Etude analytique du phénomène "circuit" à l'université de Lubumbashi en RDC( Télécharger le fichier original )par Deo TSHIKALI Université de Lubumbashi RDC - En science de l'information et de la communication option communication des organisations 2010 |
CHAP I : CADRE CONCEPTUEL ET CADRE THEORIQUE DU TRAVAILI.1. CADRE CONCEPTUELI.1.1. DEFINITION ET EXPLICATION DES CONCEPTS CLES+ Circuit Considérant l'intitulé de notre travail « étude analytique du phénomène circuit à Lubumbashi (cas de la faculté des lettres et des sciences humaines) », il est de notre devoir, pour la meilleure compréhension, de tourner notre regard sur le concept circuit en vue d'en donner le contenu, car ressortant comme le point focal de ce dit travail. C'est ainsi que dans un contexte autre que celui où nous sommes censés nous trouver, le concept « circuit » oscille entre plusieurs définitions. Dans l'encyclopédie virtuelle WIKIPEDIA, par exemple, au terme circuit est donné neuf sens que voici :
d ) Un circuit est un
chemin dont les deux sommets
extrémités sont
10 fonction, sa réalisation concrète se présente sous forme de circuit imprimé-sur une carte- ou de circuit intégré-dans un boitier.).
Tandis que dans le ROBERT DE POCHE, le circuit est :
Le dictionnaire virtuel DICOS ENCARTA, quant à lui définit le circuit comme étant :
part) ; un détour ; d ) Un parcours organisé (dans différentes activités sportives ou de loisir) ; e) Un ensemble de conducteurs reliés entre eux et traversés par un courant électrique ; 4 WWW.WIKIPEDIA.FR/CIRCUIT.HTML, consulté le 05 janvier 2010, à 15h40. 5 LE ROBERT DE POCHE 2008, éd. Mise à jour, Novembre 2007, P. 127. 11
Et dit en plus, qu'employé dans la locution adverbiale « en circuit fermé », il signifie avec ses propres règles, en restant replié sur soi et en ayant très peu d'échanges avec l'extérieur ; dans la locution nominale « circuit imprimé », il ramène à un dispositif reproduit sur la surface d'un support isolant permettant de connecter des composants électroniques entre eux. Enfin dans la locution adjectivale « hors circuit » il veut dire, déconnecté de la réalité ; à l'écart des modes et de ce qui se fait partout.6 De toutes ces significations, nous pouvons extraire du concept circuit, l'idée de mobilité, de parcours, d'un schéma à suivre, ou plus mieux l'idée de processus, de système. Ce qui nous replonge dans le contexte de départ où le « circuit » apparaît comme un acte communicationnel. Autrement dit, quand on en parle à l'université de Lubumbashi, c'est pour désigner le fait par lequel certains enseignants, en échange de bonnes côtes, de leurs autorités sur une fonction (président ou secrétaire d'un jury par exemple), interagissent avec certains étudiants d'une manière informelle, en vue d'obtenir de ces derniers, une sorte de rémunération, des satisfactions de certains de leurs besoins physiologiques...et inversement pour les étudiants après avoir soudoyé certains enseignants ou s'être offertes (cas d'étudiantes) en concubines à eux, réussissent, passent de promotion sans le mériter, acquièrent la sympathie de certains enseignants et cultivent de ce fait la loi du moindre effort. Ce phénomène ainsi décrit se constitue à l'université comme étant un système fonctionnant à sa manière avec des mécanismes mis en place, laissant observer une communication processus, car face à cette situation, enseignants et apprenants savent ce que chacun doit faire et comment se conduire pour que ce dit phénomène se déroule tel que voulu par l'une ou l'autre de ces deux entités. 6 DICOS ENCARTA, MICROSOFT ENCARTA 2009 12 Le « circuit » est comparable ou mieux identique à ce que HALL considère comme une situation idiomatique standard qui, pour lui, est constituée des normes cachées et omniprésentes. Ces normes qui interviennent pour guider la forme et la nature des communications qui s'y déroulent, lesquelles vont participer à la résolution du problème à résoudre.7 Car pour découvrir qu'il y a circuit pour tel cours, il faut soit faire partie du groupe d'étudiants promoteurs ou ceux sollicités par l'enseignent ou par le biais d'un autre canal...sinon cela passera inaperçu si l'on en est pas tenu au courant. Il y a présence dans le « circuit », des normes cachées. Cependant dire de ce phénomène qu'il comporte