1. Les maçons
La première est relative à la
construction d'un mur de briques. Taylor constate que, depuis des
siècles, des millions d'hommes font les mêmes gestes, avec les
mêmes matériaux et les mêmes outils, pour sceller des
briques.
Il observe attentivement et constate que, sur 18 mouvements
"spontanés", il y en a 13 inutiles.
Pendant trois années, il étudie les mouvements
et les temps, cherchant ce qui pourrait supprimer la fatigue corporelle
provoquée par des gestes à la fois pénibles et inutiles.
Constatant que tous les ouvriers se baissaient pour attraper les briques
entassées au sol, il fait disposer briques et mortier à bonne
hauteur, grâce à des échafaudages réglables. Des
hésitations provoquées par le choix de chaque brique ? Il
les fait disposer en file telles que la meilleure face de chacune puisse
être prise sans devoir être examinée, et que toutes soient
facilement saisissables. Il en arrive à faire gâcher le mortier
avec la consistance convenable, économisant ainsi le temps passé
à taper sur les briques. Enfin, il apprend aux maçons à
faire des mouvements simultanément avec les deux mains.
Résultat de tout ce travail, chez
GILBRETH, entrepreneur de maçonnerie de Boston, il fait
passer les ouvriers de 120 à 350 briques à
l'heure, et ceci avec une moindre fatigue.
2. Les pelleteurs
La deuxième grande expérience de Taylor à
été vécue en 1899, à la BethIéem Steel Co:
600 manoeuvres, munis de pelles, avaient à y décharger des wagons
de minerais et de coke, et à évacuer les cendres et les laitiers.
Taylor observe et constate d'abord que le poids unitaire de chaque
pelletée est très inégal. Les pelletées de minerai
peuvent faire jusqu'à 15 kg, celles de cendres seulement
2 kg.
Il constate aussi que chacun a sa pelle, plus ou moins longue,
que chacun a ses gestes, souvent incorrects. Le tonnage moyen quotidien
déplacé pu un manoeuvre ne dépasse pas 15 tonnes.
A la recherche d'une charge convenable pour tous, Taylor
inspire et contrôle des essais sérieux faits par des pelleteurs
qualifiés, ayant accepté de travailler sans s'éreinter
mais loyalement. Il fait varier les pelletées, grâce notamment
à des longueurs de pelles différentes, et observe les conditions
d'exécution de ces travaux.
Après 1 000 heures d'observation, il lui apparaît
qu'avec des pelletées de 19 kg un manoeuvre arrive à
déplacer 25 tonnes par jour, qu'avec des pelletées de
17 kg il arrive à en déplacer 30 et que c'est, finalement
avec des pelletées de 10 kg que le tonnage manipulé est le
plus élevé.
Taylor peut donc conclure qu'il a établi
"scientifiquement" qu'un manoeuvre, bien adapté à son travail,
réalise sa meilleure journée en déplaçant des
pelletées de 10 kg, qui lui permettent, seules, d'adopter une
allure naturelle tout au long de la journée.
Il fait alors construire un magasin à pelles, de telle
manière qu'il y ait des petites pelles plates pour le minerai, des
pelles larges en forme de cuillers pour les cendres, des fourches pour le coke,
de sorte que toutes les pelletées se rapprochent de ces 10 kg
considérés comme désirables. Il veut ainsi éviter
et le travail excessif, impossible à prolonger tout au long d'une
journée, et le temps gaspillé, rendant impossible d'atteindre un
rendement raisonnable.
600 ouvriers travaillant sur un espace de plusieurs
kilomètres de long : ceci implique un bureau de préparation du
travail prévoyant le travail et les déplacements de chacun.
Résultat : 600 ouvriers manipulaient chacun 10 tonnes
par jour ; 140 ouvriers, avec la méthode Taylor, arrivaient à
manipuler chacun 59 tonnes par jour.
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