2.1.2.1. Composante : le phénomène
d'acculturation
Comme nous l'avons vu précédemment, le milieu
social influe largement sur la conduite de l'individu. Quand il transite entre
deux sociétés, ce dernier perd donc tout ou partie des
repères qu'il avait construit dans sa société d'origine et
doit en faire émerger de nouveaux au contact de l'environnement de la
société d'accueil. Redfield, Linton et Herskovits (1936) ont
défini l'acculturation comme l'ensemble des phénomènes qui
résultent d'un contact continu et direct entre des groupes d'individus
de cultures différentes et qui entraînent des changements dans les
modèles
culturels initiaux d'au moins l'un des deux groupes. Selon
Berry et al. (1989), les variations dans le processus d'acculturation sont
liées à trois facteurs majeurs : la volonté, la
mobilité et la durée. Ainsi, les choses sont-elles
différentes selon qu'il s'agisse d'un étudiant en échange,
d'un réfugié politique ou d'un migrant permanent par exemple. En
fonction de ses rapports avec les groupes culturels et sociaux qui composent la
société d'accueil, l'individu développe des
stratégies d'acculturation. Elles reflètent la manière
dont se négocie le maintien du référentiel culturel
originel dans la société d'accueil ainsi que la propension de
l'individu à aller vers les autochtones.
TABLEAU 1 : stratégies d'acculturation
(adapté de Berry, 2000)
|
Doit-on valoriser la sauvegarde de son
référentiel culturel originel?
|
|
oui
|
non
|
Doit-on valoriser le contact avec la
société d'accueil?
|
oui
|
intégration
|
assimilation
|
|
Séparation / ségrégation
|
marginalisation
|
|
Détaillons ces quatre principales stratégies
d'acculturation. Tout d'abord, lorsque l'individu souhaite renier son
référentiel culturel et recherche activement le contact avec
d'autres groupes afin d'adopter le (ou les) leur(s), on parle d'assimilation.
Ensuite, quand l'individu désire conserver son référentiel
culturel tout en ayant des rapports avec d'autres groupes dans le but de
partager une symbolique d'ensemble et de faire partie intégrante d'une
même société, il s'agit d'intégration. Puis, lorsque
l'individu veut préserver son référentiel culturel intact
et évite le contact avec d'autres groupes, on est dans le cas de figure
de la séparation. En revanche, si c'est la société (i.e.
les groupes dominants) qui impose la séparation, on parle alors de
ségrégation. Finalement, dès lors qu'il existe peu de
possibilité ou d'intérêt pour l'individu à maintenir
son référentiel culturel originel et à entretenir des
relations avec d'autres groupes, on parle de marginalisation. Dans ces trois
derniers cas (séparation, ségrégation et marginalisation)
l'individu est en situation d'exclusion, volontaire ou forcée, par
rapport à la société d'accueil.
Notons bien également que la ségrégation
et l'intégration dépendent toutes deux de l'orientation
d'acculturation de la société d'accueil et sont, à ce
titre, indépendantes du migrant. En effet, à son arrivée
dans la société d'accueil ce dernier devra assumer un nouveau
statut social qui lui sera appliqué indépendamment de sa
volonté, celui de représentant de son pays d'origine avec les
attentes et les stéréotypes qui peuvent y être liés
(Byram et al., 1997).
|