Chapitre V : Le cimetière de Mindoubé :
théâtre des profanations des tombes
Section 1 : Historique, localisation
géographique et description du cimetière de Mindoubé
1. Localisation et description du site Carte n°1
: Localisation géographique du cimetière de
Mindoubé
On commencera d'abord par rappeler que le cimetière est
situé dans le quartier Mindoubé, où il fait face à
la décharge centrale d'ordures de Libreville. Pour plus de
précisions, la première carte a ce souci de nous présenter
autant que possible le cimetière de Mindoubé. Mieux, nous avons
un aperçu de l'urbanisation de la ville de Libreville. Cette carte a
été
tirée sur satellite et réalisée par
monsieur Parfait NDONG-ONDO du LAGRAC de l'U.O.B en mars 2008, d'après
ING/libreville. Nous avons tenté une autre représentation de
notre carte ainsi qu'il suit :
Carte n°2 : Localisation géographique du
cimetière de Mindoubé
Après la localisation géographique du site, une
description211 de celui-ci s'impose. Par exemple, l'accès au
site se fait par voie terrestre non goudronnée, praticable
véritablement qu'en saison sèche ; les hautes herbes aussi bien
à l'intérieur qu'à l'extérieur du site sont
visibles depuis la route, ce qui fait qu'on ne puisse plus retrouver les tombes
de nos disparus. A cela, s'ajoute une forte concentration de débits de
boisson à
211 Description que nous avons effectuée en
année de Licence le 26 mars 2007 dans le cadre du mois de terrain. Une
seconde visite en février 2008 a été faite pour voir les
éventuels changements après la fête de Toussaint de 2007
mais rien n'a été fait. Le site est resté dans les
mêmes conditions telles que décrites lors de notre premier
passage.
proximité du cimetière. On note aussi que les
constructions anarchiques d'habitations et la présence de tas
d'immondices et des dépôts de ferrail.
A ce propos, nous proposons quelques photos pour
présenter la description du cimetière de Mindoubé tel
qu'il a été photographié lors de notre passage.
Photo n°7 : «Le portail principal du
cimetière »
Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY,
cimetière de Mindoubé, mars 2007
La photo n°7 nous présente, comme son titre
l'indique, une vue de l'entrée principale du cimetière. Au
premier plan de la photo, nous apercevons le portail amorti par le poids de
l'âge, il est rouillé, et se ferme à l'aide d'une vieille
chaîne et d'un cadenas. Ensuite, on voit bien sur cette photo que la
route qui nous conduit au cimetière de Mindoubé est, comme nous
l'avons dit plus haut, une route secondaire, praticable qu'en saison
sèche. S'ajoute aussi les hautes herbes que nous évoquions
déjà. Au second plan, nous voyons que le site est envahi des
hautes herbes mais aussi d'arbres fruitiers tels les manguiers ou d'arbres
à noix : des palmiers. C'est à peine si on peut apercevoir au
loin quelques stèles visibles par leurs couleurs blanches. Enfin, la
clôture qui existe mesure près de 1 m 70 et ne peut pas dissuader
les profanateurs.
Photo n°8 : «Une tombe immergée dans
les huiles de vidange »
Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY,
cimetière de Mindoubé, mars 2007
Mindoubé n'est pas seulement victime que des
profanations des tombes. On peut aussi parler d'un autre type de profanation
orchestrée par les garagistes des alentours avec les huiles moteurs qui
se déversent sur le cimetière. Formant au passage un petit
ruisseau et noyant du même coup d'abord les quelques tombes encore
visibles mais méconnaissables pour les parents ; ensuite, et à la
longue, va faire tomber la barrière qui tient encore le coup. Au second
plan, on peut aussi apercevoir les hautes herbes qui ont occupé l'espace
et empêchant aussi la reconnaissance des tombes à cet endroit. Les
autorités de l'Hôtel de Ville sont pourtant au courant de la
situation actuelle du site mais restent silencieuses.
La photo qui va suivre reste dans le même d'idée de
la conséquence des huiles de moteur sur le site de Mindoubé.
Photo n°9 : « Le travail des huiles de
vidange »
Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY,
cimetière de Mindoubé, mars 2007
Nous nous trouvons sur la partie du site qui fait directement
face à la décharge de Mindoubé. C'est certainement la
partie qui subit le plus l'insalubrité dans le coin. On peut constater
que la barrière est détruite certainement sous l'action des eaux
usées mélangées aux huiles de vidanges qui stagnent et,
par la suite, ont fait que la barrière ne résiste pas. On peut
aussi se poser la question de savoir quel sort est réservé
à cette sépulture d'ici deux ans, subira t-elle le même
sort que cette barrière ? Et toujours la présence des hautes
herbes, rendant inaccessible cette partie du cimetière aux parents des
défunts pour d'éventuels moments de désherbage.
Photo n°10 : «La face cachée d'une
tombe »
Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY,
cimetière de Mindoubé, mars 2007
Tout comme la photo n°8 «une tombe
immergée dans les huiles de vidange », il s'agit d'une bonne
dizaine de tombes qui sont dans l'immersion des huiles de vidange. Cette
situation nous permet de voir à quel point le site demeure dans
l'insalubrité ; en témoigne les pneus de voitures et la
barrière qui est pratiquement prête à s'écrouler.
