2.3.3. L'adaptation des paysans aux conséquences
négatives de la loi d'allocation des terres :
Les solutions locales pour échapper à la crise
étaient par le passé, la migration géographique
pionnière d'une partie de la population à la recherche de
nouvelles terres à défricher89, une
accélération de la rotation des parcelles afin d'intégrer
de nouvelles parcelles dans la rotation ou l'adoption de nouvelles techniques
pour intensifier l'agriculture90.
Les deux premières solutions sont désormais
obsolètes. Les villageois ne peuvent pas migrer pour rechercher de
nouvelles terres et les autorités contrôlent l'étendue des
surfaces exploitées. Seules la troisième pourrait encore avoir se
pratiquer.
Pour parvenir à maintenir leur conditions de vie, c'est
à dire pour accéder à de nouvelles terres qui leur
permettront de compenser les rendements décroissants de leurs essarts
infertiles, les stratégies sont les suivantes :
- Les villageois ne cherchent pas à obtenir plus de
terres par les autorités, mais défrichent illégalement
dans des zones forestières reculées91 ou dans des
régions non revendiquées par les premiers occupants. 70 % des cas
de ce type ont été recensés dans la moitié Nord du
pays92. Ces défrichements sont souvent facilités par
l'autorisation donnée par les autorités pour pratiquer une
résidence alternée entre l'ancien et le nouveau site. L'amende
que les villageois payent pour leurs essarts illégaux est
considérée comme une façon de légaliser leur
occupation.
La pratique du brûlis ne disparaît pas, elle tend
à se faire de façon plus anarchique que par le passé.
89 Mazoyer et Roudart 1997 a.
90 Hunt 2000.
91 En 2002 ; la province de Phongsaly dénombrait 84896
foyers dépendants des pratiques d'agricultures d'abattis brûlis et
58000 ha défrichés par ces pratiques. La province en
dénombre un an après 87596 foyers et 59845 ha. Données du
SCREC, Novembre 2003.
92 Keoketsy et Bouthabandid et Noven 2000 : 11.
- La location des terres devient de plus en plus
fréquente. Le dédommagement s'effectue soit en nature, soit sous
forme de paiement de la taxe foncière à la place du
propriétaire. Cette situation favorise les résidents les plus
anciens. Une tendance à la location de terres cultivables pour la
plantation d'arbres de rente (teck...) à des personnes
extérieures aux villages est observée fréquemment. Ceci
procure de l'argent mais réduit leurs surfaces agricoles et menace leur
avenir.
- L'achat de terres devient aussi plus courant que par le
passé. L'ancien occupant vend son TLUC comme preuve de cession mais elle
est doublement illégale. D'une part le TLUC ne peut être vendu et
de plus leur périodes de validités a en général
expiré au moment de la transaction.
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