CONCLUSION
L'organisation du travail demeure Taylorienne en dépit
du discours idéologique visant à faire intérioriser
à l'individu l'idée d'une plus grande autonomie. Selon LINHART.
D, 1995, hors série d'alternatives économiques, l'exigence de
qualité donne une nouvelle légitimité au travail
Taylorisé : ce n'est plus le patron, mais le marché qui impose la
Taylorisation. «C'est le client qui constitue la norme objective,
chargée de vider les relations sociales de leur conflictualité
».
La différenciation retardée, c'est-à-dire
l'introduction d'éléments de différenciation en fin de
processus de production, et la modularité, c'est-à-dire le fait
de proposer un modèle standard sur la base duquel le client peut choisir
des options complémentaires, permettent, enfin, une production de masse
de produits différenciés. L'actualité du Taylorisme tient
ainsi au fait que la production reste standardisée. Les économies
d'échelle, à la base de la croissance fordiste des trente
glorieuses, sont simplement réalisées désormais au niveau
de la gamme et non plus du produit.
Il faut donc plus que nuancer l'idée selon laquelle
l'émergence d'une demande de variété et de qualité
remet en cause le Taylorisme. Selon DUVAL. G, 1998, l'entreprise efficace
à l'heure de Swatch et Mac Donald's. La seconde vie du Taylorisme, le
discours idéologique sur la nécessaire mobilisation des
salariés autour de la qualité et des désirs du client a
conduit à la naturalisation des contraintes de l'OST (c'est la faute au
marché et non au patron). Le Taylorisme est plus que jamais
d'actualité. Mais il faut vraiment tenir compte que nous vivons un
certain paradoxe : un monde en pleine transformation et l'homme qui le
transforme incapable d'assumer pour lui-même les conséquences de
cette transformation.
Sommes-nous, aujourd'hui, autorisés à croire
venu le temps d'un après taylorisme ? L'hypothèse de
l'avènement d'un nouveau modèle productif, soutenue par plusieurs
auteurs a animé la communauté scientifique d'un débat
passionnant. Changement de paradigme, ou simple transformation ?
Post-taylorisme ou évolution, voire éclatement du
modèle ? « Les formes de la transition et les points de
rupture, l'enchevêtrement des logiques d'action,
l'hétérogénéité et l'indétermination,
autant de questions auxquelles la recherche est confrontée pour penser
les systèmes productifs de demain. »
ANNEXE
Les trois expériences de Taylor
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