3.2.2.1. Capital social
M nous dit qu'il lui a été facile de
créer du lien social au Brésil (Questionnaire
général, item 2 « Au Brésil, était-il facile
de créer du lien avec d'autres personnes? » : 5/5) ainsi que
s'être sentie bien insérée socialement sur place
(Questionnaire général, item 7 « Rétrospectivement,
comment vous sentiez-vous inséré dans la vie brésilienne
à l'issue de votre séjour? » : 4/5). En outre, elle pense
avoir beaucoup communiqué avec les autres pendant son séjour
(Questionnaire général, item 5 « Au quotidien, comment
pensez-vous avoir communiqué avec les autres? » : 4/5). Par
ailleurs, elle estime avoir communiqué sur une base
régulière avec plus ou moins cinq personnes au début de
son séjour, puis avec plus de dix personnes à la fin de son
séjour (Questionnaire général, item 6 « Dans la vie
de tous les jours, parmi vos relations, avec combien de personnes
dialoguiez-vous? »).
À ce sujet, elle nous dit que ses interlocuteurs
privilégiés étaient majoritairement des Brésiliens
et des étudiants internationaux (Questionnaire général,
item 8 « De quelle nationalité étaient vos interlocuteurs
privilégiés? »).
Durant son séjour au Brésil, M a d'abord
été accueillie au sein d'une famille brésilienne pendant
les trois premières semaines, puis a ensuite vécu en colocation
avec cinq autres étudiants internationaux, dont un Espagnol, une
Italienne, deux Mexicains et un Français.
Au sujet de son séjour chez la famille brésilienne
qui l'a hébergée provisoirement, M nous dit qu'elle a
été très bien reçue et s'estime heureuse d'avoir pu
bénéficier de cette opportunité :
« j'ai eu la chance d'être dans cette famille
brésilienne » ;
« tout de suite elle m'a vraiment vraiment super bien
accueillie » ;
« ça m'a aidé à me sentir bien
parce que je me suis sentie quand même chez moi assez facilement dans
cette famille ».
En revanche, à propos de son expérience de la
colocation, M se montre plus réservée :
« la colocation a commencé on était une
grande famille, tous un grand échange, premier et grand échange
dans un autre pays tatati tatata on se retrouve tous étudiants on se dit
en fait c'est bon on va devenir friends tu sais des meilleurs amis toute la vie
mais non (rire). On est différent, on vient de cultures
différentes [...] on avait pas les mêmes attentes » ;
« tu vois que euh, que t'as pas d'intimité,
jamais, et euh, et je pense que ça a été du coup le
problème de notre coloc parce que on se retrouvait jamais tout seul tu
vois » ;
« y avait des embrouilles entre nous [...] donc c'est
vrai qu'y avait des moments où t'en avais marre » ;
« vivre à six, en coloc à six, franchement
c'était vraiment vraiment, y avait des moments c'était
dégoutant [...] vraiment c'était chiant quand même
».
Qui plus est, elle nous dit que si le contexte pluriculturel de
la colocation était enrichissant, il avait
tendance à confiner entre eux des étudiants
étrangers, ce qu'elle envisageait comme une barrière à une
plus large intégration dans la société brésilienne
:
« c'est vrai que ça a été super
enrichissant [...] mais d'un autre côté ça nous enfermait
aussi dans cette euh, dans le fait qu'on est étranger qu'on reste entre
étrangers [...] et y en a beaucoup qui ont fait ça [...] mais
dès qu'on leur proposait de faire quelque chose dans un autre endroit
avec d'autres Brésiliens bin c'était carrément plus dur tu
vois et c'est vrai que après je l'ai dit à tout le monde,
à ceux qui arrivaient tout ça, fais attention quand tu fais un
échange de pas rester qu'entre étrangers c'est con quoi
».
Concernant l'université, M explique que ce lieu n'a pas
été un vecteur privilégié de rencontres, notamment
en raison du fait qu'elle n'ait pas eu l'opportunité de suivre
l'ensemble des cours au sein d'une seule et même promotion :
« je changeais à chaque heure de cours [de groupe
de personnes], donc plus dur aussi pour se créer de vraies relations
durables ».
Néanmoins, M nous dit être parvenue à
tisser un solide réseau d'amis sur place, brésiliens notamment,
mais pas seulement. Par exemple elle nous dit avoir noué des liens
très forts avec son colocataire français :
« je me suis vraiment rapprochée de mon coloc
français » ;
« dès que j'ai rencontré mon coloc
français, que j'ai vraiment appris à découvrir, et bin
ça a été mon meilleur ami et on est devenu
inséparable ».
C'est d'ailleurs par ce biais là que M a pu rencontrer
des Brésiliens avec lesquels elle s'est par la
suite sentie de très fortes affinités, et qui ont
constitué son principal groupe d'amis :
« en fait ça a commencé parce que mon
coloc a eu des amis de par sa fac [...] donc y s'est fait ces amis là,
on a commencé à bien sympathiser avec eux, et euh, et ensuite,
[...] j'ai rencontré euh un gars qui avait fait un échange en
Europe [...] et ce gars là il était danseur de hip-hop et il
avait tout un groupe avec lui donc on s'est rencontré [...] et c'est
devenu mes, mes amis, vraiment, super bon feeling, donc du coup après
voilà je restais tout le temps avec eux, j'étais plus chez moi
j'étais tout le temps dans la rue avec eux et je disais donc à
mon coloc de venir, ou d'autres personnes tu vois d'essayer que tout le monde
en profite que j'avais cette relation là ».
Le lieu de travail de M lui a également permis de
fréquenter des Brésiliens et de lier connaissance avec eux :
« ma directrice était génialissime
[...] elle nous emmenait des fois elle nous prenait moi et je bossais avec
l'Italienne et la Mexicaine et on allait se balader en, on avait fait un
circuit de tous les vignobles du coin [...] elle nous emmenait visiter des
villes une fois de temps en
temps » ;
« c'était génialissime, parce que t'es
avec des gens qui ont envie d'apprendre c'est des adultes [...] et les gens y
étaient, j'apprenais le portugais aussi, et j'apprenais plein plein de
choses car j'essayais de m'intéresser à ce que eux ils faisaient,
comme ça ils pouvaient me parler de leur travail, de leur métier,
comme ça j'ai appris plein de trucs que je pensais pas que, qu'y y avait
des différences ».
Finalement, M nous dit avoir volontiers entrepris de
créer du lien social au Brésil afin de s'insérer avec
succès dans son environnement :
« j'en avais envie je pense. Je pense que si t'as
peur tout de suite et que si tu te renfermes dans ta peur tu vas pas aller vers
les gens et c'est vrai que tu vas être tout seul et que tu es malheureux
du coup. Mais moi j'en avais envie » ;
« j'ai quand même fait des efforts pour
m'intégrer, j'avais des amis brésiliens ».
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