Impact des coupures du courant électrique sur la production des industries alimentaires de la ville de Bukavu. Cas de la boulangerie "la Providence "( Télécharger le fichier original )par Pierre ASSUMANI- MULONDWA Université officielle de Bukavu - Graduat 2012 |
CHAPITRE TROISIÈME: IMPACT DES COUPURES DU COURANT SUR LA PRODUCTION AU SEIN DE LA BOULANGERIE LA PROCIDENCEIII.1 ANALYSE DU PHÉNOMÈNE DE DÉLESTAGEDes expériences de privatisations de services publics en Afrique subsaharienne, ont fait l'objet d'études d'évaluation de leurs performances entre 1992 et 1996.1(*) La SNEL en RD Congo a fait partie de l'échantillon dans l'une ou l'autre de ces études. Elle a par ailleurs été soumise à un audit dont les conclusions ont objectivé la convention de 1998 qui instituait la sous-traitance de la distribution de l'hydro-électricité au sein de la Direction Kin-Est et de la DRK comme forme de partenariat public-privé associatif qui repose notamment sur la subsidiarité par les comités d'électrification dans le suivi du réseau et au besoin dans l'acquisition des équipements du réseau. On le sait, le but prioritaire des comités d'électrification est le combat pour l'équité dans l'accès au service public. Ceci s'appréhende dans une double forme de contribution: Indirecte et directe.2(*) 1. LA CONTRIBUTION INDIRECTELa contribution indirecte à l'objectif d'équité porte sur la mobilisation des moyens humains dans la société. Les formes de coopération permettent à la fois de gérer les inégalités devant le régime de délestage adopté par le fournisseur (Offreur) et de soulager le simple citoyen confronté au problème d'accès lié au coût de raccordement ou à l'inévitable avis technique négatif de la SNEL. La gestion additive tel que nous le présente le Professeur DI-KURUBA MUHINDUKA Dieudonné dans sa thèse de doctorat, permet, dans le partenariat public-privé, un arbitrage optimal, non pas le meilleur mais le moins mauvais si l'on se place au point de vue de l'administration, avec la rareté de ses moyens et sa sensibilité aux phénomènes de «capture». En outre, l'intervention subsidiaire des comités d'électrification permet le développement du service public (extension du réseau ou remplacement des infrastructures) grâce à un mécanisme de préfinancement que les fonds publics font défaut. Sally RUANE affirme que l'Initiative de Préfinancement Privé (IPP) pallie l'absence de l'Initiative de Financement Privé (IFP) et l'insuffisance des recettes fiscales. Elle provient des cotisations basées sur le salaire et/ou l'activité économique des membres. Par rapport aux autres formes de gestion additive dans le partenariat public-privé que sont l'impartition, l'affermage, la concession et l'Initiative de Financement Privé, l'Initiative de Préfinancement Privé est à première vue proche de l'Initiative de Financement Privé. Mais elle s'en distingue en tant qu'elle se conçoit comme un financement privé qui ne donne pas lieu à un amortissement (remboursement du principal augmenté des intérêts) mais plutôt à des compensations négociées par rapport aux charges qu'occasionnent l'accès au service public. Lorsque le chef de la gestion des réseaux a envoyé une quarantaine des comités d'électrification en 2005, il annonçait implicitement l'injection d'au moins 40 transformateurs dans le réseau à la mesure des moyens qui sont mobilisés grâce à l'Initiative de Préfinancement Privé. Dans le modèle classique, officiel, il s'agissait tout simplement d'un élargissement du patrimoine de la SNEL. Or, le protocole d'accord prévoyait des mécanismes bien plus interactifs de compensation à concurrence du montant de préfinancement par le biais des nouveaux abonnements qui s'ensuivent, des régularisations des factures impayés pour les anciens abonnés ou des factures à venir à la fois pour les anciens et les nouveaux abonnés, etc. L'importance des investissements réalisés grâce au système de préfinancement ne se traduit pas nécessairement par plus d'efficacité de l'ensemble du système de fourniture. Dans ces conditions, la marche vers l'équité peut avoir des effets contre-productifs. Dans le cas présent, elle a été de pair avec la précarisation, voire la défectuosité et le manque de fiabilité du réseau. Cette évolution s'est soldée par une baisse vertigineuse de l'offre qui a fini par casser le mythe selon les gens seraient abrités par rapport au régime de délestage. Il en va ainsi car la multitude des abonnés (grâce notamment aux comités d'électrification) qui intervient au bout d'une ligne desservant une clientèle finit par se traduire par une saturation des lignes existants, dans la mesure où elle ne s'accompagne pas d'une augmentation de la puissance installée ou du renforcement en intensité des lignes. La conséquence est une diminution continuelle de l'intensité fournie aux clients sur ces lignes, et l'augmentation de la fréquence et de la durée des délestages au préjudice des anciens abonnés, d'abord, et de nouveaux abonnés, ensuite. Dans tous les cas, il y a un no respect des engagements par la SNEL. Le choix d'élargir la demande en mettant en oeuvre une politique de répartition plus favorable aux classes populaires ne deviendrait optimisateur que si dans le même temps, pouvait se déployer une véritable activité de réaménagement de la structure productive. A ce sujet, nous renvoyons aux solutions techniques concrètes pour sortir l'industrie du RIRGL (Réseau Interconnecté de la Région des Grands Lacs) de l'impasse de son inéfficience. Pourtant, il faut se garder de voire le partenariat comme une «main invisible» qui pousserait la SNEL à ne pas se comporter efficacement. La subsidiarité contribue à plus d'équité, en permettant à la fois de mieux répondre à la demande (accroissement du nombre d'abonnés, équité dans l'accès au service) et à la prise en charge par les abonnés du contrôle des raccordements frauduleux. En même temps, nous nous écartons d'une situation d'efficience globale, donc de l'optimum de PARETO. Plus précisément, ceci illustre l'extérnalité négative de club: la poursuite de l'équité poussant à l'accroissement du nombre d'usagers, la satisfaction individuelle en pâtit! Comme l'industrie du RIRGL n'arrive toujours pas à améliorer l'offre, les gens comblant cette insatisfaction en se rabattant de plus en plus sur les énergies de substitution, prioritairement à l'énergie-bois. Cela signifie une fuite en avant dans le déséquilibre causé à l'environnement. Un dilemme moral se pose à l'agent (le consommateur): faute d'hydro-électricité, les gens doivent continuer à vivre/survivre en ponctionnant davantage sur l'environnement, au détrument des générations futures. Or, le problème est créé pas le principal (l'acteur public). Mais ceci n'est pas une raison pour renoncer à l'objectif d'équité. Que l'action des comités d'électrification conduise à plus d'inefficacité de l'action de l'acteur public, cela n'ôte rien à la pertinence de la finalité de permettre l'accès de tous à l'hydro-électricité en vue de préserver à terme l'environnement naturel des ponctions humaines. * 1 Patrick PLANE, «La privatisation des services publics en Afrique Subsaharienne: Enjeux et Incertitudes», in Revue Economique, Vol. 47, n°6, 1999, pp.1409-1421 * 2 MUHINDUKA DI-KURUBA D., «Gestion additive, Biens publics et Fourniture de l'électricité dans la région de Bukavu (RD Congo)», éd. Presses Universitaires de Louvain, Louvain, 2010, pp.187-193 |
|