Photo n°11 : « La formation d'un ruisseau
»
Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY,
cimetière de Mindoubé, mars 2007
Comme la photo n°10, celle-ci mais en avant les dangers
que ces eaux et ces huiles de vidange stagnantes, en arrière plan,
représentent pour le site de Mindoubé. A la longue, si cette
situation perdure, on va assister progressivement à la formation d'un
lac qui va couper la route. Le premier plan, c'est toujours la situation des
ordures qui se déversent sur le cimetière.
Photo n°12 : « Le dépôt de
ferrail »
Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY,
cimetière de Mindoubé, mars 2007
A Mindoubé, nous avons découvert qu'il y a avait
l'existence d'un tout autre marché : celui du fer, comme nous pouvons le
voir ici sur le premier plan. Les ouvriers que nous avons rencontrés sur
les lieux nous ont fait comprendre que c'est un nouveau type de marché,
qui rapporte des millions de francs quand on sait avec qui réexploiter
le fer. En effet, « les chinois, les japonais sont les premiers
consommateurs de ce type de produit »212, Mindoubé
est l'endroit rêvé pour exploiter le fer, loin et à l'abri
d'autres concurrents et surtout des agents de l'environnement. Enfin, au second
plan, on peut voir le poteau d'électrification qui est là mais ne
fonctionne pas.
212 Extrait des propos d'un ouvrier sur le site en plein
travail.
Photo n°13 : « L'insalubrité
»
Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY,
cimetière de Mindoubé, mars 2007
La question de l'insalubrité est aussi mise en cause
quant l'entretien du site. Encore quelques mois et ces ordures vont occuper une
place importante dans le cimetière. On peut constater que parmi les
ordures, il y a des bidons, des parapluies, et tout genre de détritus.
Les déchets que nous voyons présentement proviennent directement
de la décharge de Mindoubé, et parce que celle-ci fait face au
cimetière ; les ordures se déversent également sur ce
dernier.
Photo n°14 : « L'un des poteaux
électriques existant »
Source : Lionel Cédrick IKOGOU-RENAMY,
cimetière de Mindoubé, mars 2007
Au premier plan, on voit l'état de la route mais
surtout, les ordures recyclées par les femmes que nous avons
rencontré sur le terrain. En effet, elles vont récupérer
les ordures dans la décharge, pour venir les trier, les laver et les
laisser sécher sur la barrière du cimetière. Par la suite,
grâce aux sacs de farine, elles les emballent pour aller les vendre soit
à la Gare routière de Libreville ou au marché de la
Peyrie. Il faut dire que c'est tout un nouveau marché de la mort qui est
re-introduit dans le circuit du marché économique. Ce poteau
électrique témoigne de la volonté de mettre de la
lumière dans le coin sauf que depuis vingt ans, le cimetière est
dans l'obscurité. Ces femmes recyclent les ordures pour les vendre
à la Gare routière ; elles vendent des bouteilles plastiques, des
cannettes, et autres détritus susceptibles de rapporter un peu
d'argent.
Après avoir traité de la question de la
localisation géographique du cimetière et de sa description,
venons-en à présent à la question de l'historique du
cimetière proprement dit.
2. Historique du cimetière de Mindoubé
Lors d'une séance de travail avec monsieur Toussaint
ELLANGMANE213, conseiller du D.G.S.T la Mairie de Libreville, il
ressort que le cimetière de Mindoubé a été
créé en 1950 et a été fermé vers 1980 pour
cause de difficulté d'accès dû essentiellement à la
route impraticable. « Cela n'a pas nécessité la mise en
place de textes juridiques car on avait estimé qu'il fallait de
véritables travaux d'aménagements pour que les enterrements se
passent dans les conditions les meilleures ».214
Puis, à l'époque du maire DAMAS, 1996 voit la
réouverture du site. « Je précise ici que
Mindoubé n'est pas totalement saturé, il reste encore de
l'espace. On pense à le réhabiliter sérieusement. Cela va
nécessiter des moyens humains et financiers importants car il s'agit du
désherbage, l'électrification, l'adduction de l'eau,la
réhabilitation de la maison du gardien dans le site car elle a
brûlé lors d'un incendie dû à la forte chaleur qui y
prévaut. Il faudra aussi refaire toute la clôture qui est
aujourd'hui quasi-existante. Tout cela nécessite, comme je l'ai dis
tantôt, des moyens financiers et humains importants. J'ai soumis à
cet effet le dossier à ma hiérarchie depuis 9 mois, on m'a
affirmé que c'est en étude. Alors je continue à conjuguer
le verbe attendre ».215
Au sortir de cette séance de travail, on peut retenir
en fin de compte qu'il y a comme une volonté manifeste qui se
dégage de ne pas réhabiliter le site de Mindoubé. Cela
prouverait à suffisance que la D.G.S.T tire profit des profanations des
tombes, vu qu'elle a été la première à être
informée de ce phénomène par le gardien du
cimetière. D'où, le pouvoir se nourrit bien de la mort.
213 Séance de travail du 30 mars 2007 à la D.G.S.T
sise dans les locaux de la Mairie de Libreville.
214 Propos de monsieur Toussaint ELLANGMANE.
215 Propos de monsieur Toussaint ELLANGMANE.
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