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Impacts des échanges universitaires internationaux sur les étudiants de l'Université Lumière Lyon 2: cap sur le Brésil

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par Thibault Pourhadi
Université Lumière Lyon 2 - Master 2 recherche sciences de l'éducation et de la formation 2012
  

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2.2.3.4. Stress d'acculturation

Premièrement, C obtient le score de 75,7/100 à l'Échelle de stress d'acculturation. Par exemple, elle apparait ne pas souffrir du mal du pays :

- item 1 « J'ai le mal du pays : je ne me sens pas chez moi et mes compatriotes me manquent » : 2/5.

Toutefois, elle confie s'être sentie sous pression sur place en raison d'un rythme de travail soutenu, entre ses stages et sa recherche :

- item 8 « Je me sens sous pression ici » : 4/5 ;

« enfin c'était tout une dynamique qui a fait que finalement on a fait deux stages au lieu d'un, et aussi que du coup on avait notre recherche à faire en plus donc le séjour a été complètement surréel, on s'est dépêché » ;

« j'avais pas de temps libre » ;

« j'avais pas le temps vraiment ».

Ensuite, elle dit ne pas se considérer victime de discriminations, de préjugés ou de stéréotypes :

- item 2 « Je me sens discriminé ou pas sur un pied d'égalité avec les gens du coin » : 2/5 ; - item 3 « Les autres se moquent de ma culture et de mes valeurs » : 2/5 ;

- item 14 « Je suis victime de préjugés et de stéréotypes » : 1/5.

En revanche, lors de notre entretien, elle nous a confié avoir été sujette à de nombreuses remarques d'hommes et parle là du stéréotype de la femme blonde, exotique :

« au Brésil j'ai fini par le ressentir et ça c'est quelque chose que je supporte pas. Tu vois, comment les hommes t'abordent et puis ouais tu représentes quelque chose quand même en temps que la blonde » ;

« au Brésil je l'ai ressenti aussi [...] et ça ça me fatigue » ;

« vraiment, j'ai même pensé une fois à me teindre les cheveux mais j'ai pas eu envie d'enlever ma couleur naturelle parce que pour une question de stéréotypes ça m'énerve mais c'est vrai que c'était présent au Brésil ».

Par ailleurs, C estime ne pas avoir vécu de choc culturel lors de son séjour (Questionnaire général, item 17 « Rétrospectivement, pensez-vous avoir vécu un choc culturel pendant votre séjour au Brésil? » : non), partiellement en raison des similarités entre les sociétés réunionaise et brésilienne, comme nous l'avons déjà indiqué. Malgré ce, son séjour au Brésil semble avoir accentué une certaine perte de repères sur le plan de l'enracinement culturel et identitaire. En effet, C nous dit :

« je me sens toujours en marge de mon propre pays » ;

« je me sens pas d'ici [la métropole] et ça a été évident à partir du moment où j'ai voyagé » ;

« quand je rentre je refais toujours un rejet total de la France » ;

« quand je suis revenue ici ça a été tout une démarche de me réapproprier la métropole qui pourtant est mon lieu d'origine » ;

« toute ma vie, quand je reviens, c'est là que j'ai mon choc culturel c'est là que je me dis «

ma culture elle m'appartient pas » et je me sens mieux chez les autres que chez moi ». Ensuite elle ajoute :

« je me sens pas inscrite dans ce pays pour son peuple en fait. Et c'est exacerbé surtout depuis que je suis revenue de la Réunion c'est vraiment les gens m'énervent quoi, la mentalité m'énerve et je pense qu'en plus c'est pas du tout objectif hein, c'est vraiment parce que je sais qu'il y a des gens super et que j'en rencontre aussi mais je me sens pas bien ici » ;

« quand je voyage c'est que je supporte pas d'être assimilée à une Française alors que c'est ce que je renvoie en fait » ;

« j'assume pas du tout mon côté français j'ai vraiment un rejet de mon identité je sais pas pourquoi, c'est pas que j'ai honte d'être française c'est que je me sens profondément pas française et en fait du coup quand je voyage je suis assimilée à la France et qu'en fait je le porte pas et c'est hyper lourd pour moi » ;

« c'est pas la culture française parce que j'aime beaucoup mon pays, j'aime beaucoup sa diversité, j'aime beaucoup tout ce qu'il peut offrir de différent que ce soit dans le peuple ou juste les paysages ou la bouffe ou chaque région a une culture énorme mais c'est vrai que je supporte pas le peuple français ça me fatigue son rejet de la différence, ça me fatigue son manque de communication, sa peur de l'Autre » ;

« pour moi c'est ça, enfin la France c'est une vieille dame qui a peur de l'Autre en fait ». Puis elle précise :

« je viens d'un milieu très riche et très fermé et que je rejette tout le temps ça et que en voyageant je me rapproche toujours des gens qui ont rien parce que je trouve ça fabuleux d'avoir rien et de donner tout et parce que je ressens ça je sens que et pourtant c'est pas comme si j'avais été élevée sans rien c'est que au contraire je me retrouve dans ce don comme ça et c'est vraiment ce que je suis profondément et c'est vrai que c'est un paradoxe complet dans mon identité quoi » ;

« un retour à je sais pas quoi, et complètement contradictoire avec mes origines ».

