Ces travaux ont été initiés à
l'invitation de mon directeur de mémoire, M. Régnier, à me
pencher sur la thématique des échanges universitaires
internationaux, que j'ai immédiatement acceptée. Mon
intérêt à aborder cette thématique par le biais de
la recherche découle de ma propre expérience de la
mobilité internationale. En effet, j'ai effectué mon tout premier
séjour à l'étranger au cours de l'année scolaire
2009-2010, pendant mon année de Maîtrise que j'ai passée en
Australie. Ce fut là une expérience très enthousiasmante
au cours de laquelle j'eus le sentiment d'évoluer à grands pas,
de changer, que ce soit au niveau de ma personnalité ou de ma vision du
monde notamment. Par la suite, il s'est d'ailleurs avéré que ce
séjour a eu, et continu d'avoir, un impact considérable sur ma
vie en général. Par exemple, d'autres voyages à
l'étranger ont eu lieu depuis, et de nouveaux projets d'expatriation
sont en cours. Par conséquent, travailler sur les échanges
universitaires internationaux représente pour moi un moyen de porter un
regard critique sur les effets d'une telle pratique, de mettre en perspective
ma propre expérience, somme toute récente. Il s'agit
également de promouvoir le séjour d'étude à
l'étranger, tant en renseignant les candidats désireux de
s'engager dans une telle aventure qu'en fournissant des arguments aux
institutions qui les soutiennent.
Comme le dit Russo (2006) « De nos jours, la
mobilité rencontre un fort consensus social. Portée par
l'idéologie ambiante, elle s'investit de significations positives qui
évoquent enrichissement personnel et ouverture socioculturelle. Au
niveau de l'enseignement supérieur, elle recouvre des pratiques qui ont
bénéficié d'une considération valorisante lors de
la dernière décennie. Les représentations qui lui sont
associées renvoient implicitement à des situations
potentiellement formatrices, en même temps qu'elles laissent
présumer des capacités individuelles chez ceux qui ont
décidé de faire cette expérience ».
Assurément, les modalités d'apprentissage par le biais du
séjour à l'étranger ont un
caractère autre de l'apprentissage institutionnalisé
(Murphy-Lejeune, 1993). Pour cet auteur, le séjour contextualise
l'apprentissage de la langue et de la culture d'accueil en tant que pratique
sociale, c'est-à-dire qu'il met en marche un nouveau processus de
socialisation et constitue une expérience totale qui marque
profondément l'individu, qui se retrouve soumis à plusieurs
rituels de passage (passage physique, social, symbolique). Aussi, afin de
répondre aux exigences de son nouvel environnement, l'étudiant en
échange est-il amené à mobiliser des ressources,
ressources qui sont rendues disponibles tant par les espaces de formation que
par des espaces hors formations (Acyoli-Régnier, 2005). Effectivement,
les dialogues, les relations sociales, les interactions font parties
intégrantes de la création de sens et sont vecteurs de savoir
(Jonassen, 1991), constituant pour partie ce que l'on nomme des apprentissages
buissonniers, soit des savoirs acquis en-dehors de l'institution (Certeau,
1993). Pour toutes ces raisons, on peut considérer l'échange
international universitaire comme un catalyseur, comme un processus
d'apprentissage plus vaste que le processus d'apprentissage classique
vécu dans le pays d'origine, entrainant en très peu de temps des
réactions intenses et permettant de vivre énormément
d'expériences. D'ailleurs, la décision de se rendre dans une
institution éducative particulière à un moment
précis de sa vie est porteur de sens pour l'individu au coeur de cette
démarche. En effet, sortir des frontières de son pays et
s'immerger dans une autre société fournit virtuellement de
nouvelles opportunités d'apprendre sur le tas vingt-quatre heures sur
vingt-quatre (Hopkins, 1999). De cette façon, l'individu est
amené à faire face à des situations qui remettent en cause
ce qui lui était familier, ainsi qu'à évoluer dans un
environnement aux caractéristiques différentes et à vivre
des expériences émotionnelles profondes. Le séjour
à l'étranger participe par là à transformer le
sujet à tous les niveaux, culturel, social ou psychologique. Pour cela,
l'individu en échange met en jeu des mécanismes cognitifs afin de
s'adapter aux différences culturelles auxquelles il est
confronté. Il s'agit certes d'acquérir des connaissances, mais
surtout de parvenir à créer consciemment une dynamique empreinte
de sens qui permette, de fil en aiguille, de faire passer les étudiants
et leurs hôtes d'un exotisme réciproque à une
familiarité réciproque (Vatter, 2003). C'est ce que l'on connait
sous le nom de compétence interculturelle.
En définitive, l'échange international
universitaire renvoie une image (trans)formatrice. Il représenterait une
fenêtre ouverte sur l'altérité, un processus de changement
et de diffusion culturel, susceptible de contribuer à ce que les
différents protagonistes portent un regard plus éclairé
sur le monde.
Toutefois, si un certain nombre d'études met en exergue
les bénéfices des programmes
d'études
intégrées et en dresse un bilan positif,
d'autres sont plus contrastées. En effet, certains chercheurs
font
notamment part de la tendance des étudiants internationaux et des
autochtones à ne pas se
mélanger (Ward, 2001 ; Kim, 1988), ce qui tend
à limiter l'ampleur des transformations culturelle, sociale et
psychologique chez les participants (Brown, 2009). De la même
manière, Ward (2001) indique que si beaucoup d'études incluent
comme hypothèse de départ des bénéfices en
matière de compétence interculturelle chez les étudiants
en mobilité internationale, peu parviennent à le démontrer
par la suite.
C'est pourquoi, au vu des résultat contradictoires sur
la question, nous allons tenter ici de situer les effets des échanges
universitaires internationaux chez des étudiants de l'Université
Lumière Lyon 2 séjournant au Brésil, et ce en
étudiant à la fois leurs transformations culturelle, sociale et
psychologique et leur compétence interculturelle.