II - 3 - Influence des stakeholders sur la valeur
créée en entreprise
Dans cette sous-section, il s'agit de
rapprocher les avis de nos deux catégories de répondants sur le
partage de la valeur créée par les multinationales dont elles
sont des parties prenantes. L'objectif ici est de découvrir si les
stakeholders influencent conjointement le partage de la valeur qu'ils
contribuent à créer pour leurs multinationales. Nous allons par
la même occasion, valider ou réfuter notre troisième et
dernière hypothèse selon laquelle
les stakeholders influencent
significativement le partage de la valeur créée en
entreprise.
Pour ce faire, nous devons rapprocher les réponses
issues de nos deux échantillons différents c'est-à-dire
celui des parties prenantes internes d'une part et des parties prenantes
externes d'autre part. Dans ce cas, c'est un test de comparaison qui est le
plus approprié.
Ainsi, nous avons opté pour un test de comparaison des
moyennes, en l'occurrence le test t de student sur échantillons
indépendants. Nous avons ainsi pu rapprocher l'avis des salariés
à celui des autres stakeholders concernant le partage de la richesse
créée par leurs multinationales. Les résultats sont
présentés ci-après, le test étant toujours
effectué au seuil de risque de 5%.
Le tableau ci-dessus récapitule les statistiques du
test t sur échantillons indépendants. Il fait état des
moyennes dont la différence serait comprise dans l'intervalle de
confiance. Nous ne pouvons pas encore nous prononcer à cet effet. Nous
le ferons après avoir interprété les valeurs du tableau
ci-dessous, tableau reprenant les valeurs du test t sur échantillons
indépendants.
En effet, il ressort du tableau ci-dessus que, sous
l'hypothèse des variances égales, la différence des
moyennes d'une valeur de - 0,4417 est bel et bien comprise dans l'intervalle de
confiance [- 0,6925 : - 0,1909]. De plus, la signification
bilatérale du test, d'une valeur de 0,001, est nettement
inférieure au seuil de risque prédéfini de 0,05. Cela nous
amène à rejeter l'hypothèse nulle au profit de
l'hypothèse alternative.
Ainsi, nous retenons notre hypothèse selon laquelle
les stakeholders influencent significativement le partage de la
valeur créée en entreprise.
De tout ce qui précède, il ressort que la
responsabilité sociétale de l'entreprise est un levier de
création de valeur parmi tant d'autres, car il existe des situations
dans lesquelles sa contribution à la création de richesse est
marginale et presque nulle. Mais, la RSE reste un outil stratégique pour
faire face à la concurrence comme l'illustre le tableau ci-dessous.
Tableau 4.18 : RSE comme instrument
stratégique de création de valeur concurrentielle
Variables
|
Modalités
|
Fréquences
|
%
|
% cumulé
|
RSE comme garant d'avantage concurrentiel selon les PPI
|
Oui
|
44
|
100,00
|
100,00
|
Non
|
00
|
00,00
|
100,00
|
RSE comme garant d'avantage concurrentiel selon les PPE
|
Oui
|
80
|
87,00
|
87,00
|
Non
|
12
|
13,00
|
100,00
|
Il ressort du tableau ci-dessus que, selon
les parties prenantes internes et externes, la RSE est un outil
stratégique garant d'un avantage concurrentiel à long terme.
Ainsi, conformément à l'idée de couverture du risque de
réputation, les managers d'entreprises en quête de plus grandes
parts de marchés, gagneraient à mener leurs actions dans une
perspective RSE sans cesse croissante.
C'est d'ailleurs ce qu'illustre la figue ci-dessous. Figure
qui constitue un achèvement de notre modèle conceptuel
précédemment défini et une synthèse des
résultats de notre travail.
Figure 4.3 : Schéma de l'incidence de la
RSE sur la création de valeur
Actions RSE
Création de valeur
RSE en interne
Valeur actionnariale
Couverture du risque de réputation
Communication RSE
Valeur partenariale
RSE en externe
Long terme
Court terme
Comme l'illustre la figure ci-dessus, la
responsabilité sociétale des multinationales prospectées
contribue à créer de la valeur pour leurs actionnaires (valeur
actionnariale), mais également pour leurs parties prenantes (valeur
partenariale). En ce qui concerne les actions RSE proprement dites, la
contribution des activités RSE en interne est notoire. Les actions de
responsabilité sociétale envers les salariés contribuent
directement à créer de la valeur pour les actionnaires et
indirectement, à créer de la valeur pour toutes les parties
prenantes dont ces salariés en font partie. Les activités RSE
menées en externe quant à elles, contribuent indirectement
à créer de la valeur aussi bien pour les shareholders que pour
les stakeholders.
Pour ce qui est de la communication RSE, il s'agit des
dépenses engagées dans les activités de reporting
sociétal menées par les multinationales dans le but de conserver
leur clientèle à court terme. Cette couverture du risque de
réputation à court terme est garante de profit à long
terme.
En effet, comme il a été établit à
travers les vérifications d'hypothèses, les actions RSE
contribuent positivement mais très faiblement à créer du
surplus (H1) ; et en interne elles ont une incidence positive sur les
ressources additionnelles générées par les entreprises
(H2). Aussi, cette figue illustre le double enjeu que procurent les
activités RSE, en créant de la valeur à long terme, tout
en se couvrant du risque de réputation à court terme. Enfin, les
activités RSE menées en interne peuvent directement agir sur la
création de valeur à une échéance plus
rapprochée, lorsque les conditions de travail sont favorables (H2).
En sommes, le présent chapitre nous a permis de
découvrir les réalités de la responsabilité
sociétale des entreprises et de la création de valeur au sein de
quelques entreprises multinationales au Cameroun. Il a également
établi le lien entre responsabilité sociétale et
création de valeur dans un contexte où les multinationales se
démarquent par leurs activités extra financières. Il s'en
suit que le lien entre RSE et création de valeur est certes positif mais
marginal. C'est dire que, dans notre contexte, l'incidence de la RSE sur la
création de valeur est à califourchon entre la thèse de la
neutralité et du positivisme dans le contexte des multinationales au
Cameroun. Ce qui est en phase avec les résultats des travaux
effectués dans d'autres contextes.
La seconde partie de ce mémoire consacrée
à la découverte du lien entre responsabilité
sociétale et création de valeur a présenté dans son
ensemble, l'ensemble des étapes qui ont constituées la phase
empirique de ce travail. Les résultats auxquels nous y avons aboutis
nous permettent de dire avec conviction, que la responsabilité
sociétale de l'entreprise traduit l'idée que l'existence du monde
des affaires dépend de la société. Ainsi, les pratiques
RSE en internes, notamment celles relatives aux conditions de travail et
à la motivation du personnel, sont plus enclines à créer
de la valeur tant pour les actionnaires que pour l'ensemble des parties
prenantes. Toutefois, les actions envers la société civile et
l'environnement ont un effet quasi nul sur la création de richesse.
L'incidence de la RSE sur la création de valeur est donc certes positive
mais très faible.
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