Le corrélatif unique le plus important de la survie de
l'enfant n'est pas comme on pourrait s'y attendre : l'aisance financière
de la famille ou des installations médicales accessibles, mais bien le
niveau d'instruction de la mère.
En Algérie le taux brut de natalité en 1996 est
de 22.9 pour mille, c'est à dire 22.9 naissances pour 1000 habitants,
par contre la mortalité infantile est estimée, par les
professionnels de la santé, à 65 morts pour 1000 naissances, soit
6,5%. C'est énorme pour un pays qui a investi des milliards de dinars
pour maintenir une matrice appréciable conforme aux normes
internationales. 76% de femmes accouchent en milieu assisté, 215 femmes
meurent en couche en moyenne pour 100.000 grossesses en 1996.
Ces chiffres reflètent la politique de la santé
menée par les spécialistes, ceci nous oblige à
reconnaître les efforts qui ont été consentis dans les
années fastes.
Mais aujourd'hui la question qu'on devra poser est combien de
temps encore l'Etat pourra t-il contenir cette masse de femmes
analphabètes, en âge de procréer dans le futur et qui
représente 56.9% entre (15 et 49 ans) et, qui heureusement, utilise un
moyen contraceptif ? Quelle sera la stratégie à adopter pour
mettre fin à l'analphabétisme et, de là, diminuer le taux
de mortalité maternelle et infantile ?
A mesure que la société traditionnelle devient
une société de transition au sein de laquelle une population
éduquée fait son apparition, une différence se marque dans
la façon dont les membres de la communauté adhérent au
rôle traditionnel selon qu'ils ont fréquenté l'école
ou non.
La scolarisation de la femme en Algérie a eu des
répercussions profondes, elle a modifié non seulement le
comportement des personnes qui ont reçu une instruction mais aussi les
attitudes des autres envers elle.
Une femme qui fréquente l'école est plus apte
à s'élever contre les prétentions de sa belle-mère,
laquelle elle même, en pareil cas est beaucoup moins portée
à insister. La jeune femme oppose la sagesse de l'école et la
sagesse des anciens. Elle cherche d'avantage à communiquer avec son mari
est celui-ci risque moins de décourager ses efforts.
Enfin de compte, il peut même se faire que la famille
évolue de façon à se recentrer autour de l'enfant, avec
tout ce que cette évolution signifie pour l'abaissement de la
mortalité infantile et l'évolution des performances scolaires et
sa réussite dans la vie future. Une plus grande part des ressources
familiales étant consacrées à l'enfant, celui-ci n'aura
plus à travailler durement et sera de ce fait exposé à
moins de risques et mènera une vie plus saine.