CONCLUSION GENERALE
Au terme de notre étude, au cours de laquelle notre
expérience s'est fortement enrichie dans le domaine de la lutte contre
le blanchiment d'argent, il nous a été donné
l'opportunité de confronter nos acquis théoriques en audit
financier aux réalités économiques du monde de
l'entreprise.
Nos travaux réalisés au cours de la mission de
revue des procédures internes de lutte contre le blanchiment d'argent de
la KJ BANK, dans le cadre de notre stage de fin de cycle, ont par ailleurs
décelés des anomalies et autres axes d'amélioration qui
ont conduit a des recommandations. Nous avons donc pu cerner la notion de
blanchiment d'argent et les menaces qu'elle présentait pour
l'établissement financier audité. Cette mission nous a,
dès lors, interpellés sur les méfaits qu'un tel
phénomène pourrait avoir sur le système économique
et financier en Afrique.
C'est fort de cette expérience, que nous avons
étendu notre champ d'étude aux organismes et méthodes de
lutte contre le blanchiment de capitaux au plan international. L'idée
étant de nous intéresser au niveau actuel de la lutte au plan
mondial pour mieux cerner le travail restant a effectuer en Afrique.
C'est ce qui nous a amené a dresser, d'une part, une
approche notionnelle du concept de blanchiment d'argent et des principales
techniques utilisées par les blanchisseurs d'argent. D'autre part, nous
avons présenté la raison de la lutte contre le blanchiment
d'argent au plan international en nous axant particulièrement sur les
impacts économiques et sociaux de ce fléau. En définitive,
nous avons montré la nécessité de la lutte en Afrique
ainsi que les structures et dispositifs existants.
Notre démarche nous a conduits a l'évidence
qu'aujourd'hui, aucun pays ne peut affirmer être totalement a l'abri du
blanchiment de capitaux. Il faut donc sans cesse passer au crible, de
manière équitable et objective, les dispositifs nationaux de
lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Le crime
organisé a donc atteint une proportion telle qu'il devient plus que
nécessaire d'y faire face de facon rigoureuse.
Or, les institutions africaines de lutte contre le blanchiment
d'argent existent mais ne fonctionnent pas encore de facon optimale. A titre
illustratif, nos diligences mises en cuvre au sein de la KJ BANK ont permis
d'établir que des dispositifs et méthodes, inspirés des
standards internationaux, existaient. Toutefois, ces verrous de
sécurité contre le blanchiment d'argent n'étaient pas
appliqués de facon effective. De plus, le personnel de la banque n'avait
pas encore pu bénéficier du plan de formation prévu par la
cellule de lutte anti-blanchiment d'argent de la banque, qui elle-même
n'existait que de nom. Il s'en est donc suivi des faiblesses de divers ordres
identifiées au niveau du processus d'ouverture de compte. Ainsi, on
assistait a des ouvertures de compte pour
des clients dont l'origine des fonds était
méconnue des gestionnaires de comptes. Toute chose qui rend la banque
encore plus vulnérable au blanchiment d'argent, et dans une certaine
mesure, tout le système économique et financier. Nous sommes donc
arrivés a la conclusion selon laquelle la lutte contre le blanchiment de
capitaux ne pourra connaItre un véritable essor en Afrique que par la
mobilisation a tous les échelons et surtout une réelle
volonté de combattre ce phénomène.
A cet effet, nous proposons avant tout une sensibilisation de
l'opinion générale africaine. Cela, par l'organisation de
séminaires de formation et autres émissions ou colloques
médiatisés pour informer les africains de ce qu'est le
blanchiment d'argent, ainsi que des dangers que ce fléau fait planer sur
la stabilité de nos économies et même les mcurs de notre
société. Ensuite, les instances décisionnelles des Etats
africains devraient également s'impliquer encore plus dans la lutte
contre le blanchiment d'argent en prenant en considération les menaces
de la délinquance financière pour la crédibilité et
parfois même la survie de leurs régimes. A ce propos, d'ailleurs,
nous sommes convaincus que la situation économique des pays ne doit pas
constituer un frein aux moyens a allouer aux cellules en charge de la lutte
contre le blanchiment de capitaux. Cette position se base sur les fonds que la
lutte contre les pandémies, telles que le SIDA, réussit
régulièrement a obtenir, simplement par une bonne communication
auprès des bailleurs de fonds sur les implications de ce fléau
pour le continent africain. Dans cette optique, alors, il est certain qu'avec
une bonne politique de communication auprès des investisseurs et surtout
l'implication réelle et volontaire des Etats africains, la lutte contre
le blanchiment d'argent pourrait connaItre une avancée notable en
Afrique. Toutefois, cette mobilisation ne doit pas seulement être du
ressort des politiques et du secteur public mais les acteurs du secteur
privé doivent également se sentir concernés et s'impliquer
considérablement aux cOtés de leurs institutions
étatiques. En définitive, nous proposons une plus large
coopération internationale entre les Etats. Cela passe avant tout par le
rapprochement des différentes cellules et organismes existants au sein
de chaque continent autour du GAFI, l'institution mondiale. Car, le blanchiment
d'argent, de par son essence même est mondial. C'est a cette seule
condition que nous pourrons réagir de facon efficace, et surtout a
temps, aux différentes tentatives des délinquants financiers.
L'étude que nous avons réalisée constitue
notre modeste contribution a la lutte contre le blanchiment d'argent en
Afrique. Néanmoins, nous espérons que cette analyse contribuera a
la fois a l'éveil des consciences et a la sensibilisation des pays
africains sur l'ampleur de ce phénomène. Nous sommes d'ailleurs
disposés a prêter main forte aux éventuels ateliers de
réflexions que nos travaux pourraient inspirer en vue de la mise en
cuvre pratique de nos axes d'amélioration. Car, n'est-il pas
indéniable qu'une lutte efficace contre le blanchiment d'argent a
l'échelle du système économique et financier de la COte
d'Ivoire pourrait avoir un impact positif sur les efforts consentis en Afrique
et dans le monde?
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