V-1-2: Les effets du blanchiment d'argent sur les economies
africaines
Les opérations de blanchiment, si elles se
développaient au sein des pays africains, risqueraient de mettre en
cause la stabilité des économies. En particulier, l'utilisation
des institutions financières pour le blanchiment d'activités
criminelles est de nature a compromettre gravement la solidité et la
stabilité du système financier.
En effet, lorsqu'une institution financière est
utilisée involontairement par des éléments criminels ou
des terroristes, cette dernière risque de compromettre sa
réputation. Si des membres de son personnel complotent avec des
éléments criminels pour blanchir des fonds ou financer des
terroristes, les dégats peuvent être bien plus
élevés. Ceux qui traitent avec une institution dont on
découvre qu'elle blanchit de l'argent peuvent aussi voir leur
réputation salie et lorsqu'une place financière est largement
percue comme étant vulnérable au blanchiment d'argent, d'autres
opérateurs se garderont d'y investir.
Le danger le plus sérieux apparaIt lorsque des
institutions financières importantes sont contrOlées par des
blanchisseurs d'argent, car dans ce cas l'intégrité et les
opérations de l'ensemble du système financier peuvent être
compromises.
Pour certains pays, l'impact économique et financier
pourrait être notable. Une fois l'intégrité d'une
institution ou d'une place financière remise en question, sa
viabilité a long terme est en jeu, avec des conséquences
économiques néfastes. Par ailleurs, si le système
financier n'est pas suffisamment intègre, les décisions
concernant l'affectation
des ressources sont faussées et l'investissement est
mal orienté, ce qui pèse sur la croissance économique.
Cela est d'autant plus vrai que, combattre le blanchiment des capitaux est
même devenu une des conditionnalités des organismes internationaux
(Institutions de Bretton Woods, FMI, etc....) pour les pays qui veulent obtenir
des prêts ou des financements.
En outre, a cOté du << caractère
économique >> des méfaits du blanchiment d'argent sur les
économies africaines, il est important de ne pas négliger l'
<<aspect sociopolitique >>. Car, le blanchiment d'argent constitue
un sérieux catalyseur de corruption étatique. Prenons le cas d'un
Etat dont l'administration publique est corrompue. Cela veut donc dire que les
agents de cette administration percoivent constamment des pots de vins dont
l'importance des montants est fonction des types de services rendus.
Une fois que les pots-de-vin ont été verses, au
moyen de mécanismes financiers ayant permis de sortir de l'argent des
comptes publics des entreprises, et d'en constituer le caractère
occulte, les destinataires ont besoin de réintroduire ces montants dans
les circuits financiers officiels. L'objectif de cette mancuvre est bien sfir
de pouvoir en bénéficier de facon << légitime
>> et surtout sans attirer les soupcons des enquêteurs. Dans cette
optique, si cet Etat est vulnérable aux pratiques de blanchiment
d'argent, il favorise l'activité illicite des capitaux issus de la
corruption. Il s'expose donc a la prolifération de la corruption au sein
de son pays. Or la corruption, plus encore qu'un "cancer" économique,
est un "cancer" politique. En effet, quand elle touche les plus hautes
sphères de l'Etat, la corruption décrédibilise
l'autorité publique de ceux qui sont en charge de la destinée
d'un pays et, brisant les relations de confiance entre les citoyens et leurs
institutions, sape les fondements même de la société. La
corruption ouvre alors la porte a l'instabilité politique, aux tensions
sociales, aux rivalités ethniques jusqu'aux guerres civiles. En Afrique,
la corruption politique est d'autant plus destructrice qu'elle frappe des pays
aux structures administratives peu aguerries, aux ressources limitées et
aux équilibres économiques fragiles. Il ressort donc de ce qui
précède que le blanchiment de capitaux, en plus de
déstabiliser les économies africaines, pourrait ternir leurs
réputations auprès des partenaires financiers internationaux. Ces
derniers se garderaient donc, dans ce cas, d'investir dans des pays
jugés << financièrement risqués >> ou <<
vulnérables >>. Toute chose qui, a la longue, ne favoriserait pas
les efforts de réduction de la pauvreté dans ces pays pauvres.
Les Etats africains ne sont pourtant pas restés
indifférents face au danger que le blanchiment d'argent fait peser
sur la stabilité des systèmes économiques et financiers
africains. Il conviendrait donc, dans ce cas, de
s'intéresser aux initiatives et structures mises en place pour lutter
contre le blanchiment de capitaux en Afrique.
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