des normes cachées ne signifie pas qu'elles le rendent inconnu ou le font passer inaperçu aux yeux des autorités de la République Démocratique du Congo, des autorités de l'Université ou aux yeux du grand public lushois. Sinon le phénomène ne demeure qu'un secret de polichinelle. Par ailleurs, le phénomène « circuit » est également à faire coïncider avec la situation paradoxale de Paul WATZLAWICK. En effet, selon lui, une situation paradoxale est constituée des éléments essentiels suivants : 0. Une forte relation de complémentarité dissymétrique (comme la relation hiérarchique-subordonné ou parent-enfant) 1 . Dans le cadre de cette relation, une injonction est faite par l'acteur dominant. Il faut que l'acteur occupant la position basse obéisse à cette injonction, mais en même temps, il lui faut désobéir pour obéir (comme l'ordre implicite : « soyez autonome ») 2. Le fait que
l'individu occupant
la situation basse ne peut
sortir du Ce qui n'est différent de l'enseignant animé de l'esprit de corruption qui dit aux étudiants de ne jamais le chercher, tout en leur donnant toutes ses coordonnées possibles en leur ajoutant qu'il est très joignable par qui le cherchera et ce, après les avoir soumis à une épreuve moins aisée. 7 MUCCHIELLI, A., Etude des communications : nouvelles approches, éd. ARMAND COLIN, 2006, P.168 8 Ibidem 13 + Corruption et circuit : En début de travail, nous avons quasiment convenu que le circuit était le passage obligé par lequel s'observait toute forme de corruption à l'université de Lubumbashi. Maintenant voyons à ce niveau ce que disent les opinions sur la corruption afin de nous permettre finalement d'affirmer l'équivalence du « circuit » à la corruption. Il est stipulé dans l'encyclopédie virtuelle WIKIPEDIA que la corruption est la perversion ou le détournement d'un processus ou d'une interaction entre une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur d'obtenir des avantages ou des prérogatives particulières ou, pour le corrompu, d'obtenir une rétribution en échange de sa bienveillance. Elle conduit en général à l'enrichissement de l'organisation corruptrice. Il y a la corruption active et la corruption passive. La `'corruption active» consiste à proposer de l'argent ou un service à une personne qui détient un pouvoir en échange d'un avantage indu. La `'corruption passive» consiste à accepter cet argent.9 Plusieurs autres définitions de la corruption, ont été proposées par certaines entités d'à travers le monde : L'organisation internationale de lutte contre la corruption, TRANSPARENCY INTERNATIONAL, la définit comme étant l'abus d'un pouvoir reçu en délégation à des fins privées.10 Pour la Commission des Communautés Européennes, « la corruption est liée à tout abus de pouvoir ou toute irrégularité commis dans un processus de décision en échange d'une incitation ou d'un avantage indu.11 Selon la Banque Mondiale, « elle est l'utilisation de sa position de responsable d'un service public à son bénéfice personnel. »12 Elle est en sus de ceci, une utilisation systématique d'une charge publique pour un avantage privé, qui a un impact significatif sur la disponibilité et la qualité des biens 9 WWW.WIKIPEDIA.ORG, consulté le 20/04/2010 à 19h45. 10 Ibidem 11 Ibidem 12 Ibidem 13 HALLAK, J. et M. POISSON, Ecoles corrompues, universités corrompues : que faire ?, éd. IIEP-UNESCO, paris, 2009, P. 56. 14 et services éducatifs et, en conséquence, sur l'accès, la qualité ou l'équité de l'éducation.13 Faisant alors, référence à toutes ces définitions et à celle que nous avons donné au circuit précédemment, il nous semble ressortir clairement que le circuit est réellement une corruption dans ce sens que, compte tenu de leurs qualités d'éducateurs d'université, certains enseignants acceptent de prendre illicitement l'argent de certains étudiants en échange de leur rassurer la réussite aux études. Ayant stipulé tout précédemment que le « circuit » était une « communication », nous jugeons de l'importance de sa définition dans le cadre de ce mémoire, surtout aussi que c'est un concept auquel tout au long du travail nous aurons à faire allusion. + Communication : La communication est l'action, le fait de communiquer, d'établir une relation avec autrui, de transmettre quelque chose à quelqu'un, l'ensemble