Selon (Waddock et Graves, 1997)18, la performance
sociale peut être assimilée à un construit
multidimensionnel incluant des inputs (investissement dans des programmes
environnementaux et sociaux), des comportements internes (traitement des
minorités et des
18 Cité simon cornée, 2007.
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NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
femmes), et des outputs (relations avec la communauté,
actions philanthropes). Cette définition de la performance sociale
montre toute l'hétérogénéité de ce concept,
ce qui rend complexe toute tentative de mesure de la performance sociale.
Cela est d'autant plus vrai dans le secteur de la micro
finance, que chaque IMF possède un savoir-faire et un caractère
idiosyncrasiques basés sur son histoire, ses pratiques internes et son
environnement, qui sous-tendent des facteurs spécifiques difficilement
quantifiables, tels que le niveau de coopération, de solidarité
ou encore de confiance (Cornée, 2007).
Cependant, compte-tenu de l'importance des enjeux, il importe
d'évaluer très précisément la capacité des
IMF à atteindre les objectifs qu'elles se sont fixés en
matière de performance sociale, qu'il s'agisse de lutte contre la
pauvreté dans les pays en développement ou de soutien à la
création d'entreprises par des personnes socialement
défavorisées dans les pays industrialisés.
Selon Brana et Jégourel (2008), pour mesurer la
performance sociale il faut aller au-delà des études d'impact en
évaluant l'intégralité de la chaine de distribution du
microcrédit.
Il faut néanmoins souligner que cette mesure de la
performance sociale n'est pas toujours simple et dépend des objectifs
sociaux que les IMF se sont fixées et des cibles. Ainsi Haley and
Morduch (2003) ont pu montrer dans le cas des pays en développement, que
la capacité des IMF à atteindre des populations pauvres
était extrêmement variable, les unes ne ciblant que les
ménages à faible revenu, les autres finançant de
manière effective les personnes en situation de réelle
pauvreté.
Selon Brana et Jégourel (2008), il semble se
dégager un consensus à l'échelle internationale pour
considérer que les programmes de microfinance ne ciblent pas les plus
pauvres des pauvres, mais ceux qui demeurent proches du seuil de
pauvreté. C'est en ce sens que Gonzalez-Vega et al (2000) ont
montré dans le cadre d'une étude réalisée sur 5 IMF
en Bolivie, que ces dernières ne touchent que les pauvres situées
juste au dessous et en dessus du seuil de pauvreté.
De la même façon, Amin, Rai and Topa (2003),
utilisent des données de panel provenant de deux villages du Bengladesh
afin de tester cette même hypothèse. Dans cette étude, ces
auteurs démontrent que si la microfinance est effectivement capable
d'atteindre des personnes pauvres, elle peut paradoxalement exclure ceux qui
sont dans le plus grand
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NOUKPOKINNOU
Évaluation de la performance sociale du
programme de microfinance d'APHEDD-BAVEC BENIN
besoin, les pauvres en situation de
vulnérabilité. Il en est de même pour Coleman (2006) qui,
à travers une étude de l'impact social de deux programmes de
microfinance au sein de villages situés au Nord-est de la Thailande ont
montré que non seulement les villageois les plus riches ont,
comparativement aux villageois pauvres, une probabilité accrue de
participer à ces programmes, mais aussi que les plus riches membres de
la caisse villageoise utilisent leur situation sociale pour emprunter davantage
auprès de cette caisse. Ces auteurs ont aussi trouvé que les
ménages possédant des terres ont une probabilité accrue
d'être sélectionnés en tant que membres de la caisse
villageoise. Ces différents résultats remettent en cause la
performance sociale des IMF en matière de lutte contre la
pauvreté et l'exclusion.
D'après JACQUAND (2005), une évolution
étrange s'est produite dans le secteur de la microfinance et il est
demandé aux personnes qui soutiennent que la microfinance responsabilise
les pauvres et améliore leur niveau de vie de le prouver. Il se pose par
conséquent un problème de mesure de la performance sociale.