I.1.2. FACTEURS SUSCEPTIBLES D'EXPLIQUER LA GENESE ET
L'EXISTENCE DU CIRCUIT A L'UNILU
a. L'affaiblissement de la qualité de certains
étudiants admis à l'université :
Au plan
réglementaire,
l'admission à
l'université est
conditionnée par la
réussite aux épreuves du
diplôme d'Etat avec
une moyenne d'au moins 60%.
En réalité,
certains étudiants sont
admis sur base de pressions exercées
auprès des agents de
l'université
chargés de
l'admission,
par des membres de leurs
familles, ou par des
paiements illicites («
phénomène circuit »)
exigés par certains de ces agents
auprès des candidats. Les
décisions
d'admission
reflètent davantage, dans
certains cas, les rapports de force des
personnes recommandant les candidats ou
leur situation
financière,
plutôt que la
qualité des dossiers
présentés. Ce problème
de la qualité de
certains candidats à
l'admission à
l'université est
amplifié par
l'affaiblissement de
la qualité de
l'éducation reçue par
les candidats à
l'admission au
niveau secondaire et, en
plus, par les
trafics d'influence
qui émaillent
l'obtention du
diplôme
d'Etat. Ces
16 MARION, G., Op. Cit., P. 64
17
trafics
d'influence
signifient que
la réussite aux examens
d'Etat n'est plus
le meilleur
indicateur de la
qualité des dossiers des
candidats à
l'admission.17
b. La détérioration de la situation de
certains enseignants : faibles niveaux de salaires...
Les facultés de
l'université de
Lubumbashi regorgent des enseignants de haut
niveau formés dans certaines des
plus grandes
universités du monde.
Certains d'entre eux ne
remplissent plus que
marginalement leur
mission
d'enseignement à la
suite de la
dévalorisation de
la fonction enseignante en
République Démocratique du
Congo. Un des facteurs contribuant à
cette dévalorisation
est la situation
salariale du
personnel académique et
scientifique.
La faiblesse des
salaires accordés aux
professeurs, pousse certains
d'entre eux à des
antivaleurs telles que
la corruption (le
circuit) et leur
exode. S'ils ne quittent pas
le pays, ils acceptent des
responsabilités à temps
plein à
l'extérieur de
l'université.
A cause de l'insuffisance
des moyens financiers, due
à la baisse des
subsides reçus de l'Etat et à
la rupture de la
coopération
internationale
depuis les années 1990,
la majorité des enseignants
sont dans
l'impossibilité de
participer à des
réunions
scientifiques à
l'extérieur du pays.
La plupart n'ont
plus accès à la
littérature
internationale
récente dans leur domaine,
car les abonnements aux revues
scientifiques ne sont
plus honorés.
Le résultat de la
disparition des
occasions de recyclage est
le vieillissement des
contenus des enseignements. A cause des
conditions précaires
de travail, on se retrouve avec un corps professoral
démotivé et
fatigué par des énergies
dépensées dans les
différentes
activités de survie
(y compris l'informelle
pratique de corruption)
auxquelles il est engagé à
travers la ville. Ce corps
est aussi
vieillissant.
Actuellement, l'âge moyen des
professeurs est de 58 ans. Le corps professoral
est vieillissant.
Les conditions de travail
qui prévalent à
l'université
n'attirent plus
les jeunes et les
possibilités de
formation
postuniversitaire sont
limitées.
Certains jeunes acceptent
d'être nommés
assistants, seulement pour
le prestige de
l'association avec
l'université.
Dans les faits,
comme certains professeurs
titrés, certains
assistants
17 Plan stratégique pour la
réhabilitation et la revitalisation des universités de la
République Démocratique du Congo., PUK, 2006, P.37.
18Idem, PP. 37, 38, 39.
18
passent eux aussi le gros de
leur temps à
l'extérieur de
l'université.
Le vieillissement des professeurs
signifie que
l'université va
être confrontée à un problème
majeur de la relève de son corps
professoral au cours des prochaines
années.18
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