Dans une perspective anthropologique culturelle, la culture
est l'ensemble plus ou moins lié des significations acquises les plus
persistantes et les plus partagées que les membres d'un groupe, de par
leur affiliation à ce groupe, sont amenés à distribuer de
façon prévalente sur les stimuli provenant de leur environnement
et d'eux-même. Ceci induit, vis-à-vis de ces stimuli, des
attitudes, représentations et comportements communs valorisés
dont ils tendent à assurer la reproduction par des voies non
génétiques (Camilleri, 1985). Autrement dit, la culture est un
construit social qui oriente le déroulement de nos interactions, c'est
une carte grâce à laquelle on navigue et structure le monde autour
de soi, un infléchissement du « penser » et du « faire
». Finalement, nous sommes tous enracinés dans un terreau culturel
qui donne du sens à ce que l'ont fait ou ce que l'on ne fait pas,
à ce que l'on pense ou ne pense pas, ou encore à ce que l'on dit
ou non.
Pour compléter utilement notre approche, ajoutons que
Bourdieu (1979, p. 47) parle de la culture
comme de « la
capacité de faire des différences », autrement dit,
d'opérer des distinctions,
d'interpréter des variations socialement distinctives
à l'intérieur du système culturel et d'y entrevoir un
principe d'organisation interne à la culture. En d'autres termes, «
pour comprendre une société, et ses membres, il faut
être en mesure de repérer les systèmes de classement, de
percevoir leurs lois de fonctionnements, leurs régularités, leur
logique sociale » (Porcher, 1986, p. 12). De fait, comme nous l'avons
évoqué précédemment, nos sociétés
revêtent un aspect d'arlequin à travers les différentes
distinctions culturelles et sociales qui les constituent, de sorte qu'elles
sont à l'image de mosaïques dont les individus se font le reflet.
Par conséquent, ce qui caractérise un sujet, c'est la
multi-appartenance à des subcultures qui s'entrecroisent et participent
à le co-construire. Il nous faut alors rejeter l'équation
simpliste selon laquelle une culture équivaut à un pays, donc
à un peuple (Philipps, 2007). Il n'y a donc pas un Brésil ou une
France, une culture brésilienne ou une culture française, mais
d'innombrables points de vue et façons de faire dont les
étudiants seront ou non les témoins au gré de leurs
rencontres. C'est pourquoi nous préférerons parler non pas de
culture mais de « référentiel culturel », ce par quoi
nous entendons l'ensemble des significations issues des multiples
déclinaisons culturelles d'une société qui sous-tendent la
construction de la réalité chez un individu, avec l'ensemble des
valeurs, attitudes, comportements et représentations qui en
découlent. De cela, il ressort qu'une société ne saurait
se résumer à seul et unique référentiel.
Virtuellement, il se pourrait qu'il y en ait autant que de membres de la
société. Ainsi, le syntagme de « référentiel
culturel de la société d'accueil » renvoie aux inflexions
particulières dérivées de l'intégralité des
déclinaisons culturelles de la société d'accueil qui
orientent la manière dont ceux de ses membres qui interagissent avec
l'étudiant en échange structurent la réalité.
Pareillement, le syntagme de « référentiel culturel de la
société d'origine » (du sujet) fait référence
aux infléchissements singuliers qui découlent de l'ensemble des
subcultures qui composent cette société et qui influencent la
construction des significations sous-jacentes à la vision du monde de
ses membres. Ces précautions langagières visent à prendre
en compte la diversité culturelle et sociale des sociétés
auxquelles nous faisons référence ainsi qu'à nous
prémunir contre toute généralisation. Dans le même
ordre d'idées, lorsque nous associons à des expressions telles
que « l'Autre », « autrui », «
l'altérité », « la différence culturelle »
ou « la société d'accueil » des verbes comme «
rencontrer », « faire face » ou encore « confronter »,
nous ne sous-entendons pas qu'il s'agit là d'entités avec
lesquelles le sujet interagit directement. Nous désignons plutôt
l'ensemble des acteurs sociaux évoluant dans le même environnement
que le sujet et porteurs de symboliques et de significations différentes
tant les uns des autres que de celles du sujet, dont ils sont à la fois
les dépositaires et les co-constructeurs. Ainsi, pour finir, le mot
« autochtone » ou le syntagme « membres de la
société d'accueil » sont-ils pour nous une incarnation
générique de la différence culturelle qu'il ne faut pas
réduire à un ou des individus porteurs d'une symbolique ou d'un
ensemble de significations
particulier (un référentiel culturel), mais qui
englobe toutes les variations culturelles et sociales de la
société d'accueil.