4.3.10. Semi de riz irrigué :
Hormis le labour de rizière irriguée, aucun
labour ni travail des sols ne sont effectués sur essarts. Le labour de
rizière irriguée demande de posséder ou louer un buffle ou
un motoculteur. La possession d'un buffle ou d'un motoculteur est d'ailleurs un
facteur important pour obtenir une rizière de vallon de la part du
conseil des anciens.
Monsieur Paeng dit qu'il est préférable de
planter du riz de courte vie au Sud du champ, du riz de longue vie au Nord, des
piments à l'intérieur «où la terre leur est plus
convenable >> et des légumes en périphérie.
Monsieur Paeng plantera 8 à 12 semences de riz par
trous. Ces semences proviennent des stocks de riz parentaux qui constituent une
richesse non négligeable dans une région où les familles
manquent parfois de riz pour se nourrir et sont parfois obligés de
manger des nouilles industrielles en sachets.
Pour que les plants poussent bien, qu'ils aient suffisamment de
lumière, ils espacent les graines de 22 à 28 cm environ. S'ils
étaient plus rapprochés «ils ne donneraient rien
>>.
La qualité d'un plant de riz est jugée par sa
couleur qui doit être jaunâtre, par sa taille,
<< moyenne » (1, 50 m) et ne doit pas avoir beaucoup
de feuilles.
La difficulté du semis est de travailler sur un sol
abîmé par la sécheresse puis la pluie. Craquelé de
partout, s'écroulant dans les endroits raides sous le poids des
travailleurs, emportant les semences, <<tout le monde doit faire des
efforts ».
Si les plants meurent, Monsieur Paeng ne recommencerait pas un
semis car la saison ne le permettrait pas. Il devrait vendre ses quelques
cochons, ses poules, ses oeufs, des pousses de bambous récoltées
en forêt, des bois de la région ou d'autres régions.
Personne ne l'aiderait car personne ne peut aider une famille entière
pendant plusieurs mois. Quelques repas seraient possible mais tellement
limités par rapport aux besoins alimentaires d'une famille.
Les outils du semis sont une hotte de semences, un bâton
fouisseur et une pioche. Pour faire aiguiser ou réparer une pioche, il
faut compter 15.000 kips.
Les meilleures lames de pioches mesurent 6 cm de large et 20 cm
de long.
Encore une fois, Monsieur Paeng a besoin de salarier 15
à 20 personnes pour semer. Le salaire est identique aux autres travaux.
Les enfants ne participent pas au semis et il n'y a toujours pas division du
travail.
La famille de Monsieur Thon plante 20 kg de riz crao tam
hom170 en rizière irriguée de 0,9 hectare.
4.3.11. Le sarclage d'après semis :
Le sarclage des adventices d'après semis se
déroule 25 à 30 jours après la fin des semences. Ce
travail est sûrement celui qui déterminera le plus si la
récolte est fructueuse ou non. Il est considéré par
beaucoup d'experts comme le << goulet d'étranglement du
système » car si la main d'oeuvre n'est pas disponible à
cette période, les adventices se développent plus vite que les
cultures et une concurrence déloyale joue en défaveur des
cultures. Si le désherbage est mal effectué, les plants ne
verront pas la lumière et devront s'avouer vaincu face aux mauvaises
herbes. Un actif ne pouvant pas sarcler plus de 0,5 ha les paysans doivent
s'adapter chaque année aux nouvelles quantités d'adventices,
à la main d'oeuvre disponible à cette période.
Monsieur Paeng sarcle 3 fois par saison des pluies. En juin,
juillet et août.
Il débute ses sarclages par l'endroit où il y a
beaucoup d'herbes, où le travail est le plus difficile, car comme pour
le débardage, le champ a besoin d'un éclaircissage obligeant
à faire disparaître d'abord les grandes et nombreuses herbes qui
gênent les cultures. Les petites herbes qui ne sont pas encore de la
taille des plants cultivés ne sont pas encore de réels
prédateurs de cultures. Il sarclera toutes les herbes pour qu'il n'y ai
plus de risque de compétition avec les cultures. Certaines sont
sarclées au pied, d'autres sont déterrées si elles
représentent un trop fort risque de repousse rapide. Cependant Monsieur
Paeng considère qu'il est préférable de sarcler nettement
au pied des herbes avec des outils plutôt que de les arracher à la
main, dégageant par obligation des mottes de terre qui fragilisent
encore plus un sol instable en cette saison. Certaines herbes sont ensuite
jetées dans le champ aux endroits les plus ensoleillés pour
protéger la surface du sol où pousse les plants et donner une
protection contre la pluie et la
170 << riz de bonne odeur » en langue lao.
sécheresse. D'autres herbes sont entassées et
brûlées dans un lieu non cultivé. Les herbes ne sont pas
réutilisées autrement.
Le travail prend environ 8 à 10 jours et demande
l'intervention de 15 à 20 personnes. Monsieur Paeng est encore
obligé de payer le même salaire pour chaque salarié. Les
participants «travaillent ensemble, sans répartir le travail
». Chacun a besoin d'utiliser une machette recourbée
spécifique pour la récolte (dont le nom n'a pas été
enregistré) qu'ils fabriquent euxmêmes lorsqu'ils le peuvent ou
achètent au marché du village. Les meilleurs outils sont en fer
solide et tranchant, le manche devant mesurer 40 à 60 cm de long. Tout
le monde utilise les mêmes outils, il n'y a pas de différenciation
sociale dans la possession des moyens de productions. Les réparations
s'exécutent 8 à 10 jours après le début des
travaux. Une réparation coûte environ 2000 kips et une hallebarde
neuve coûte 15.000 kips.
La difficulté physique du sarclage est aussi due au
temps de la saison des pluies (chaud, humide et pluvieux) ainsi qu'aux insectes
qui agacent les paysans. La difficulté technique provient des herbes
sarclées qui ne meurent jamais, repoussant chaque année encore
plus haute et densément.
L'avantage des cultures de maïs est bien sûr leur
rendement plus important que ceux des riz glutineux mais aussi le fait qu'elles
n'ont besoin que d'un sarclage au moins de juillet alors que les rizicultures
en ont besoin de trois ou quatre.
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