des moyens et techniques permettant la diffusion d'un message auprès d'une audience plus ou moins vaste et hétérogène et l'action pour quelqu'un, une entreprise d'informer et de promouvoir son activité auprès du public, d'entretenir son image, par tout procédé médiatique. Elle concerne aussi bien l'homme (communication interpersonnelle, groupale...) que l'animal et la plante (communication intra- ou inter- espèces) ou la machine (télécommunications, nouvelles technologies...), ainsi que leurs hybrides : homme-animal ; hommes-technologies...c'est en fait, une science partagée par plusieurs disciplines qui ne répond à une définition unique. Cependant si tout le monde s'accorde pour la définir comme un processus, les points de vue divergent lorsqu'il s'agit de qualifier ce processus : - Un premier courant de pensée, regroupé derrière les sciences de l'information et de la communication, propose une approche de la communication centrée sur la transmission d'informations ; 15 - Un second courant, porté par la psychologie, s'intéresse essentiellement à la communication interpersonnelle (duelle, triadique ou groupale). La communication est alors considérée comme un système complexe qui prend en compte tout ce qui se passe lorsque des individus entrent en interaction et fait intervenir à la fois des processus cognitifs, affectifs et inconscients. Dans cette optique, on considère que les informations transmises sont toujours multiples, que la transmission d'informations n'est qu'une partie du processus de communication et que différents niveaux de sens circulent simultanément ; - Enfin un troisième courant, issu de la psychanalyse, traite de la communication intrapsychique.14 Un autre aspect est susceptible d'être traité, car il intervient pertinemment dans l'appréhension du phénomène circuit. C'est celui d'informalité. En soi le « circuit », n'est pas une pratique officielle à l'université de Lubumbashi, ni permise par ses autorités. Il est plutôt comme dit dans l'introduction, un moyen développé en vue de l'accroissement des sources de financement du professorat pour certains d'une part, et un moyen de réussite dans la vie estudiantine pour d'autres, d'autres parts. Il relève de l'informel, dont en voici quelques aspects : + Groupes informels : j Etudié dans le domaine du management, l'informel a longtemps été défini comme la négation du formel. Mais pour BRUNET et SAVOIE, les groupes informels sont une collection d'individus entretenant entre eux des relations non prescrites, de sorte qu'ils sont perçus comme formant ensemble une entité sociale qui dépasse la simple uxtaposition des membres et qui est distincte de la structure formelle de l'organisation. On peut discriminer la plupart des membres et des non membres dans le cadre d'une organisation. L'informel se décline en quatre éléments observables, soient : les réseaux de communication informelle, les us et coutumes, les leaders d'opinion informel et les processus de décisions informels.15 14 WWW.WIKIPEDIA.FR/COMMUNICATION.HTML, consulté le 09 Février 2010 à 11h20. 15 BRUNET et SAVOIE cité in MARION, G., Elaboration et expérimentation d'un outil visuel pour la gestion des aspects informels d'une organisation, département de SIMQ, faculté d'administration, université de SHERBROOKE, 2005, P.10. 16 + Liens de communications informelles : Les liens de communication informelle sont fortement utilisés, de natures privilégiées et bidirectionnelles, ils contournent les voies formelles. Ils se bâtissent selon des critères sociaux, spatiaux et identitaires. Dans ces liens, il circule une information plus ou moins importante. Mais souvent, ces communications sont reconnues pour : faciliter l'ajustement mutuel, permettre un accès rapide à des personnes utiles, permettre un accès à des informations privilégiées ou faire passer un message sensible. Toutefois, l'information qui circule se propage vite, se déforme, se rattrape difficilement et peut se concrétiser par des impacts organisationnels.16 Ces quelques concepts clés définis, voyons également les facteurs qui sont censés expliquer la genèse et l'existence du phénomène « circuit », à l'université de Lubumbashi ensuite les causes et les formes de la corruption. |
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