8.3. Les circuits de
commercialisation
« Le système de commercialisation se
caractérise par les fonctions d'offre des producteurs, suivi de la
collecte, du transport et de la distribution des produits. De même, il
constitue un moyen de répartition des revenus entre les producteurs et
les consommateurs en passant par une foule d'acteurs constituée des
grossistes, des détaillants, des intermédiaires, des
transporteurs, des transformateurs... Il est de plus un vecteur
d'échange entre la ville et la campagne » (Silvestre, 1994). A
l'Extrême-Nord du Cameroun, il existe une diversité de circuit
dans la filière céréalière. On peut les regrouper
en deux groupes: les circuits non marchands et les circuits marchands.
8.3.1. Les circuits non
marchands.
La population urbaine reste très liée à
ses origines villageoises où vit une partie de la famille. Beaucoup de
ménages urbains reçoivent ainsi des céréales brutes
en cadeau directement du village ou sous forme d'échange de travail
agricole contre des céréales. Pendant la période des
récoltes en effet, une grande partie des populations des zones
déficitaires émigrent temporairement vers les zones de
production, particulièrement de sorghos repiqués (Maroua,
Dargala, Salak...), pour servir de main-d'oeuvre. Ils sont la plupart du temps
rémunérés en nature et rentrent ainsi chacun avec un
à trois sacs. La bibliographie existante et les résultats
d'enquêtes ne permettent pas de chiffrer de manière fiable les
volumes transitant à travers ces circuits, mais il semble être
important au regard de la forte émigration pendant les périodes
de récolte dont nous n'avons pas non plus de données
précises.
8.3.2. Les circuits
marchands
Il est, de la même manière difficile de
connaître la quantité de céréales locales qui passe
par le marché. Cependant, les taux de commercialisation
généralement avancés s'inscrivent dans une fourchette de
10 à 30 % de la production ( Fusilier et Mbom Kondé, 1997).
A la différence des cultures de rente comme le coton
dont la commercialisation est rigoureusement réglementée, les
ventes de céréales sont étalées dans l'année
et offrent la possibilité d'être directement
commercialisées sur les marchés. Bien que les ventes importantes
se passent à la récolte, les producteurs continuent à
vendre au fur et à mesure de leurs besoins monétaires.
Parallèlement à leurs fonctions dans la sécurité
alimentaire, les céréales jouent également un rôle
central dans la gestion de la trésorerie familiale au cours de
l'année. Elles constituent pour les producteurs, l'équivalent
d'un compte d'épargne au cours de l'année pour subvenir aux
dépenses ordinaires et pour faire face aux dépenses
imprévues tout au long de la campagne agricole.
Aujourd'hui, le circuit de commercialisation des
céréales est essentiellement animé par les acteurs
privés. Ce système de commercialisation assure la circulation des
céréales des zones excédentaires vers les zones rurales
déficitaires et des campagnes vers les villes qui se trouvent être
pour la plupart des chefs-lieux des départements. Les circuits de
commercialisation des céréales sont caractérisés
dans le temps et dans l'espace avec une succession d'acteurs et de lieux par
lesquels transitent les produits.
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