Introduction
Les banques de détail jouent principalement le
rôle d'intermédiaire financier et rendent un service de
liquidité: elles empruntent à court terme aux personnes ayant un
excès de financement (par le biais de leurs dépôts) et
prêtent, en général à long terme, aux personnes
ayant un besoin de financement. Ce mécanisme fondamental s'appelle la
transformation et fait des établissements de crédit des
acteurs essentiels du paysage économique actuel. Cette opération
d'intermédiation comporte néanmoins des risques substantiels pour
les établissements bancaires.
Le principal d'entre eux est le risque de liquidité,
qui traduit une incapacité de la part de l'établissement à
rééquilibrer son bilan. L'origine de ce risque réside dans
le fait que les sommes déposées par les clients sur leurs
comptes, qui constituent le principal passif de long terme des banques de
détail, sont intrinsèquement des ressources sans maturité
contractuel-lement définie, à la différence des principaux
postes figurant à l'actif (tels les obligations d'Etat ou les
prêts immobiliers ainsi qu'à la consommation). Ainsi, un retrait
soudain et massif des clients peut potentiellement excéder les
réserves de liquidité de l'établissement et créer
une insuffisance de trésorerie. Cela oblige dès lors la banque
à réemprunter et rend nécessaire une liquidation dans
l'urgence de ses actifs longs, avec le risque de marché que cela induit.
On parle ainsi de passif sans échéance. Pour faire face
à ce type de risque, la banque propose en interne des lois
d'écoulement sur les dépôts à maturité
incertaine pour définir ses stratégies de placements. D'autre
part, les programmes de financement qu'elle adopte doivent lui permettre de
réajuster au mieux son bilan en cas de déséquilibre de ce
dernier et prennent en compte l'évolution des marchés, en
particulier celle des niveaux des courbes de taux. Cette gestion est connue
sous le nom de gestion du bilan bancaire ou gestion actif-passif (en
anglais Asset Liability Management abrégé en ALM). Le
second risque le plus important s'inscrivant dans ce cadre, et intimement
lié à celui de liquidité, est le risque de taux (de
change, d'intérêt et même d'inflation). En effet, un
changement des courbes de taux induit, d'une part, une modification de la
valeur des positions financières figurant au bilan et, d'autre part, une
modification potentielle du comportement des clients. Le niveau des taux agit
par ailleurs directement sur l'efficacité des stratégies
financières visant à équilibrer le bilan de
l'établissement de crédit. Il s'agit dès lors pour la
banque de définir une politique de gestion des ressources figurant
à son passif en vue d'optimiser la valeur économique de
l'ensemble sur la durée. Ce pilotage dépend étroitement
des modèles statistiques utilisés pour effectuer les projections
sur le niveau des taux et des encours futurs.
La problématique de gestion des risques ALM, qui n'a
pas encore été beaucoup explorée d'un point de vue
théorique, revêt ainsi une importance capitale pour les banques de
détail, surtout depuis la crise financière de 2008.
L'objectif de notre étude est d'explorer plus en
détail les différents aspects des problèmes posés.
Après une revue de la littérature existante sur le sujet, nous
définirons un cadre théorique innovant pour la
modélisation de l'évolution de l'encours des dépôts
à vue, en l'envisageant sous un angle microéconomique.
Après construction de ce modèle de prévision stochastique
de l'encours, nous diffuserons les courbes de taux sur les marchés selon
le modèle de Hull et White. Cela nous permettra dans une dernière
partie d'analyser les performances de différentes stratégies de
placement de l'encours bancaire, en étudiant notamment l'exposition
qu'elles induisent aux risques de taux et de liquidité. Nous serons
alors en mesure de discuter l'optimalité des différentes
stratégies envisagées selon le point de vue adopté.
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