2.3. Impacts sociaux de l'allocation foncière :
2.3.1. Les réactions des populations aux projets
gouvernementaux selon un responsable81 :
Selon les dires d'un responsable de la province de Phongsaly,
toute la population de la province coopère avec les autorités
pour faire respecter les décisions gouvernementales vis à vis de
la réduction des forêts défrichées.
Les populations ont suivi les projets gouvernementaux, souvent
aidés par des organismes internationaux spécialisés, et
ont commencé à planter des arbres destinés à la
vente, essentiellement de l'hévéa et du teck, qui remplaceront
les gains de la culture sur brûlis.
<< Toute la population est contente de ces projets car
les plantations commerciales sont plus durables et rentables que la culture sur
brûlis ». Lorsque le chef du bureau provincial parle de
<<toute la population », il précise qu'il s'agit autant des
villageois que des fonctionnaires qui cultivent un peu.
Les quelques personnes récalcitrantes à changer
leurs pratiques conformément aux directives ministérielles,
<<ne comprennent pas les mauvaises conséquences qui arriveront,
car ils sont trop pauvres et mal éduqués. Il est
nécessaire de les éduquer pour qu'ils comprennent les
problèmes ».
Pour cette raison, les villageois ont besoin d'être
rappelés à l'ordre par les responsables agroforestiers des
villages, des districts et des provinces et par des écriteaux, aux
entrées de villages, rappelant les zones forestières
protégées et expliquant par un poème les
conséquences malheureuses d'une déforestation :
<< Si il n'y a plus de forêt sur la terre, il n'y
a pas d'ombre, les bons sols fertiles deviennent rouge, comme le désert,
l'eau sèche et le soleil brûle tout,
les animaux meurent et disparaissent ». (Monsieur Hier).
80 Basic statistics of Lao P.D.R., State Planning Comittee
National, Statistic Centre, 1975-2000 .
81 Entretient avec le chef du bureau ministériel <<
Agriculture et Forêt » de la province de Phongsaly, à
Phongsaly.
Les paysans montagnards seraient, selon le responsable,
souvent jaloux des voisins qui ont accès à de nouvelles
techniques agricoles, rentables et reposantes. Ils ne comprennent pas que tout
le monde ne peut pas y avoir accès, qu'il faut un capital de
départ et que le gouvernement ne peut pas les aider.
La situation est qu'ils acceptent mal de passer un contrat
avec des responsables qui ne font que les brimer et avec des projets qui
réduisent encore plus leur chance de s'en sortir en réduisant les
surfaces, en baissant leurs temps de jachère, en bouleversant leur
traditions82.
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