Ainsi, de cette assise identitaire conflictuelle, des tensions semblent avoir émergé pendant son séjour au Brésil. C explique s'être :

« je sais pas pourquoi je me suis identifiée plus à ceux qui se contentent du peu et c'est vrai que je me suis un peu détachée de ce côté occidental et ça a joué sur ma deuxième structure de stage qui était privée, qui accueillait les gens et qui se permettait de faire des choses pas de la manière que j'aurais aimé en fait » ;

« c'était une structure privée très très chère donc donc le public était plus ou moins enfin bien occidental ».

De même, en faisant référence à ses hôtes, elle affirme :

« vu qu'ils étaient très riches [...] y connaissaient rien du Candomblé [...] toute les pratiques afros c'est vade retro satanas » ;

« la personne qui m'a accueillie elle était dans un immeuble avec piscine, salle de sport et tout » ;

« eux ils sont très très riches quoi donc c'est des bagnoles et enfin c'était pas le Brésil que je côtoyais après » ;

« je me suis pas retrouvée dans ce groupe quoi, c'était pas le côté du Brésil qui me faisait

écho ».

Par ailleurs, elle indique également :

« je dormais aussi dans la favela et c'est vrai que je me sentais plus à l'aise quand je dormais dans la favela alors que quand j'entrais dans cet immeuble tout aseptisé ».

En conséquence, elle nous dit :

« ça a été mon choc quoi du Brésil de voir des gens dans la misère qui cohabitaient [...] y a pas de rapports en fait entre les très riches et les très pauvres et ça c'est un truc qui m'a choquée » ;

« le retour en métropole [...] j'appréhendais beaucoup ».

En définitive, ce déséquilibre, cette incertitude, semble l'avoir conduit vers une soupape spirituelle : « le Candomblé [...] c'est une philosophie de la vie qui m'a vraiment touchée et j'ai développé ma spiritualité vraiment à fond là-bas » ;

« le Brésil arrivait à point nommé dans ma vie parce que j'étais pas bien du tout et [...] je me suis retrouvée aussi spirituellement, ça fait des années que je lâchais cette partie là de ma vie que je savais pas trop où j'en étais » ;

« c'était aussi la rencontre avec tout ce côté spirituel [...] qui porte vraiment quelque chose de très fort dans la culture brésilienne » ;

« je me suis inscrite complètement dans le Candomblé » ;

« c'est la première fois que je rencontre ma spiritualité enfin c'est pas la première fois que je la rencontre mais c'est vrai que ça m'a permis de retrouver une spiritualité que j'avais perdu complètement » ;

« alors que je m'attendais pas du tout à ça c'est là que je me suis retrouvée en plein dans ma spiritualité dans ce que je croyais j'ai remis en question beaucoup de choses et c'est vrai que ça m'a beaucoup fait avancer et puis je crois que j'ai rencontré aussi les bonnes personnes au bon moment » ;

« ce voyage là je me suis retrouvée, c'était différent, parce que je pense que je m'étais perdue, je m'étais perdue en rentrant ici [en métropole] [...] et là je me suis retrouvée. Et ça m'a fait du bien [...] je me sens sur la bonne route [...] j'ai l'impression de m'être retrouvée et d'être repartie dans une dynamique que j'avais perdu en fait ».

Pour finir, d'une manière générale, C se dit satisfaite de son séjour au Brésil (Questionnaire général, item 15 b) « Globalement, combien êtes-vous satisfait de votre séjour au Brésil? » : 4/5) et déclare également avoir préféré sa vie à Recife par rapport à sa vie à Lyon, en métropole (Questionnaire général, item 16 « Globalement, en terme de qualité de vie, de bien-être et satisfaction, que

placeriez-vous en tête? » : Brésil). Elle affirme même :

« moi je suis hyper heureuse de ce que j'ai vécu, ça faisait longtemps que j'avais pas eu ce sentiment d'être au bon endroit au bon moment et ouais et puis j'ai eu une espèce de fusion avec le peuple brésilien ».

Deuxièmement, C obtient le score de 87/100 à l'Échelle de bien-être. Par exemple, elle semble s'être sentie à l'aise dans son environnement :

- item 2 « Vous sentez-vous exclu, discriminé ou rejeté? » : 1/5 ;

- item 3 « Vous sentez-vous seul et faiblement entouré? » : 1/5 ;

- item 9 « Vous sentez-vous à l'aise dans votre environnement » : 4/5 ;

- item 12 « Vous sentez-vous capable d'aborder les gens / aller vers les autres? » : 4/5 ; - item 13 « Participez-vous régulièrement à des activités de groupe? » : 5/5.

Pareillement, il apparait qu'elle ait su conserver un bon moral :

- item 7 « Êtes-vous content de la tournure qu'à pris votre vie ici? » : 5/5 ;

- item 8 « Êtes-vous plus souvent déprimé que joyeux? » : 1/5.

D'ailleurs, le premier item du Questionnaire général corrobore ces observations (« Durant votre séjour au Brésil, comment vous sentiez-vous? » : 5/5).

Dernièrement, C obtient le score de 73,3/100 au Brief COPE. Ses réponses laissent transparaitre qu'elle n'hésite pas à chercher aide et conseil auprès de son entourage lorsqu'elle est confrontée à des situations délicates, stressantes ou imprévues...

- item 3 « Recevoir l'aide et le conseil d'autres personnes » : 5/5 ;

- item 6 « Exprimer mes sentiments négatifs » : 4/5 ;

- item 7 « Rechercher la compréhension et le soutien de quelqu'un » : 5/5

...et qu'elle ne se laisse pas dépasser par les évènements :

- item 2 « Prendre les choses en main pour essayer de résoudre la situation » : 4/5 ; - item 4 « Renoncer à essayer de résoudre la situation » : 2/5.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon