La lutte contre le blanchiment d'argent dans le système économique et financier en Afrique: analyse critique des procédures existantes et propositions d'axes d'améliorations( Télécharger le fichier original )par Jean- Yves ANGRA Institut national polytechnique de Yamoussoukro - BAC+5 en finances- comptabilité 2009 |
Chapitre 5: Les strategies de lutte contre le blanchiment d'argent en AfriqueNotre étude a pour but de contribuer à l'amélioration de la lutte contre le blanchiment d'argent dans le système économique et financier de l'Afrique. Aussi, nous estimons primordial de présenter d'une part la nécessité d'une telle lutte, et d'autre part les initiatives déjà réalisées en Afrique dans ce domaine. V-1: La nécessité de la lutte en Afrique Selon le GAFI, en Afrique, << l'un des principaux éléments susceptibles de favoriser le blanchiment réside dans le très fort besoin en investissements extérieurs, ce qui peut conduire à ne pas porter une attention suffisante à l'origine des capitaux investis >. Dès lors, deux constats principaux font qu'il est nécessaire de mener une lutte efficace contre le blanchiment d'argent en Afrique .Il s'agit, d'une part, du volume des sommes d'argent blanchies dans le continent. D'autre part, il s'agit des effets que de telles transactions peuvent avoir sur la stabilité des économies en voie de développement des pays africains. V-1-1:Le volume des sommes d'argent blanchies en AfriqueDans un article paru dans la Tribune 18 en date du 03 Février 2009, deux chercheurs de l'université canadienne de Massachusetts Amherst, Leonce Ndikumana et James Boyce ont mené une étude qui évalue à 420 milliards de dollars le montant des capitaux qui ont été sortis de l'Afrique entre 1970 et 2004 à destination des paradis fiscaux (cf. annexe III pour la liste des paradis fiscaux au 02 avril 2009). La même étude estime que compte tenu des intérêts générés, plus de 600 milliards de dollars dorment sur des comptes étrangers. Toujours selon la Tribune, ce chiffre est supérieur à la dette du continent africain qui s'élevait en 2004 à 398 milliards de dollars. Le même article précise que pour les pays comme, l'Angola, le Nigéria, la COte d'Ivoire, les sommes détournées représenteraient plus de quatre fois leurs dettes extérieures. Selon Global Financial Integrity19, l'ensemble des flux provenant illicitement des pays en voie de développement englobe des revenus générés par la corruption, les détournements de fonds publics, les revenus des activités criminelles et surtout les manipulations de prix concernant les importations et les exportations. Cette dernière méthode serait devenue la plus prisée des délinquants financiers pour sortir les capitaux 18 Il s'agit d'un quotidien francais d'actualité économique. Les informations obtenues sont issues de son site officiel : www.latribune.fr (taper "blanchiment d'argent en Afrique" dans la barre de recherche). 19 Le Global Financial Integrity (GFI) est un programme américain d'aide a la lutte contre la prolifération de l'argent acquis illicitement dans les systèmes financiers. Ce programme est une initiative du « Center of International Policy . Il a été lancé Septembre 2006. Le GFI encourage les politiques nationales et multilatérales a élaborer des accords visant a restreindre la circulation transfrontalière de l'argent. Source: www.gfip.org (taper « a propos de GFI ). des pays africains, en augmentant artificiellement les prix des importations ou, au contraire, en bradant les prix des produits exportés qui sont produits localement. En guise d'exemple, selon le même article, un universitaire du Pensylvania University a montré que le Ghana avait importé des Etats Unis d'Amérique des pneus de voiture a 3.360 dollars pièces ( 1dollar US valait 10.000 Cidi a l'époque) et exporté des diamants bruts a 35 dollars le carat alors que le prix international était alors de 1.360 dollars ( soit - 38 fois le prix de marché).Selon cette même étude ces différentes opérations ont permis de sortir du Ghana près de 830 millions de dollars sur la période 1996 - 2005 (soit 8300 milliards de Cidi). L'article précise aussi que l'ensemble des pertes liées a la surévaluation des importations des USA par les pays africains avoisinerait 14, 6 milliards de dollars. De même, les pertes liées a la sous-évaluation des exportations vers les USA seraient de l'ordre de 16, 5 milliards de dollars. Pour finir, Global Financial Integrity estime qu'entre 850 et 1000 milliards de dollars ont été illégalement sortis des pays en voie de développement entre 2004 et 2006, dont 50 % seraient orientés vers l'Asie. On percoit donc assez aisément l'importance des fonds blanchis en Afrique. Mais, qu'en est-il de l'impact de ce type d'opérations sur nos économies? |
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