CONCLUSION GENERALE
Ce travail de recherche s'interrogeait au départ sur la
nature du lien entre responsabilité sociétale et création
de valeur. Elle a donné lieu à une analyse qui a abouti non
seulement à la caractérisation des activités RSE et
approches de création de valeur au sein de multinationales au Cameroun,
mais également de découvrir la typologie du lien entre ces deux
concepts. Le résultat auquel on y abouti est le fruit d'une approche
déductive basée sur des méthodes quantitatives (tri
à plat, analyse factorielle en composantes multiples, régression
linéaire, analyse de la variance, test t sur échantillons
indépendants).
Les concepts clés de ce travail de recherche sont la
responsabilité sociétale des entreprises et la création de
valeur. La problématique que nous y traitons est celle du lien de
causalité entre responsabilité sociétale et
création de valeur. Cette préoccupation nous a amené
à retenir comme objectif principal, la découverte du lien de
causalité entre RSE et création de valeur. Pour y parvenir, nous
avons émis quelques hypothèses. La première est relative
à l'incidence des activités extra financières des
multinationales sur la création du surplus mesuré par le chiffre
d'affaires. La deuxième est relative à l'impact des
activités RSE en interne sur les ressources additionnelles au sein de
ces multinationales. Enfin, la troisième porte sur la l'influence des
parties prenantes, sur le partage de la valeur créée en
entreprise.
Pour vérifier ces hypothèses, nous avons
été enclins à collecter des données auprès
de personnes ressources (les parties prenantes). Pour ce faire, nous avons
établi deux questionnaires administrés à deux
échantillons différents : les parties prenantes internes et
les parties prenantes externes. En interne, nous avons administré un
questionnaire aux employés de six multinationales opérant dans
différents secteurs (téléphonie mobile, agroalimentaire,
et brassicole). En externe, un questionnaire a été
administré à aux stakeholders autres que les salariés de
ces multinationales. Les taux de réponse ayant été
satisfaisants, nous avons procédé à la codification,
à l'analyse et à l'interprétation des données ainsi
collectées.
Les différentes analyses que nous avons
effectuées nous ont permises de constater dans un premier temps que les
pratiques de responsabilité sociétale et la mesure de la
création de valeur sont désormais une réalité au
sein des multinationales au Cameroun. Les multinationales auxquelles nous nous
sommes intéressés mesurent effectivement la création de
richesse, mais elles se servent d'instruments classiques.
En effet, le chiffre d'affaires demeure l'indicateur de mesure
par excellence du surplus créé ; tandis que le
résultat net est l'indicateur privilégié de mesure des
ressources additionnelles générées par les
activités de l'entreprise. On note donc l'absence notoire d'indicateurs
modernes et sophistiqués tels que la valeur ajoutée
économique (EVA) et la valeur ajoutée de marché (MVA).
Cela est sans doute dû, notamment en ce qui concerne la MVA, à la
non insertion des multinationales prospectées sur le marché
boursier de Douala.
En ce qui concerne l'aptitude des activités de
responsabilité sociétale à créer de la valeur, le
résultat est très peu satisfaisant. Il ressort en effet que les
activités extra financières des multinationales
prospectées ont une influence positive mais très faible sur la
création du surplus. On note une forte aptitude des actions RSE
menées en interne, à créer de la valeur pour l'entreprise.
Ce qui n'est pas le cas pour les actions RSE en externes (développement
local de la communauté et protection de l'environnement) dont l'aptitude
à créer des richesses pour l'entreprise est quasi nulle, car
très faible.
Les résultats de ce travail rejoignent donc deux
grandes thèses auxquelles des travaux antérieurs à
celui-ci ont abouti dans d'autres contextes. La première thèse
est relative au lien positif qui existe entre la responsabilité
sociétale et la création de valeur. La seconde a trait à
l'absence de lien entre responsabilité sociétale et
création de richesse. Il importe également de souligner que les
actions RSE dont l'incidence sur la valeur est positive, génèrent
un surplus prioritairement destiné aux actionnaires (valeur partenariale
à dominante actionnariale).
Aussi, les entreprises justifient les dépenses
engagées dans le reporting sociétal comme un moyen de conserver
la clientèle à court terme. Autrement dit, la communication RSE
contribue également à conserver et à créer de la
valeur dans le long terme.
Ainsi, les dépenses de responsabilité
sociétale ont un fondement purement économique, celui de
proliférer des bénéfices à long terme. On se
rapproche ainsi d'un type d'investissement qui aurait, à court terme,
l'objectif d'appréhender certains problèmes environnementaux et
sociaux afin de profiter de certaines facilités à long terme. Ces
facilités sont relatives à l'obtention de crédits,
à la suppression de certaines taxes et donc, à la
réalisation du plus grand profit. Il s'agit d'un type d'investissement
encore peu connu dans le monde de la recherche en sciences de gestion à
savoir L'Investissement Socialement Responsable dont les
caractéristiques et l'incidence sur la création de valeur feront
l'objet de nos prochains travaux.
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