engagements. La difficulté de la
gestion bancaire, pour les établissements de crédit,
réside essentiellement dans le fait suivant : les postes figurant au
passif présentent en majorité une maturité
incertaine et servent à financer les postes figurant à
l'actif qui se caractérisent essentiellement par un
échéancier connu. En pratique, le passif est
globalement considéré comme un poste court terme alors que
l'actif comprend essentiellement des crédits à long terme. Ainsi,
l'établissement de crédit se retrouve engagé sur deux
«terrains» à des niveaux opposés. Intuitivement, on
comprend que toute la difficulté de ce service de transformation pour la
banque est d'assurer une rentabilité a minima tout en contrôlant
ses prises de risque afin de pouvoir tenir à tout instant ses
engagements sur les deux «terrains».
La Banque Postale totalise actuellement plus de 11 millions de
comptes courants actifs (comptes chèques), désignés en
interne sous l'appellation Comptes Courants Postaux (CCP). Ces comptes
courants, non rémunérés, représentent environ un
tiers de son passif, soit approximativement 45 milliard d'euros actuellement.
Cette banque n'est toutefois pas représentative de la plupart des autres
établissements de crédit français dans la mesure où
elle totalise un nombre bien plus élevé de dépôts de
clientèle que la majorité d'entre eux. Cette
spécificité lui permet de prêter massivement sur le
marché interbancaire.
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