8.4.4. Les détaillants.
Ils sont les plus nombreux sur le marché (50 à
100 sur les marchés de collecte, 150 à plus de 250 sur les
marchés de consommation). Constitués majoritairement des femmes,
ils forment un groupe cosmopolite où on rencontre des ethnies et des
religions diverses. Ils évoluent sur tous les marchés que ce soit
hebdomadaires (de brousse, de collecte, de production, de distribution) ou
permanents de consommation... Leurs sources d'approvisionnement sont
variées:
- L'auto approvisionnement à partir de leur propre
production;
- L'achat à la tasse auprès des producteurs sur
les marchés;
- L'achat de un à deux sacs auprès des petits
commerçants ou des grossistes ayant magasins ou hangars sur les
marchés;
- L'emprunt de quelques sacs auprès des grossistes
qu'ils remboursent en espèces après la vente une à deux
semaines plus tard.
Les quantités vendues pour toutes les
céréales sont réduites (allant de quelques tasses à
un ou deux sacs de 100 kg par jour). Ils peuvent vendre un à deux sacs
par semaine et le volume de vente varie selon les saisons. Il est faible
pendant la période de récolte et élevé à la
soudure. Les céréales sont exposées dans des sacs, des
calebasses, des assiettes, et même étalées sur des sacs ou
des bâches. Une même personne peut vendre plusieurs
variétés différentes de sorghos, de maïs, de mils.
L'unité de vente est la tasse, l'agoda ou le korro et
même le sac selon les régions et la demande de la clientèle
constituée de consommateurs, de transformateurs, des
intermédiaires.
Les contraintes des détaillants se situent au niveau de
leurs sources de financement. Leurs moyens sont en effet limités et leur
champ d'action réduit. Souvent le petit cadeau que les
détaillants ajoutent à un client peut constituer un manque
à gagner après la vente des sacs d'autant plus qu'ils n'ont pas
droit à ce petit cadeau lorsqu'ils achètent en sac chez les
grossistes.
8.4.5. Les transporteurs.
Ils constituent les acteurs principaux permettant le flux des
céréales. Propriétaires des camions et des pick up, ils se
chargent très rarement eux-mêmes du transport. Ce travail est
laissé à des chauffeurs qui reviennent verser la recette chaque
soir ou à la fin de chaque semaine. Ils sont organisés en
Syndicat. Sur les marchés des zones rurales essentiellement, nous
rencontrons des transporteurs propriétaires de charrettes qui
opèrent sur des distances réduites. D'autres transporteurs
à l'intérieur même des marchés, que ce soit urbains
ou ruraux, sont les manutentionnaires. Ils acheminent les
céréales du lieu de vente auprès des camions ou des pick
up et du marché vers l'intérieur des quartiers.
La contrainte majeure des transporteurs se situe au niveau de
la saisonnalité. La plupart du réseau routier dans les zones
d'approvisionnement pendant la saison des pluies sont impraticables. Ceci
amène les commerçants soit à cesser leurs activités
sur ces axes comme c'est le cas à Blangoua, à Doukoula, Ardaf,
Hougno... ou à ne transporter qu'une quantité de marchandise
réduite par rapport à la charge utile. Ceci constitue un manque
à gagner important au regard du prix du carburant utilisé pour
parcourir ce trajet.
La durée du trajet constitue également une
conséquence des mauvaises routes que doivent subir aussi bien les
transporteurs, les commerçants que les consommateurs. Selon les
témoignages recueillis au cours de nos enquêtes, lorsque les
routes sont impraticables, les transporteurs passent deux à trois jours
en chemin pour desservir les marchés ruraux. Les voitures de transport
de céréales qui sont la plupart des camions se trouvent ainsi
vite amorties à cause d'innombrables crevasses qui jonchent les
pistes.
Face à toutes ces contraintes, les transporteurs n'ont
pas beaucoup d'alternatives. Ils sont de fois obligés d'arrêter
les trafics sur certains axes routiers impraticables. La seule stratégie
qu'ils utilisent est de s'informer sur l'état des pistes à
emprunter qu'ils recueillent à travers leurs collègues
transporteurs.
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