II- Multiplicité des postes de contrôle
routier
Les postes de contrôle sont des dispositifs mis
en place par l'Etat sur les axes routiers pour assurer le contrôle des
documents du véhicule ou de la cargaison, de l'état du camion et
celui du conducteur. La décision N°
15/2005/CM/UEMOA portant sur le plan de contrôle routier
détermine les principaux axes routiers sur l'ensemble du territoire
national et fixe les points spécifiques de contrôle ; soit
sur une distance de 100 km pour un seul poste d'unité de police, de la
gendarmerie, des douanes et des eaux et forêts. Le port des badges et de
brassard par chaque agent de contrôle est exigé. Ceci le
différencie de toute autre personne pouvant rançonner les
transporteurs. Malgré la prise de ces textes, les postes de
contrôle routier abondent les axes routiers et il s'y développe
une pratique malsaine qu'est le rançonnement. Les agents placés
à ces postes ne cherchent plus à exécuter les tâches
qui sont les leurs mais à réclamer directement ou de façon
détournée une « rançon ». Que le
transporteur soit en règle vis-à-vis de la législation en
vigueur sur l'activité transport ou pas, il est tenu de s'arrêter
et de remettre une certaine somme d'argent aux agents contrôleurs
présents aux différents barrages pour avoir l'autorisation de
continuer son parcours. Cette conduite s'observe sur les tronçons Dassa
Zoumè - Malanville et Cotonou - Savalou - Porga mais aussi sur l'axe
Akassato - Bohicon distant de 108 km sur lequel on dénombre cinq (05)
postes de contrôle routier.
Durant notre stage à la DGTT, nous avons pu
remarquer l'existence du phénomène
«rançonnement» qui constitue aussi un obstacle à
l'activité transport en général mais surtout au temps de
transport. Nous avons dénombré trois (03)
éléments pouvant en être à la base à
savoir:
1- L'impunité face à la corruption
grandissante
Le
phénomène du rançonnement s'est de plus en plus
développé pour la simple et unique raison que le fléau
«corruption» de nos jours n'est pas sévèrement puni par
le gouvernement. Pourquoi perdre près de soixante mille (60.000) FCFA
en mettant à jours tous les documents de son véhicule alors qu'on
pourrait payer une somme de cinq mille (5.000) FCFA sans être en
règle et ne pas subir la sanction de la loi ? La seconde option est
celle qu'a choisie la majorité des transporteurs puisque devant eux ne
se dresse ni une volonté politique de mettre fin au
phénomène ni une volonté manifeste des agents de
contrôle de ne pas être corrompus.
2- La non application correcte des textes
réglementant les transports et le contrôle routier en
République du Bénin
Malgré l'existence des textes tels que
l'arrêté interministériel N°
038/MET/MISPAT/DGR/DROA/DTT de l'année 1986 portant sur la
règlementation de la circulation sur les routes et protection des
infrastructures routières en République du Bénin et
l'arrêté ministériel N°
0021/MET/DC/DTT portant application du décret N°
79-109 du 15 Mai 1979 réglementant les transports en
République du Bénin, les transporteurs usagers des axes routiers
ne s'y conforment pas. Certains ne font que des surcharges, d'autres n'ont pas
les pièces de leur véhicule en règle. Tous ces facteurs ne
font qu'inciter les agents de contrôle à les rançonner.
3- La recherche de gain
facile organisé et voulu par les agents chargés du
contrôle routier
Il est observé au niveau des postes de
contrôle que les agents exigent une rançon auprès des
transporteurs quand bien même ces derniers sont en règle. Il est
à noter que des postes fictifs se créent par ces agents, juste
pour avoir leur gain journalier. Les transporteurs sont donc obligés de
payer la rançon pour obtenir le quitus de traverser ces postes.
Mentionnons à cet effet que le décret présidentiel
N° 95-232 du 31 Août 1995 portant lutte contre le
rançonnement sur les routes béninoises prévoit en son
article 2 la création d'une commission nationale de lutte contre la
corruption et le rançonnement sur les axes routiers. Cette commission a
également le rôle d'apprécier et d'aider à
l'amélioration et à l'efficacité des structures de
contrôle et d'inspection des différentes corporations
chargées de la sécurité routière. Mais force est de
constater que cette commission n'a jamais été fonctionnelle.
Au total il est important de souligner que
malgré l'existence des textes, le rançonnement
opéré au niveau des multiples postes de contrôle routier
continue de perdurer en aggravant les conditions de transport sur les routes.
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