b) Comment s'explique la préférence des
consommateurs pour la vente directe ?
Source : étude de l'APES en partenariat avec la
région Nord-Pas-de-Calais (2009)
Pour 37% des consommateurs interrogés dans le cadre de
cette étude, leur motivation première à acheter leur
produit par la vente directe est la qualité des produits par opposition
aux produits commercialisés en grande surface. Les
caractéristiques d'un produit local pour les consommateurs de la
région sont au nombre de quatre : « le produit local est de «
saison », naturel (pas forcément très propre et
calibré), bon et fait partie d'une gamme étroite de produit
». Or, les produits commercialisés dans les grandes surfaces ne
présentent pas ces
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caractéristiques bien au contraire. Les grandes surfaces
souffrent d'un déficit d'image notamment suite aux crises sanitaires
(Cf. 1-d)).
Pour 33,3% des consommateurs l'achat de produits locaux
auprès des producteurs s'inscrit dans la démarché
écologique ainsi que dans la volonté de soutenir les producteurs
locaux.
c) La part de la vente directe reste marginale
Source : étude dans le cadre du CROC dans la région
Languedoc-Roussillon et dans le département de l'Hérault
Les GMS (grandes et moyennes surfaces) restent le premier lieu
d'approvisionnement en matière d'achats alimentaires. Le marché
est un lieu d'approvisionnement. Malgré la préférence des
consommateurs des régions Nord-Pas-de-Calais et du Languedoc-Roussillon
pour la vente directe, la majorité d'entre eux font leurs achats
alimentaires en GMS.
Cette incohérence entre le discours et le comportement
d'achat s'explique par les inconvénients de la vente directe qui sont
principalement un prix plus élevé, un manque
d'accessibilité et une offre très peu diversifiée (voir
ci-dessous).
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Source : étude dans le cadre du CROC dans la région
Languedoc-Roussillon et dans le département de l'Hérault
d) Pourquoi les consommateurs consomment-ils local ?
> Les besoins des consommateurs
Le Baromètre des perceptions alimentaires MAAP/CREDOC
2009 met en évidence les deux principaux besoins des consommateurs
français.
Ils sont tout d'abord à la recherche de sens dans la
consommation. L'année 2008, année de crise, marque un changement
dans le comportement du consommateur. Ce changement se caractérise par
la remise en cause de la société de consommation qui fait
naître chez le consommateur des besoins qui ne sont pas essentiels. Le
consommateur veut donner du sens à la consommation et ce sens passe par
la considération des critères éthiques au sens large. Ces
critères éthiques se rapportent à la qualité des
aliments, au bien être de l'environnement et animal, à la
proximité entre le producteur et le consommateur,... C'est pourquoi, les
consommateurs sont plus que jamais attentifs aux labels. Le consommateur veut
avoir des informations sur ce qu'il achète.
Les consommateurs ont besoin d'être rassurés
suite aux différentes crises survenues dans le secteur alimentaire (Cf.
I-1). Ils veulent des informations précises sur la
traçabilité et l'origine du produit afin de juger la
qualité d'un produit. Selon le baromètre CREDOC 2009, les acteurs
les plus aptes à les renseigner sur ces questions sont les associations
de consommateurs, les petits commerçants et les agriculteurs. C'est
pourquoi la fréquentation des commerces de proximité qui
était en baisse jusqu'en 2008 se stabilise depuis 2009.
Le besoin d'information est par conséquent primordial.
Il existe des labels comme le label Rouge et le label
AOC (Appellation d'Origine Contrôlée) qui garantissent
que le
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produit est un produit local. Cependant, de nombreuses lacunes
demeurent en termes d'information notamment sur la distinction qui devrait
être faite entre produit local et produit bio. Une association est
généralement faite entre les deux types de produits par les
consommateurs. C'est une association très maladroite car il se peut que
certains produits régionaux ne soient pas bio. Les produits bio
comportent la mention « bio " ou « issu de la culture biologique " et
sont parfois labellisés sous le label AB (Agriculture Biologique). Le
label AB garantit que des contrôles ont été
effectués à tous les échelons, du producteur au
distributeur pour attester que les produits respectent bien la
réglementation bio. Ce qui n'est pas le cas des autres labels, tels que
le label AOC et le label Rouge. Les distributeurs ont-ils intérêt
à mettre fin à cette confusion alors que le marché des
produits bio a augmenté de 10% en France en 2010 selon les
données de l'agence bio ?
> Les motivations
Dans le cadre d'une enquête réalisée par
La Voix du Nord sur le cadre de vie, 94% des Dunkerkois déclaraient
plébisciter les produits alimentaires locaux. Les motivations sont
diverses mais se concentrent sur trois données fondamentales : la
qualité, le patrimoine régional et le développement
durable.
Les critères de goût, de prix, de
traçabilité et origine du produit permettent au consommateur de
juger la qualité du produit et de son caractère bon pour la
santé. Christine, dans le cadre de cette enquête, affirmait «
J'aime les légumes de pleine terre parce que le goût est meilleur.
J'achète plus facilement quand ça vient d'un petit agriculteur.
Quitte à payer un peu plus cher ". Il ressort que les consommateurs sont
moins sensibles au prix lorsqu'il s'agit de consommer local.
Les consommateurs évoquent également l'aspect
citoyen de leur geste. C'est ce que développe le célèbre
chef cuisinier Marc Veyrat dans une interview de l'hebdomadaire L'Express
« Cet attachement (aux produits régionaux) vient de l'amour que
j'ai pour ma région et pour son environnement. Il est primordial de
toujours garder un oeil sur le passé : on ne peut pas entrer dans le
XXIe siècle et la modernité si on occulte ses origines. (...) ".
Ce sentiment semble partagé dans les différentes régions
de France et à en croire l'enquête réalisée par le
quotidien Ouest France auprès de 810 personnes. En effet, 95 % des
Bretons sont «tout à fait d'accord" ou «plutôt d'accord"
pour dire qu'acheter « Produit en Bretagne ", c'est «soutenir le
savoir-faire breton". Pour 92 %, c'est «favoriser les emplois bretons" ;
pour 90 %, c'est «faire un geste pour ma région" ; pour 89 %, c'est
«être sûr d'acheter des produits de qualité".
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Enfin, la dimension de consommation durable apparaît
dans l'achat de produits régionaux (Cf. I-1).
L'engouement des Français pour les produits
régionaux n'en finit plus de se démontrer. En effet, on a vu se
multiplier ces dernières années tout type de salons mettant en
avant les produits locaux synonymes de valeurs et de développement
durable. Ainsi, à Dunkerque au mois d'octobre dernier lors du salon du
vin, de la bière et des produits régionaux se sont réunis
plus de 220 exposants pour faire découvrir les produits de terroir et
faire découvrir leur mode de production à un public toujours plus
nombreux. A noter également, l'incontournable salon de l'agriculture
à Paris, qui s'avère être la plus grande vitrine des
produits régionaux, connait un succès grandissant avec
près de 700 000 visiteurs en 2010, preuve du vif intérêt
que les consommateurs portent aux produits régionaux et à
l'agriculture en général.
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