La présente étude a été
menée dans 22 villages dogons de la préfecture de Bandiagara. Les
sols sont pauvres et fortement exposées aux facteurs d'érosion :
un tiers de la région se compose de roc vif et un autre tiers consiste
en des sols dont la couche ne dépasse pas 10 cm en profondeur. La
pression démographique est élevée avec environ 25
habitants par km2 et pour subsister la population n'a que 48.000 ha
de terres cultivables (6,3% du total).
Ceux qui ont accès aux parcelles d'oignons peuvent
générer des ressources financières pour aider à
combler le manque des céréales. Le maraîchage est
pratiqué un peu à travers toute la région. Il
intéresse principalement les populations du Plateau Dogon et celles des
zones péri-urbaines des cercles de Mopti, Djenné,Ténenkou
et Douentza. Les cultures sont faites, surtout au niveau des petits barrages de
retenue d'eau dans le plateau dogon, autour des puits et forages et aux abords
du fleuve et de certaines mares. Les producteurs dogon ont su s'adapter
à des conditions agro-écologiques difficiles : peu de terres
arables (environ 10 % de la surface du plateau dogon) et des cours d'eau
temporaires qui ne durent pas plus de cinq mois.
La saison sèche, de novembre à avril, est
caractérisée par une pluviométrie inexistante. Elle se
décompose en une saison fraîche (novembre à janvier),
durant laquelle la température moyenne est de 25°C, et une saison
chaude, avec des pics de température qui peuvent dépasser les
45°C. La saison des pluies, de mai à octobre, connaît une
pluviométrie de 300 à 700mm, inégale d'une année
à l'autre, et concentrée principalement sur les mois de juillet
et août.
Graphique 4 : Répartition mensuelle des pluies Source :
Nations Unie
46
Graphique 5 : Pluviométrie du Plateau Dogon Source :
Nations Unies
Section 1 : Méthode de Collecte et
données statistiques
Les différentes étapes du déroulement de
l'étude ont été les suivantes :
- échanges et collecte de données au niveau de
la coordination régionale du PCDA ;
- conception de guide d'entretiens pertinents avec les
acteurs clés de la filière ;
- distribution du questionnaire aux personnes ciblées
intervenant dans le secteur ;
- contacts/échanges avec les principaux intervenants
(acteurs clés) de la filière aussi
bien publics (IER, Secteur Agriculture, Projets/Programmes
publics...) que privés
(producteurs, transformateurs, transporteurs,
commerçants, ONG, fournisseurs
d'intrants, ...) sur leurs visions, leurs stratégies
et leurs suggestions en matière de développement de la
filière échalote/oignon à court, moyen et long termes ;
Graphique 6 : production maraîchère de
Bandiagara pendant la campagne 2008-2009
Source : SLACAER Bandiagara 2008
Illustration : Ce graphique retrace l'ensemble des
productions maraîchères pratiquées dans la
préfecture de Bandiagara entre 2008/2009. Il ressort de cette
étude que la culture d'échalote est la plus cultivée avec
45.000 tonnes suivie de celle de l'aubergine.
C'est pourquoi l'échalote mérite toute notre
attention et, cela pour plusieurs raisons
entre autres :
· Aptitude relative à la conservation et au
transport à l'état frais ;
· Aptitude à la substitution au gros oignon (Allium
cepa) dans toutes les spécialités culinaires ;
· Aptitude à une large gamme de techniques de
transformation tant traditionnelles (écrasée-
séchée, pilée mise en boules et séchées
etc.) qu'artisanale (Echalote séchée en tranche ) ;
· Aptitude à une gamme variée de
possibilités d'utilisation jusque-là inexplorées.
L'opinion la plus répandue attribue la meilleure
qualité à l'échalote du plateau pour son arôme et
son goût piquant (meilleur goût organoleptique). En effet, les
utilisations faites de ce produit restent encore essentiellement culinaires.
Section 2 : L'échalote
Illustration 3: Echalote Source : Wikipédia
L'échalote est un légume-condiment très
utilisé dans nos cuisines. Comme l'ail et l'oignon, elle fait partie de
la famille des liliacées. Elle a des propriétés
très bénéfiques sur le système cardio-vasculaire.
Par ailleurs, l'échalote améliore la fluidité du sang et
aide à lui assurer une teneur en sucre modérée. En outre,
elle a des vertus antiallergiques et antimicrobiennes.
Il existe trois principaux bassins de production de
l'échalote au Mali: la zone Office du Niger, le pays dogon et la zone
périurbaine de Bamako (Kati, Koulikoro).
Graphique 7 : Production annuelle d'échalotes au Pays
Dogon et dans l'Office du Niger (2002-2010) Sources : Office du Niger et
Secteur de l'Agriculture de Bandiagara
Depuis 2003, la production d'échalote au pays dogon reste
relativement stable, autour de 40 000t/an, alors que les volumes produits dans
l'Office du Niger connaissent d'importantes fluctuations, au gré des
aménagements de canaux en contre-saison qui empêchent des zones
entières de l'ON de cultiver l'échalote durant une campagne.
Au pays dogon, les producteurs sont relativement bien
organisés en groupements intervenant dans l'approvisionnement en
intrants, la transformation et la commercialisation des produits.
Cela a favorisé la mise en place d'un cadre de
concertation qui leur permet de fixer un niveau minimum de prix garanti aux
producteurs et de mettre en place un système efficace de
commercialisation et de transformation de l'échalote.
En raison des bas prix de l'échalote fraîche
préjudiciable au producteur, un nouveau produit, substitut de
l'échalote fraîche a été mis au point: il s'agit de
l'échalote séchée en tranche (EST). Cette forme respecte
les conditions d'hygiène et conserve les caractéristiques de
l'échalote fraîche (arôme et substances nutritives).
Ce type de transformation a connu un développement
important dans la zone du plateau dogon (8 Kg d'échalote fraîche
donnent 1Kg d'échalote séchée).
Pour ce qui est de la commercialisation, environ 80% de la
production est destinée à la vente. Le reste est réparti
entre les pertes (15%), les semences et l'autoconsommation. Les marchés
les plus importants sont Bamako et Sikasso d'où sont exportées de
faibles quantités vers la Côte d'Ivoire et la Guinée
Conakry. La production étant saisonnière et compte tenu des
difficultés de conservation du produit, les prix varient selon les
périodes. En période d'abondance, ils sont les plus bas (moins de
100 FCFA/Kg), en période intermédiaire mai - juillet ils varient
entre 150 et 200 F CFA/Kg. En août- décembre le prix du kilogramme
atteint 300/ 500 FCFA. L'échalote séchée en tranches varie
entre 1100 et 2250 FCFA le Kg. Plus de 90% de la production est
consommée au Mali. Si la dynamique de production se poursuit au rythme
actuel, il y a un risque, à terme, d'une saturation du marché
intérieur.
On note également la méconnaissance des
opportunités réelles des marchés d'exportation sous
régionaux. Le développement de la filière
échalote/oignon doit être basé sur le renforcement de la
consommation intérieure en rendant le produit disponible toute
l'année. Cela n'est possible que par l'intensification de la production
et de la transformation, notamment, au moyen du séchage.
La conception du projet de la filière des
échalotes s'était fortement basée sur le
développement des groupements de production. Les paysans
maîtrisent également les techniques culturales même s'il
reste encore d'importants efforts à fournir pour améliorer
davantage les systèmes de production actuels. Il s'agit aussi de
favoriser un climat de concertation continue entre les acteurs de la
filière, de vulgariser des variétés tardives afin de mieux
étaler la production sur toute l'année.
Il y a exigence de promouvoir les unités de
séchage semi-industrielles et de promouvoir le produit sur les
marchés importateurs de la sous- région.
Tableau 1: Coûts de transformation d'1kg
d'échalote fraîche en échalote séchée
:
NATURE DU
PÉRIODES prix à la recolte/production
PRODUIT
J F
BKO
BGARA.
PRODUCTEUR
M
A M J J A S O N D
ECHALOTE FRAICHE 2006
225
125
100
300 300 400 400
125 150 150 200
11
90
5
10 0
45 0
ECHALOTE
250
150
125
350
150 200 300
125
125
125
90 11
FRAICHE 2007
10 0
400 50
0
5
ECHALOTE
500
200
150
200 225
20 0
15 0
250 300 350 350 500 600 80
0
15 0
FRAICHE 2008
ÉCHALOTE SÉCHÉE
2750
1500
2006
- 1275
110
0
190 0
190 0
190 0
190 0
150 0
130 0
195 0
(EST)
2000
1400
2007
- 1275
125
120
110
0
200 0
180 0
180 0
160 0
130 0
0
0
135 0
-
-
-
-
-
150 0
2250
1275 1500
2008
150 0
135 0
Sources : FAC/GEST, SLACAER Bandiagara
Commentaire:
Ce tableau donne un aperçu des fluctuations du cours
du marché selon la saison. La saisonnalité du prix de
l'échalote fraîche est très marquée par les
fluctuations de l'offre cf tableau.
Tout comme pour l'échalote fraîche, les prix
2010 sont plus soutenus que ceux des saisons précédentes. Sachant
que les producteurs dogon transforment leurs échalotes une fois que le
prix du frais atteint un plancher situé autour de 125F CFA/kg , il
s'agit de vérifier quelle est la rentabilité des produits
transformés vis-à-vis du frais.
D'après les producteurs, il faut 7 à 8kg
d'échalotes fraîches pour obtenir 1kg de produits
transformés selon les méthodes traditionnelles (boules
d'échalotes écrasées et échalotes
écrasées séchées).
En revanche, il faut 8kg d'échalotes fraîches pour
obtenir 1kg d'EST (du fait que les échalotes sont
épluchées).
51
Graphique 8 : Production d'échalote
séchée de 1985 à 2008
Sources : FAC/GEST, SLACAER Bandiagara
Illustration :
L'exécution de cette phase pilote a abouti à une
production abondante de l'échalote. La production d'échalote a
augmenté de 5000 t à 45.000 t entre 1985 et 2008.
Il apparaît à travers les très faibles
taux de transformation améliorée présentés dans le
graphique que les importants volumes de production annuelle d'échalote
fraîche constituent une opportunité évidente pour le
développement de technologies de valorisation de ce produit.
De plus, la transformation nécessite de la main d'oeuvre.
D'après FAC-GEST, il faut :
· 10 à 12 hommes-jours pour transformer une tonne
d'échalotes fraîches en boules,
· 0,57 homme-jour pour les échalotes
écrasées séchées,
· 25 à 30 hommes-jours pour l'EST.
A priori, le rapport entre le prix des produits
transformés et celui de l'échalote fraîche devrait
être d'au moins 6 à 7 pour les formes de transformation
traditionnelle et de 8 pour l'EST. Or, ces rapports ne sont jamais atteints,
sauf en ce qui concerne l'EST sur environ cinq mois de l'année.
Se pose alors la question de l'intérêt des
producteurs dogon à transformer leurs échalotes fraîches. A
priori, ni la matière première ni la main d'oeuvre ne semblent
être correctement rémunérés vis-à-vis de
l'échalote fraîche. Il semblerait donc que les producteurs
prennent la décision de transformer pour des raisons qui ne sont pas
uniquement liées au prix des produits : leurs motivations peuvent
être liées à la facilité de conservation des
produits transformés et/ou à la volonté de réduire
les volumes d'échalotes fraîches sur le marché en
période de récolte afin de diminuer l'offre et tenter de contenir
la chute des prix du frais.
La présente étude donne une analyse de la
situation actuelle de la filière échalote au pays dogon en
prenant en compte toutes les composantes de la filière, qui va de la
production à la commercialisation.
- l'inexistence d'une structure de production et de
commercialisation des semences d'échalotes ;
- l'insuffisance des superficies cultivables pour la production
d'échalote ; - l'inexistence de groupements féminins pour la
production collective;
- l'inexistence de critères de qualité formelle
pour les échalotes destinées à la
- la non-maîtrise des relations entre les
itinéraires techniques, les facteurs climatiques et la qualité
des échalotes.