II. Les limites émanant
des populations locales
Les populations locales mentionnées ici concernent
à la fois les bantu et les pygmées baka. Ainsi, les limites
émanant d'elles sont relatives à la domination étouffante
des bantous (A) et au conflit de génération qui existe au sein de
la communauté baka (B).
A- La domination étouffante
des bantous
Malgré l'éloignement des pygmées
baka des bantous Maka, ces derniers exercent sur eux une domination
néfaste à la mise en oeuvre du droit au développement des
baka. En effet, les bantous se considèrent comme supérieurs aux
baka, qui apparaissent comme marqués par le dénuement à
cause de leur faible attachement aux valeurs matérielles : huttes
en matériaux précaires, petits champs, habillement
négligé, culture matérielle simple. La différence
culturelle qu'ils présentent est interprétée en termes
d'incapacité morale et psychologique, et conduit à ce que les
bantous les considèrent comme infantiles. Ceci étant, et
ajouté à la naïveté des pygmées, les bantous
n'hésitent pas à les exploiter de la pire des façons
qu'ils soient. Ils les traitent comme des esclaves, les méprisent, les
violentent et abusent d'eux.
Or, lorsqu'on sait que les baka sont rattachés aux
bantous ne serait ce que sur le plan administratif, l'on comprend l'urgence
qu'il y a de légitimer les institutions baka, en vue de leur assurer le
droit au développement. Les relations entre pygmées et bantous ne
sont pas sociales, elles sont conflictuelles et illustrent bien la situation du
dominant et du dominé. C'est ainsi que la domination étouffante
des bantous constitue un frein à la mise en oeuvre du droit au
développement au Cameroun, même s'il existe aussi des limites
émanant des baka eux-mêmes.
B- Les conflits de génération entre les
membres de la communauté pygmée
La limite majeure qu'il convient de mentionner ici, est celle
du conflit de génération qui existe entre les membres de la
communauté baka. En effet, les personnes âgées, qui ont
reçu l'héritage provenant de leurs ancêtres, sont
choquées lorsqu'elles observent le mode de vie des populations
pygmées de nos jours. Elles disent être
déshéritées d'un important patrimoine culturel que leur
ont laissé les ancêtres.
Parallèlement, la génération de ceux qui
sont nés dans la sédentarisation n'ont pas connu les pratiques
qui faisaient la particularité et l'identité même des
populations baka. De ce fait, ils conçoivent le développement
comme la nécessité de jouir des mêmes droits et d'obtenir
les mêmes biens que les bantous.
Cela rend difficile la mise en oeuvre du droit au
développement en ce qui concerne la consultation des peuples. Etant
donné que les personnes âgées sont minoritaires, lorsqu'il
sera question de donner leur avis sur les projets de développement
à mettre en cours, les baka seront indécis face à la
réponse à donner et l'ascendant numérique des
« jeunes » leur permettra de l'emporter sur l'opinion des
personnes plus âgées, qui pourtant s'avère être
bénéfique pour une réalisation du droit au
développement conforme aux principes et normes définis par la
Communauté internationale.
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